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Romandie

Romandie

Titel: Romandie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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Une
femme dans une banque privée ! Comment peut-on imaginer une chose pareille ?
Vos associés n’admettront jamais qu’une fille de vingt ans se mêle d’opérations
financières. Je les vois et les entends d’ici.
    — Détrompez-vous, mon ami. Alexandra est, aujourd’hui, à
la tête d’un gros capital, très gros même, puisque les héritages joints de son
père, le notaire, de sa mère et de sa tante, ont, depuis dix ans qu’ils m’ont
été confiés, produit de beaux intérêts, lesquels ont toujours été réinvestis. Elle
apporte donc à la banque une participation de soixante-cinq mille livres, ce
qui lui donnerait le pas sur les autres associés, si nous voulions le faire valoir,
mais ce n’est pas le cas pour le moment.
    — Mais vos associés peuvent fort bien refuser l’admission
d’un nouveau commanditaire, insista Axel.
    — Naïf Vaudois que vous êtes ! Mes associés, tous
parents ou alliés de mon épouse, sont des gens pour qui l’argent prime tout. Ils
sont nés dans la banque, qui est leur véritable famille. Je les connais bien, allez !
Leur susceptibilité disparaîtra devant une saine augmentation de capital. Ils
accepteront la commandite avec le sourire et la commanditaire avec une
déférence hypocrite. Peut-être même feront-ils mine de l’ignorer, étant donné
qu’elle n’est pas de mon sang, mais une enfant adoptée. Mais nous sommes
préparés, votre filleule et moi, à ce genre de situation !
    — Je connais le fier caractère d’Alexandra. Ce sera
intenable, car elle voudra donner son avis, dit Axel avec vivacité.
    Pierre-Antoine soupira, lissa ses cheveux d’une main blanche
et potelée, une main quasi féminine, aux doigts fuselés, dont il était fier.
M. Métaz réagissait comme un homme dont l’aisance est le fruit d’un
travail quotidien et obstiné, pas comme le capitaliste, pour qui l’argent, le
sien et, si possible, celui des autres, travaille ! Le banquier se résolut
à faire effort pour convaincre le Vaudois :
    — Les avis de mes associés ne sont pas négligeables, certes,
mais comme ils participent beaucoup plus modestement que moi au capital de la
banque, je suis celui qui, en fin de compte, décide, même si toutes les
décisions du conseil doivent être prises à l’unanimité. De plus, ils savent qu’étant
mon unique héritière, Alexandra deviendra, à ma mort, l’une des plus grosses
fortunes de Genève et la commanditaire principale de la banque privée. Ils
trembleront, au contraire, qu’elle ne demande la dissolution de la société et s’en
aille avec sa fortune après leur avoir rendu leurs commandites, expliqua
Laviron.
    — Mais elle n’a que vingt ans ! observa encore
Axel, qui ne voulait pas se rendre.
    — La loi ne fait aucune référence à l’âge et au sexe
des associés d’une banque à nom collectif ou en commandite, Axel. Elle impose, seulement,
que figure au conseil un membre de chacune des familles constituant le collège
des associés. Ce n’est pas un droit héréditaire, ni une succession automatique,
car il s’agit toujours de cooptation. Quand un associé disparaît, si aucun
membre de la famille ne veut lui succéder, la banque restitue aux héritiers la
commandite de leur parent, c’est-à-dire le capital qu’il a placé dans la banque.
Je vous rappelle que les associés d’une banque privée sont, indéfiniment, responsables
sur leurs biens de la gestion des fonds à eux confiés par les déposants. Ce qui
explique que nous n’acceptons pas l’argent du premier venu. Vous le savez, nos
nouveaux clients sont toujours, si j’ose dire, parrainés, par d’anciennes
pratiques. Nous ne faisons pas de prêts. Notre fonction étant la gestion de
fortune, nous devons nous appliquer à faire fructifier le patrimoine de ceux
qui nous font confiance. C’est aussi pourquoi nous ne risquons pas leurs
capitaux dans des opérations hasardeuses. Comme disait un de nos plus fins et
scrupuleux banquiers genevois, M. Odier, nous investissons l’argent de nos
clients « au plus près de notre conscience ».
    — Je sais tout cela et, aussi, que votre banque a été
fondée au lendemain de la Révolution française, dit Axel, un peu agacé par ce
cours sur la banque genevoise.
    — Mais ce n’est pas la plus ancienne banque privée. Les
Lombard, les Hentsch, les Lullin, les Odier étaient déjà installés. Mon père et
mon beau-père ne firent que les imiter, convint-il à regret, mais avec

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