Robin
l’infortuné animal vint se planter sur le fer.
Dans un cri d’agonie, il poursuivit sa course encore quelques mètres, le temps
de se retrouver empêtré dans les broussailles et de s’y effondrer comme une
masse en battant violemment l’air de ses pattes. Projeté en l’air par-dessus
l’encolure de sa monture, le cavalier retomba à quatre pattes, presque assommé.
Bran se précipita sur lui, arracha le couteau de sa ceinture et, avec un cri
digne d’un banshee, plongea la lame dans la partie exposée de son cou, entre
son casque et sa côte de mailles. Le temps que le chevalier s’agenouille en
agrippant la lame, Bran avait déjà rejoint le couvert des arbres.
Au bout de quelques pas, la piste
principale se divisait en plusieurs sentiers plus petits qui se déployaient
dans l’enchevêtrement d’arbres et de broussailles. Bran choisit celui qui
passait entre deux arbres très proches l’un de l’autre – ils formaient un
interstice assez large pour le laisser passer, mais suffisamment étroit pour
gêner un cavalier. Il s’y était déjà engagé quand le second chevalier ffreinc
atteignit les lieux.
Bran entendit un cri de frustration
derrière lui, ainsi qu’un hennissement de douleur. En se retournant, il vit que
le cheval s’était pris dans les branches d’un fourré de ronciers bas. Le
guerrier lui-même avait du mal à s’en extirper. Bran débrida son arc, secoua le
faisceau pour en faire tomber les flèches et en saisit une. Il banda son arc,
visa et tira. Le projectile fila à travers les arbres pour atteindre la
poitrine du cavalier, juste en dessous de la clavicule. La puissance de
l’impact projeta en arrière le guerrier, qui parvint néanmoins à rester sur sa
selle. Bran lui décocha une seconde flèche, qui passa à un cheveu de sa cible.
Il ne lui restait que deux flèches.
Bran se baissa pour en prendre une ; alors qu’il se redressait, il
entrevit un mouvement confus du coin de l’œil.
La lance fendit l’air. Bran tenta
de se jeter de côté, mais le projectile de frêne avait été lancé d’une main
experte et sa pointe d’acier le cueillit en plein mouvement, s’enfonçant dans
le haut de son épaule droite. La force du tir le souleva de terre.
Bran tomba lourdement et entendit
quelque chose se briser sous lui. Il avait atterri sur les flèches, brisant
l’une des fines hampes dans sa chute. Haletant, il roula sur le côté, ce qui
eut pour effet de libérer la lance.
L’épée brandie, le cavalier suivit
de près son projectile, prêt à décoller la tête de Bran de ses épaules. Le
jeune homme s’accroupit sur le sentier pour ramasser son arc et la dernière
flèche, qu’il encocha en même temps qu’il bandait son arme.
Une douleur atroce explosa alors
dans son épaule. Bran se mit à haleter bruyamment, son corps convulsa et ses
doigts relâchèrent leur prise sur la corde. La flèche partit se perdre dans les
fourrés. Il laissa tomber l’arc, ramassa la lance ffreinc qui l’avait blessé et
s’enfonça plus profondément dans les bois, trébuchant à chaque pas.
Les cris vulgaires de ses
assaillants se firent plus sonores et plus pressants ; ils organisaient la
chasse. Les branches étaient à présent trop proches, trop emmêlées, le sentier trop
étroit pour permettre une poursuite à cheval. Bran devina qu’ils mettaient pied
à terre.
Tirant profit de ce moment
d’inattention, il quitta le sentier et s’enfonça dans les broussailles. Aussi
silencieusement que possible, il se faufila entre les rangs serrés de jeunes
noisetiers élancés et de hêtres, escalada tant bien que mal les troncs morts
d’antiques ormes, jusqu’à tomber sur un nouveau chemin plus large.
Il marqua un temps d’arrêt pour
écouter.
Les voix de ses poursuivants
s’élevaient du sentier qu’il avait laissé derrière lui. Bientôt, ils se
rendraient compte que leur gibier leur avait faussé compagnie ; ils se
disperseraient alors et entameraient des recherches plus méticuleuses.
Le jeune homme posa une main sur sa
blessure et entreprit de l’explorer. Une douleur terrible irradiait dans son
épaule, et un filet de sang visqueux s’écoulait dans son dos. Il allait devoir
trouver un quelconque bandage avant que l’un de ses poursuivants ne voie le
sang et ne s’en serve pour le traquer. Par chance, se dit-il avec une
satisfaction sinistre, les marchogi n’avaient plus de chien avec eux.
Comme en réponse à sa pensée, lui
parvint un son
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