Robin
sursis jusqu’à la fin des semailles. Ils vous en sauront gré,
et vous aurez fait preuve d’équité et de bonne foi.
— Dieu m’en garde* ! Différer la construction ? Certainement pas ! » s’écria Falkes.
Il fit quelques pas rapides puis se retourna vers l’évêque.
« Suffit ! Je vous donne un jour de plus pour avertir vos gens et
réunir les travailleurs demandés – les deux hommes les plus forts de
chaque famille ou ferme. Qu’ils se regroupent à votre monastère pour être
répartis entre les différents sites de construction. » Foudroyant du regard
l’ecclésiastique renfrogné, il ajouta : « Me suis-je bien fait
comprendre ?
— Parfaitement, répondit
l’évêque d’un ton mal assuré. Mais s’ils refusent de venir ? Je ne peux
que relayer vos exigences, je ne suis pas leur seigneur…
— Moi si ! l’interrompit
Falkes. Et le vôtre, par la même occasion. » L’évêque restant coi, il
poursuivit : « S’ils refusent d’obtempérer, nous les punirons.
— Je le leur dirai.
— Veillez-y bien. » Sur
ce, Falkes congédia l’homme d’église. Alors qu’Asaph s’approchait de la porte,
le comte lança : « Je serai dans la cour du monastère demain à
l’aube. Les travailleurs m’y attendront. »
L’évêque hocha la tête, puis partit
sans ajouter un mot. Dès son arrivée au monastère, il ordonna au portier de
sonner les cloches et de convoquer les moines, qui se mirent rapidement en
route pour porter les injonctions du comte aux quatre coins du cantref.
Quand de Braose et ses hommes
arrivèrent au monastère le lendemain matin, ils trouvèrent la cour presque
vide. Quinze Cymry revêches et quatre garçons querelleurs se tenaient près de
leur évêque. Le comte passa les portes, jeta un œil à la troupe clairsemée et
s’écria : « Quoi ? C’est tout ? Où sont les autres ?
— Il n’y en a pas d’autres,
répondit Asaph.
— J’ai distinctement dit deux par ferme, se plaignit le comte. Je pensais avoir été clair.
— Certaines des propriétés
sont si petites qu’elles n’ont pu envoyer qu’un seul homme », expliqua
l’évêque. Il désigna le rassemblement maussade et ajouta : « Il y a
là un représentant de chaque ferme de l’Elfael. » Après avoir dévisagé les
visages mécontents autour de lui, il demanda au comte : « Vous
pensiez qu’il y en aurait davantage ?
— Il m’en faut davantage !
rugit Falkes de Braose. Les travaux prennent déjà du retard à cause du manque
de travailleurs. Ce n’est pas suffisant.
— Peut-être pas, mais j’ai
fait ce que vous m’avez ordonné de faire.
— Il nous en faut plus.
— Alors peut-être auriez-vous
dû envahir un cantref plus peuplé.
— Ne vous moquez pas de moi,
gronda le comte avant de rejoindre son cheval. Trouvez-moi davantage de
travailleurs. Ramenez-les ici. Ramenez tout le monde ici, y compris les femmes.
Ramenez-les tous. Je les veux ici demain matin.
— Mon seigneur, fit l’évêque,
je vous supplie de reconsidérer la question. Le labour sera bientôt fini. C’est
leur préoccupation principale, car il ne peut attendre.
— Ma ville ne peut
attendre ! » éructa Falkes. Une fois en selle, il ajouta :
« Je ne laisserai pas vos semblables me commander. Que cinquante
travailleurs m’attendent ici demain matin, ou une de vos fermes brûlera.
— Comte de Braose ! cria
l’évêque. Vous ne pensez certainement pas ce que vous dites.
— Bien au contraire. Je me
suis montré trop indulgent avec votre peuple, mais le temps de la clémence est
révolu.
— Mais vous devez
reconsidérer…
— Devez ? Devez ? ricana le comte en rapprochant son cheval de l’ecclésiastique, qui se
recroquevilla. Qui êtes-vous pour me dire ce que je dois ou ne dois
pas faire ? Cinquante, ou une propriété brûlera. »
Sur ce, de Braose poussa son
cheval. Alors que les Ffreincs s’approchaient des portes, un des garçons
ramassa une pierre et la lança droit sur le comte, qu’elle atteignit au milieu
du dos. Falkes fit rageusement volte-face, mais s’avéra incapable de repérer le
coupable : hommes comme garçons, tous se tenaient droits comme des
piquets, le fixant avec mépris.
Résolu à ne pas laisser l’insulte
impunie, Falkes revint à leur hauteur pour les confronter. « Qui a jeté la
pierre ? » demanda-t-il. Comme personne ne répondait, il cria à
l’évêque : « Faites-les parler !
— Ils ne
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