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Robin

Robin

Titel: Robin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen R. Lawhead
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étendu dans son lit, perclus de douleur, la peau rougie de fièvre, à
peine capable de garder les yeux ouverts. Mais il écouta cette voix
incomparable. Une fois encore la grotte disparut et il se retrouva dans
l’Antique Royaume, là où les histoires d’Angharad prenaient vie. Cette nuit-là,
elle lui chanta pour la première fois la légende du Roi Corbeau.

CHAPITRE 21
    Angharad s’installa à côté de Bran
sur son tabouret à trois pieds. Elle pinça une corde de sa harpe et la fit
taire du plat de la main. Après avoir fermé les yeux, elle pencha sa tête de
côté comme pour écouter une voix qu’il ne pouvait entendre. Le jeune homme
regarda sur le mur de la caverne son ombre vacillante placer délicatement
l’instrument contre sa poitrine. Puis elle caressa la corde la plus
grave – libérant doucement une note riche et sonore dans le silence de la
grotte.
    Angharad commença à chanter –
un faible chuchotement tout d’abord, qui acquit progressivement de la force
pour se transformer en une plainte inarticulée au fond de sa gorge. La note
vibra plus vite, et la plainte devint cri. Le cri devint mot, et le mot un
nom : Rhi Bran.
    Les poils des bras de Bran se
dressèrent aussitôt.
    Encore et encore, Angharad invoqua
ce nom. Bran sentait son cœur s’emballer. Rhi Bran. Le Roi Corbeau, son propre
nom et son titre légitime, mais éclairé d’une lumière nouvelle, violente,
presque effrayante.
    Les doigts d’Angharad formèrent une
mélodie sur la harpe, sa voix s’éleva à sa rencontre, et l’histoire du Roi
Corbeau débuta. Voici ce qu’elle chanta :
     
    Dans les Temps Anciens, quand la
rosée de la Création était encore fraîche sur le sol, Bran Bendigedig s’éveilla
dans ce royaume des mondes. Beau garçon, il grandit pour devenir un plus bel
homme encore, célèbre parmi son peuple pour son courage et son mérite. Ce
dernier était tel que seule sa vertu l’excédait, elle-même seulement dépassée
par sa sagesse, que seule son honnêteté surpassait. On l’appelait Bran le Béni,
et nul ne doutait en le voyant que s’il fût un homme ayant reçu du
Tout-Puissant abondance de bénédictions, c’était bien lui. Il jouissait de tout
ce qu’il lui fallait pour mener une vie de joie absolue, à l’exception d’une
chose. Une seule grâce lui manquait, le contentement.
    Le cœur de Bran Bendigedig était
troublé, toujours en quête, jamais satisfait – car si ce qui l’aurait
comblé était commun, cela lui restait plus complètement caché qu’une unique
goutte d’eau dans tous les océans du monde. Et cette sensation de manque
grandit au point de devenir un feu intérieur qui brûlait ses os et remplissait
sa bouche d’un goût de cendres.
    Un jour, lorsqu’il ne fut plus
capable de supporter plus longtemps cette insatisfaction, il enfila ses
meilleures bottes, fit ses adieux à ses parents et se mit en marche. « Je
n’arrêterai pas de marcher avant d’avoir trouvé la chose qui apaisera mon cœur
troublé et cette faim dans mon âme. »
    Ainsi entreprit-il un voyage à
travers contrées, royaumes et empires de toutes sortes. Au terme de sept
années, il atteignit un lointain rivage. Une étroite mer le séparait de la plus
belle île que quiconque, lui compris, eût jamais vue. Ses falaises blanches
rougeoyaient dans la lumière mourante du soleil comme un mur de pâle or fin et
des alouettes chantaient dans l’air doux du soir en s’élevant loin au-dessus
des vertes collines. Bran ne voulait rien d’autre qu’aller sans attendre sur
cette île, mais la nuit tombait et il se savait incapable d’atteindre la
lointaine rive à temps. Aussi s’installa-t-il sur la grève pour y passer la
nuit, décidé à traverser l’étendue d’eau aux premières lueurs du jour.
    Incapable de dormir, il resta
étendu sur la plage la nuit durant, à écouter le clapotis des vagues sur les
galets, le cœur prêt à éclater d’impatience. Il se leva à l’aube, et contempla
l’île aux mille splendeurs qui se trouvait devant lui au milieu de la mer
argentée. Puis, comme le soleil levant frappait les blanches falaises, les
embrasant d’une lumière éblouissante, Bran se mit en route. S’étirant de toute
sa hauteur, il grandit jusqu’à ce que sa tête effleure les nuages, après quoi
il s’engagea dans la mer étroite, qui atteignait à peine le nœud de sa
ceinture. Il rejoignit l’autre rivage en neuf grandes enjambées, émergeant de
l’eau à sa

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