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Romandie

Romandie

Titel: Romandie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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ses
chances de l’emporter sur une rivale. Prends garde, Axel. Les femmes ne se
manient pas comme des brantes !
    — Je crois tout de même avoir une certaine expérience
de la vie. J’ai connu d’assez étranges spécimens du sexe faible pour me faire
une idée du comportement possible d’une femme, répliqua Axel avec un peu d’humeur.
    — Erreur, mon vieux. On ne peut généraliser ni déduire
le comportement de l’une par rapport à l’autre. Les femmes sont, au sens exact
du terme, incomparables. C’est ce qui les rend à la fois attrayantes et
imprévisibles. Chacune est une pièce unique, comme une sculpture de Praxitèle
ou de Pradier. Et l’expérience ne sert à rien. Combien d’hommes expérimentés
ont été perdus par les femmes ! Hein, depuis Adam ?
    — Adam n’avait pas d’expérience : Ève était la
première femme qu’il approchait ! lança Axel en riant.
    — Eh bien, nous sommes tous des Adam face à des Ève
inédites. Souviens-toi de ça et médite devant Thétis et Jupiter, mon frère !
conclut Vuippens en se dirigeant vers la porte.
    Axel le retint d’un geste.
    — Et où en es-tu, s’il te plaît, avec l’ardente Zélia ?
    — Je t’en parlerai un autre jour. Mes malades m’attendent,
dit le médecin, éludant ainsi la question.
    Un drame stupide allait bientôt faire oublier les craintes
suscitées chez Axel par les révélations et la mise en garde de Vuippens. Un
soir de novembre, M me  Métaz venait de gagner sa chambre après
avoir joué quelques pièces au piano et Axel lisait près du feu, dans le salon, quand
la cloche de la grille, close à cette heure-là, fut violemment agitée. Souvent
des gamins, au retour d’une répétition de chant, ou des fêtards attardés
tiraient la chaîne par amusement. Aussi, les domestiques étant rentrés dans les
communs, Axel attendit de nouveaux tintements pour se déranger. Ceux-ci se
répétèrent bientôt avec vivacité. Axel se saisit d’un crésu à huile, l’alluma, le
mit dans une lanterne et sortit de la maison. La nuit était froide et humide. Le
brouillard du lac, répandu dans la ville, rendait flous les contours des bâtiments
et voilait les quinquets de la rue du Lac, l’artère la mieux éclairée de Vevey.
En traversant la cour pavée, Axel reconnut derrière la grille le cabriolet de
sa mère et distingua le visage de l’adjudant Trévotte entre deux barreaux.
« Il est arrivé quelque chose à ma mère », pensa-t-il aussitôt, prêt
à entendre une mauvaise nouvelle.
    Les salutations furent brèves et Titus divulgua sans
atermoiements la raison de cette visite nocturne.
    — La générale m’envoie vous prévenir que le professeur
Chantenoz est au plus mal. Elle souhaite que vous veniez à Lausanne. Je peux
vous emmener !
    — Martin ! Que lui arrive-t-il ? dit vivement
Axel.
    — Il est tombé dans l’escalier du Marché en revenant de
l’Académie. On croit bien qu’il s’est fendu le crâne. En tout cas, quand j’ai
quitté Beauregard, le général m’a dit qu’il n’parlait toujours pas ! Faudrait
aussi que j’aille prévenir le docteur Vuippens à La Tour, mais je sais pas
trouver sa maison, ajouta l’adjudant.
    Axel ouvrit la grille, fit entrer Trévotte et grimpa au
premier étage pour prévenir sa femme et prendre un paletot. Il trouva Élise en
chemise de nuit sur le palier. Elle avait entendu grincer la grille et voulait
savoir de quoi il s’agissait. Axel l’informa en trois phrases et rejoignit
Trévotte. À La Tour-de-Peilz, le médecin était absent de chez lui, « en
visite », dit la servante que Métaz tira du sommeil. Axel, qui ne faisait
aucune confiance à cette femme pour transmettre un message verbal, griffonna
quelques lignes, pour inviter Vuippens à se rendre au plus vite à Beauregard. Il
précisa qu’il s’agissait de Chantenoz et non de sa mère. Puis Trévotte lança le
cabriolet sur la route de Lausanne.
    L’adjudant ne ménagea ni le cheval ni la voiture, qui manqua
à plusieurs reprises de quitter la route, la clarté des lanternes rebondissant
sur le brouillard, ce qui effrayait l’animal. Axel ne vit qu’au dernier détour
les lumières de Beauregard, arche paisible, postée au flanc de la colline, au-dessus
d’Ouchy.
    Blaise reçut son fils sans vaines effusions.
    — Notre pauvre Martin est dans la chambre d’amis. Votre
mère et Aricie sont près de lui, ainsi que le médecin que des passants ont alerté.
Car il a

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