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Romandie

Romandie

Titel: Romandie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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rôles :
« La contre-révolution est maintenant consommée en Valais. » La
feuille radicale accusait « le parti aristocratique et prêtre » d’avoir
fomenté cette guerre civile et reprochait aux partisans de Kalbermatten de ne s’être
livrés « à aucun acte de violence, afin de pouvoir se présenter en
libérateurs et se donner tous les honneurs et tous les avantages d’une
pacification ». Si ces assertions ne reflétaient guère la vérité des faits,
on ne pouvait nier, en revanche, que les conservateurs valaisans, groupés au
sein de Vieille Suisse, un mouvement capable de faire pièce aux agitateurs de
Jeune Suisse, avaient adroitement tiré parti de l’affaire et détenaient, depuis,
les leviers de l’État.
    Dès le déclenchement des hostilités, le Grand Conseil
vaudois – où les radicaux étaient assez puissants pour que l’on prît leurs
vœux en considération et les libéraux-conservateurs trop timorés pour ne pas
accepter de compromis – avait envoyé les bataillons de miliciens d’Yverdon
et d’Orbe, ainsi que deux compagnies de mousquetaires de Vevey, « aux
frontières du Valais ». Il s’agissait, officiellement, d’une mission
humanitaire pour « empêcher les excès, l’effusion prolongée du sang ou l’anarchie
en Valais ». En vérité, il fallait protéger les membres de Jeune Suisse
des représailles que pourrait exercer le gouvernement légal du Valais. Seul l’article 4
du Pacte fédéral, interdisant toute immixtion d’un canton dans les affaires
intérieures de ses voisins, avait retenu les radicaux les plus avancés, et le
Grand Conseil vaudois s’était contenté d’envoyer aux dirigeants valaisans M. Louis
Ruchet, conseiller d’État, capitaine d’état-major, ami d’Henri Druey, avec
mission « d’exprimer le vif désir » que les autorités vaudoises
avaient « de contribuer à la pacification des esprits ». M. Ruchet
avait été éconduit sans considération par les Valaisans, qui avaient fait
savoir qu’ils n’avaient pas besoin de conseils pour régler leurs affaires.
    La situation était à peine stabilisée en Valais qu’une
nouvelle, venue de Lucerne, avait attisé la colère des protestants libéraux et
de leurs alliés radicaux contre les conservateurs et les catholiques des
cantons dont ils ne contrôlaient pas les institutions.
    Le Grand Conseil de Lucerne avait, en effet, décidé d’appeler
sept religieux de la Compagnie de Jésus pour les charger de l’enseignement de
la théologie à l’Académie. Les autorités lucernoises s’étaient assuré l’approbation
de la curie romaine, avant de prendre une initiative qui passait, à juste titre,
pour une provocation. Avant même que les jésuites aient été désignés par leur
Compagnie, le Conseil d’État d’Argovie demanda, le 24 juin, à la Diète
fédérale d’ordonner l’expulsion immédiate de tous les jésuites présents dans la
Confédération et d’en interdire définitivement l’accès aux religieux de cet
ordre. Cette demande n’ayant eu qu’un faible écho, le 20 août, la Diète
avait rejeté la proposition argovienne qui n’avait obtenu que deux voix, celle
du délégué d’Argovie et celle du représentant du demi-canton de Bâle-Campagne.
    Cette résurgence de l’hostilité des radicaux et de certains
de leurs alliés libéraux contre les catholiques, motivée par l’appel des
jésuites à Lucerne, provoqua la colère de Charlotte de Fontsalte et de ses amies,
Flora et Rosine, les « duettistes veuves », comme les nommait l’irrévérencieux
docteur Vuippens.
    Blaise de Fontsalte, comme le défunt Claude Ribeyre de Béran,
était, certes, un authentique chrétien mais il refusait au clergé le brevet de
sainteté que les papistes naïfs leur décernaient trop aisément. Il estimait qu’un
homme peut faire son salut sans l’intermédiaire des prêtres, piétaille d’une Église
hiérarchisée, dont les membres consacraient souvent au temporel les forces et
les ressources qui eussent été mieux employées à l’apostolat. Il avait, en
revanche, une vénération pour les oratoriens de Riom, dont il avait été, comme
son compagnon d’armes, l’élève à l’École royale militaire d’Effiat, mais il ne
cachait pas, depuis qu’il vivait en Suisse, sa sympathie pour le protestantisme,
son dépouillement et le respect que les pasteurs portaient aux Écritures. Aussi,
comme Ribeyre, s’était-il toujours appliqué à modérer

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