Robin
parlent pas latin,
répondit froidement l’homme d’église. Juste le cymry et un peu de saxon.
— Eh bien posez-leur la
question pour moi, prêtre ! Et faites vite, je veux une réponse. »
L’évêque s’adressa au groupe, et
une brève discussion s’ensuivit. « Il semble que personne n’ait rien vu,
comte, rapporta l’ecclésiastique. Mais tous promettent à l’avenir de surveiller
de près ce genre de comportements scandaleux.
— Vraiment ? Eh bien,
pour l’un deux au moins il n’y aura pas d’avenir. » Indiquant un garçon à
l’air matois qui se tenait à l’écart, il donna un ordre en ffreinc à ses
soldats. Aussitôt, deux marchogi mirent pied à terre et sautèrent sur le jeune
homme soudain pris de panique.
Ses aînés bondirent en avant pour
intervenir mais en furent empêchés par les épées promptement tirées des autres
soldats. Au terme d’une rapide et bruyante échauffourée, le jeune garçon fut
mené au centre de la cour. Le comte, l’épée sortie, s’approcha alors de son
prisonnier tremblant.
« Attendez !
Arrêtez ! cria l’évêque. Non, je vous en prie ! Ne le tuez
pas ! » Asaph voulut s’interposer entre le comte et sa victime, mais
deux soldats l’attrapèrent et le tirèrent en arrière. « S’il vous plaît,
épargnez cet enfant. Il travaillera pour vous tout l’été si vous lui laissez la
vie sauve. Ne le tuez pas, je vous en supplie. »
Le comte de Braose éprouva sa lame
puis leva le bras. Avec toute la fureur née de sa frustration, il tira d’un
coup sec le pantalon du garçon et se mit à frapper son arrière-train dénudé du
plat de sa lame – une fois, deux, et plus encore. De fines zébrures rouges
apparurent sur la peau pâle, et le garçon commença à gémir de rage impuissante.
Satisfait de la punition, le comte
rengaina son épée, colla une botte sur le postérieur meurtri du jeune homme en
pleurs et le poussa sans ménagement. Les jambes entortillées dans son pantalon,
le garçon trébucha et tomba tête la première dans la boue. Il demeura étendu,
versant de chaudes larmes de douleur et d’humiliation.
Le comte se détourna de sa victime
et alla promptement se remettre en selle. « Demain, je veux ici cinquante
hommes prêts à travailler, annonça-t-il. Cinquante, vous m’avez bien
compris ? » Il attendit que l’évêque ait traduit ses paroles.
« Cinquante ouvriers ou, par les deux, une ferme brûlera. » Ses mots
résonnaient toujours dans la cour quand lui et ses soldats furent partis au
galop.
Le lendemain matin, vingt-huit
ouvriers accueillirent le comte, pour la plupart des moines : tout le
monastère – à l’exception du vieux frère Clyro, trop vieux pour participer
utilement aux travaux de force – répondait présent. L’évêque Asaph
s’empressa d’expliquer à de Braose les raisons de ce manquement à leurs
obligations, lui promettant d’autres ouvriers dès le lendemain, mais Falkes
n’était pas d’humeur à écouter. Le compte n’y était pas, aussi le noble ffreinc
ordonna-t-il à ses soldats de chevaucher jusqu’à la ferme la plus proche et d’y
mettre le feu. Quelque temps plus tard, une fumée noire envahissait le ciel à
l’ouest. Le lendemain, dix-huit Cymry supplémentaires – dix hommes, six
femmes et deux garçons – se joignirent à la main-d’œuvre, portant son
total à quarante-six, soit seulement quatre de moins que les exigences du
comte.
Quand Falkes de Braose et ses
hommes pénétrèrent dans la cour, ils trouvèrent l’évêque à genoux devant un
rassemblement apeuré et boudeur de Cymry. Asaph implora le comte d’annuler son
ordre et de considérer ses exigences comme satisfaites. Lorsqu’il comprit qu’il
ne parviendrait pas à faire fléchir l’implacable suzerain, l’ecclésiastique
s’étendit sur le sol devant le comte et le supplia de lui accorder un jour de
plus.
De Braose ignora ses supplications
et ordonna qu’on brûle une autre propriété. Les moines passèrent la nuit
entière à prier pour leur délivrance. Le lendemain matin, quatre travailleurs
supplémentaires se manifestèrent – dont deux femmes ayant un bébé dans les
bras. Plus aucune ferme ne fut détruite.
CHAPITRE 23
Avec l’arrivée des beaux jours,
Bran se sentait de plus en plus à l’étroit dans sa caverne. Angharad, consciente
de son mécontentement, l’autorisait à s’asseoir au soleil sur un rocher lorsque
le temps le permettait, mais elle ne
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