Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Romandie

Romandie

Titel: Romandie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
Vom Netzwerk:
et commercial des États-Unis mais reconnaissait
avec Tocqueville, qu’elle avait lu attentivement pour préparer son voyage :
« Le drame des pays démocratiques c’est qu’on y aime trop les idées
générales. » Ayant un sens aigu du concret, elle s’étonnait que l’affairisme
le plus fougueux, parfois le moins humain, pût aller de pair, chez les Américains,
avec des discours filandreux où les bons sentiments pour le prochain semblaient
l’emporter sur la course au dollar, occupation primordiale de tout un chacun.
    « L’Amérique est un pays fabriqué de toutes pièces, écrivait-elle
encore, où tous ceux qui débarquent ont pour but unique de faire fortune dans
les meilleurs délais. D’où cette activité, opiniâtre et débordante, que stimule
l’exemple de réussites aussi faramineuses qu’inattendues. »
    Tout cela, Axel l’avait déjà appris par sa correspondance
avec un des hommes qui avaient su faire fortune en Amérique, Guillaume Métaz. Mais
ce qui l’avait le plus intrigué dans le dernier message de sa filleule était le
post-scriptum : « Je serais bien étonnée que le cher John Keith ne
demandât pas ma main avant que nous touchions Liverpool. D’après ce qu’il
laisse entendre de ses amies anglaises – ses flirts, comme il dit – elles
seraient encore plus maigres et plus laides que moi ! Dès le premier jour,
j’ai découragé ce garçon charmant et financier matois de me faire la cour, établissant
d’emblée nos rapports sur le terrain professionnel. Mais l’autre soir, lors d’un
dîner tête à tête, il m’a dit : “Vous avez, mademoiselle Alexandra, un visage
intéressant.” D’après la délicieuse lady Astor, qui est devenue mon amie, cela
équivaudrait à une déclaration ! »
    Axel, que l’amour de sa filleule embarrassait autant qu’il
le tentait, le flattait, l’attendrissait, éprouvait depuis la lecture de cette
confidence épistolaire, mise en post-scriptum comme pour en atténuer l’importance,
un sentiment mitigé. Voir Alexandra conjurer son impossible amour pour son
vieux parrain – il allait fêter son quarante-quatrième anniversaire –
par un mariage étranger, le laissait perplexe et, plus encore, insatisfait.
    Ces réflexions l’avaient conduit devant la maison de Louis
Vuippens. Il mit pied à terre et apprit par la vieille servante de Louis que « le
docteur avait été appelé en consultation hors du canton ». Le praticien
avait donné à entendre que son absence pourrait être longue. Ses patients devraient
s’adresser à son confrère, le docteur Fluer, rue du Port. Bien qu’étonné de n’avoir
pas été prévenu par Louis, sans doute pris par l’urgence, Axel Métaz rentra
chez lui.
    Deux jours plus tard, il se rendit à Lausanne. Le
propriétaire de la barque naufragée souhaitait que le chantier Rudmeyer et
Métaz s’occupât du renflouement de son bateau. Axel devait discuter des
conditions techniques et financières de cette opération. Il déposa un message
chez Marthe Bovey – lui donnant rendez-vous, le soir même, au moulin où il
passerait la nuit, puisque ses affaires le retiendraient le lendemain à
Lausanne – et s’en fut dîner à Beauregard. Blaise l’accueillit avec une
mine inquiète. La nuit précédente, Charlotte avait eu un nouveau malaise. Elle
s’en remettait, semblait-il, sans dommage mais préférait garder la chambre. Axel
monta voir sa mère qui lisait, adossée à ses oreillers, une table à thé à son
chevet. La vue d’une coupe, emplie de biscuits et de boules de chocolat, rassura
Axel sur l’état de santé de cette gourmande.
    — Ne me regarde pas, mon petit, je dois être laide à
faire pleurer. Flora a tenté de me coiffer mais ce n’est pas très réussi. Demain,
je serai debout et le coiffeur viendra.
    Elle déclara se sentir assez bien, « comme après une
petite faiblesse ». Axel entretint sa mère de ses fils, du travail de
renflouement qu’il allait entreprendre, et dit regretter que Vuippens ne fût
pas là au moment où la malade avait besoin de soins.
    M me  de Fontsalte s’apitoya d’abord sur
les victimes de la catastrophe du 22 avril, rapportée le lendemain par la Gazette
de Lausanne, puis ajouta qu’elle n’avait aucun besoin de consulter le
médecin, le remède ordonné par Vuippens étant efficace.
    — Louis est un très bon médecin. Son diagnostic est sûr.
Aussi ne suis-je pas étonnée que ses confrères l’appellent en

Weitere Kostenlose Bücher