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Romandie

Romandie

Titel: Romandie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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qu’elle
inventerait. Prends garde, Axel.
    — Il est possible qu’Alexandra se marie bientôt, dit-il
pour rassurer sa mère.
    — C’est ce qui peut arriver de mieux. Encore qu’une
fille comme Alexandra peut envisager le mariage comme alibi suffisant pour
cacher une relation coupable avec l’homme qu’elle aime et ne peut épouser, dit
Charlotte.
    — Vous lui prêtez beaucoup de perversité, mère. Alexandra
est une femme droite et fière. Elle s’abuse sur la qualité du sentiment qu’elle
me porte et tout cela s’arrangera. J’ai le double de son âge. Voyez mes
premiers cheveux blancs, dit Axel, le doigt sur la tempe.
    — Martin a dû, autrefois, t’enseigner que les Grecs, qui
n’avaient pas nos hontes devant les choses de la chair, considéraient la
passion amoureuse d’une jeune fille pour un homme mûr comme une des plus
exquises formes d’amour qui se pût imaginer. Inclination saine, belle et pure, parce
que désintéressée et fatalement limitée dans le temps. Et ce n’est pas à toi et
à Tignasse que j’apprendrai que les jeunes garçons recherchent et trouvent la
parfaite, tendre, j’allais dire maternelle, initiatrice, parmi les amies de
leur mère !
    Stupéfait, Axel répondit :
    — Mais comment ce secret…
    Négligeant l’interruption, Charlotte enchaîna :
    — Alors, Axel, sois prudent, sois loyal, sois généreux
et, si tu le peux, sois heureux mais ne fais pas souffrir Marthe. Elle est de
cristal, pure, transparente et fragile, acheva M me  de Fontsalte
en se laissant aller sur ses oreillers, fatiguée par cette conversation.
    Axel la vit sourire avec effort et, quand il s’approcha pour
l’embrasser, les rides, la bouche froncée, le regard las de cette femme, qui
était sa mère, lui parurent appartenir à une très vieille dame.
    Après cet entretien, il ne pensait plus qu’au moment où il
devait, un peu plus tard, retrouver Marthe au moulin. Il eût volontiers écourté
le repas mais Blaise l’entretint longuement du projet d’un officier français, qui
avait autrefois combattu pour l’indépendance de la Grèce. Le lieutenant Touret
voulait faire élever, à Athènes, un monument à la mémoire de ses compagnons
philhellènes français et suisses, morts pour la Grèce. Parmi les Helvètes se
trouvaient plusieurs Genevois, le docteur Amster, mort à Minos en juillet 1822 ;
le capitaine Gabriel Rival, tombé à Athènes le 1 er  janvier 1827,
et aussi Doutier, de Lausanne, tué lors des combats de Tri Perghi, le 6 mai
1827 ; Louis Chevalier, d’Orbe, tué à Peta le 16 juillet 1822 ; Knaupp,
de Cully, mort à Patras en 1829 ; des Zurichois, comme Meyer et Brumbacher,
morts en défendant Missolonghi avec lord Byron, le 2 décembre 1822 ; Werndlie,
tombé à Peta, le 16 juillet 1822 ; Ernst, de Winterthur, mort à
Athènes le 5 décembre 1825.
    — Tous ces braves méritent que l’on conserve en Grèce
leur souvenir. Claude qui, comme moi, avait vécu ces combats meurtriers, eût
certainement souscrit au projet du lieutenant Touret, comme je viens de le
faire. Des Genevois, des Zurichois ont déjà envoyé leur obole et je suis chargé
de recevoir celle des Vaudois. Vous voyez où je veux en venir, mon cher garçon,
acheva le général avec un sourire.
    Axel mit aussitôt la main à la poche et tendit au général un
billet de cent francs, sa participation au mémorial philhellène.
    En se hâtant, à la nuit tombée, vers le moulin, l’amant de
Marthe Bovey se demandait si la jeune femme lui ferait spontanément confidence
de sa rencontre fortuite avec M me  de Fontsalte ou s’il devrait
lui-même évoquer le sujet.
    Cette interrogation se révéla sans objet. La porte du moulin
était close, aucune lumière ne brûlait à l’intérieur, la maison était vide. Marthe,
qui toujours précédait Axel au rendez-vous, pour allumer le feu dans la
cheminée, préparer un plateau avec des verres et du vin et même, depuis quelque
temps, bourrer ses pipes, comme il le lui avait appris, avait, semble-t-il, renoncé
à leur rencontre. Un court instant, il imagina un simple retard, mais une enveloppe
cachetée, sans aucune suscription compromettante, placée sur le porte-pipes
posé sur la commode, attira son attention. Il l’ouvrit et, pour la première
fois, vit l’écriture de Marthe, une anglaise élégante et assurée.
    « Très cher ami, Madame votre mère m’ayant surprise ici,
alors que nous venions de nous séparer, je crois

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