Robin
s’ouvrit, et du bâtiment en flammes
s’échappa en courant un jeune garçon de six ou sept étés.
L’un des marchogi se mit à crier,
et un autre soldat ffreinc apparut de l’autre côté de la maison, une épée dans
une main et la laisse d’un énorme chien de chasse dans l’autre. Leur
chef – un chevalier affublé d’un casque en acier arrondi et d’une longue
côte de mailles. Voyant le garçon s’échapper dans la cour, il lui cria de
s’arrêter. Comme l’enfant se refusait à obéir, il lâcha le chien.
S’élançant à une vitesse
stupéfiante, la bête bavante et grondante eut tôt fait de rattraper le garçon,
qu’il égalait en taille. La mère se mit à hurler.
Le chien bondit, et l’enfant
terrifié trébucha. Bran tira sa flèche au même instant.
Le projectile fendit l’air en
direction de sa cible, et s’enfonça dans le cou élancé du chien au moment même
où la mâchoire de la bête allait s’attaquer à la gorge sans défense de
l’enfant. Le chien se recroquevilla et roula sur le côté, ses dents toujours
grinçantes, ses pattes avant ratissant l’air.
Tandis que le garçon se relevait en
gémissant, les soldats ffreincs parcoururent du regard les collines
environnantes pour trouver l’origine de cette flèche inopinée. Le chevalier qui
avait lâché le chien fut le premier à repérer Bran tapi sur la colline
au-dessus de l’habitation. Il cria un ordre à l’intention de ses marchogi en
montrant le coteau de son épée.
Il se tenait encore dans cette
posture lorsqu’une flèche – telle une étrange fleur emplumée – poussa
en plein milieu de son estomac.
L’épée tomba aussitôt au sol, et le
chevalier s’écroula à genoux en empoignant la hampe de la flèche, rugissant de
douleur et d’indignation. Les deux soldats qui se tenaient devant le fermier
mort réagirent aussitôt. L’épée brandie, ils chargèrent à travers la cour en
direction de la colline.
Avec un calme surnaturel, Bran
encocha une nouvelle flèche, prit son temps pour bander son arc, et visa. Le
projectile siffla jusqu’à sa cible. La puissance du coup fit tournoyer le
premier guerrier sur lui-même. Le second courut encore quelques pas, puis fit
brusquement halte en se crispant de tout son long, cueilli par la fine hampe de
chêne enfoncée dans son torse.
Ensuite, Bran s’intéressa au deux
marchogi qui tenaient la femme. Aucun d’eux ne luttait plus à présent. Tous
trois écarquillaient leurs yeux interdits devant l’archer solitaire accroupi
sur le flanc de la colline.
Le temps que Bran encoche une
nouvelle flèche et ajuste sa visée, les deux guerriers avaient relâché la femme
et couraient en direction des chevaux. L’un des marchogi eut la présence
d’esprit d’essayer de prévenir toute poursuite ; il rassembla les rênes
des chevaux sans cavalier, sauta sur sa selle et s’enfuit au galop du lieu du
massacre.
Bran se hâta de descendre jusqu’à
la cour, marquant un temps d’arrêt au pied de la colline pour lâcher une autre
flèche sur le plus proche des deux cavaliers en fuite. Le projectile vola droit
sur sa cible, grésillant dans l’air jusqu’à ce que sa tête de métal acérée
s’enfonce entre les épaules du guerrier ffreinc, qui se cambra et étendit ses
bras comme pour étreindre le ciel. Le cheval au galop ralentit aussitôt
l’allure ; le soldat s’effondra sur le côté et chuta lourdement sur le
sol.
L’ultime flèche de Bran vola tel un
éclair sur le dernier soldat alors qu’il atteignait la petite éminence située
de l’autre côté de la cour. Le cavalier fit une embardée à l’instant même où le
projectile parvenait à sa hauteur ; la flèche alla se perdre dans les
hautes herbes. Le guerrier s’enfuit sans même se retourner.
Bran courut jusqu’à la femme à
présent agenouillée, qui étreignait son fils gémissant. « Vous devez
partir d’ici ! lui dit-il sur un ton que l’urgence rendait brutal. Ils
risquent de revenir en force. » La femme se contenta de le dévisager.
« Partez ! insista-t-il. Vous avez compris ? »
Elle hocha la tête et, son fils
toujours serré contre elle, tourna son regard plein de larmes vers la cour, où
gisait son mari. La voyant faire, Bran se radoucit. Il lui accorda un instant,
puis la prit doucement par l’épaule et la fit pivoter. « Ils vont revenir,
dit-il plus doucement. Vous devez vous enfuir tant qu’il en est encore temps.
— Je n’ai nulle part
Weitere Kostenlose Bücher