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Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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« Je nettoie les malades qui se vident, j’alerte l’infirmier ou le médecin en cas de coup dur. J’assiste surtout, hélas, à l’agonie de nombreux camarades, tel ce jeune Bordelais d’une vingtaine d’années, un grand et beau garçon qui s’appelait Chavarin et m’avait dit être coureur cycliste. »
    En février 1945, Coudert sauve de justesse un de ses opérés, le Polonais Adamczewski, désigné avec quatre autres blessés pour un « transport » de liquidation : « J’avais opéré ce Polonais d’une fracture double ouverte des deux membres inférieurs. J’avais réussi à lui éviter une double amputation et j’espérais pour lui un résultat satisfaisant après encore quelques mois de traitement. » Le « Toubib » intervient directement auprès du chirurgien S. S. Gaberle. C’est dangereux, mais Gaberle, moitié par lassitude (la guerre tourne mal pour les nazis), moitié par estime pour Coudert, lui abandonne sa proie : le Polonais ne part pas.
    La compétence et l’autorité du docteur Coudert lui valent toutefois une curieuse affectation s’ajoutant à celles de médecin-chef détenu et chirurgien du Revier I  : il est promu médecin du bordel, le «  Pouf  », dont les S. S. décident soudain de faire bénéficier leurs collaborateurs les plus zélés parmi les détenus. Quelque temps avant, le docteur Coudert avait appris l’installation du «  Pouf  » dans l’enceinte du Krankenbau par un des « Tunisiens », Grimaut, affecté aux travaux de plomberie dans le camp : « Il vient me trouver et me dit : “Toubib, sais-tu ce que nous construisons en ce moment ?” Effectivement, depuis peu, des travaux sont en cours derrière le block de la Pathologie  ; je pense à une extension du Revier. “Non, toubib, c’est un Pouf.”  – “Un bordel, ne me fais pas rire !” – “Si, toubib, c’est un Pouf, tu peux me croire !” Il m’en fait la description avec tous les détails, y compris sur les bidets qu’il installe lui-même…
    « Les filles sont des prostituées appartenant à des “ Pouf ” allemands, mais qui ont probablement commis des irrégularités. En prison, elles acceptent de venir continuer leur métier ici plutôt que de subir les rigueurs de la vie cellulaire ou des corvées de travail dans les camps.
    « Dans la baraque qui leur est destinée il y a un couloir donnant sur neuf chambres avec un lit, un lavabo, un bidet et un voyant à la porte. À droite, une très grande pièce, la salle de travail, car, entre les heures de visite de ces messieurs, elles s’occupent à des travaux de ravaudage, de tricotage. Il y a encore une salle à manger et, à l’entrée, deux bureaux où des S. S. notent sur un registre tous les entrants, des Prominente allemands de la hiérarchie détenue. Après avoir décliné nom, prénom et versé les Prämienschein (monnaie du camp) nécessaires, le type passe à la séance d’injection désinfectante et un autre S. S. lui désigne le numéro d’une chambre.
    « Ce qu’il y a de plus extraordinaire après ce circuit est qu’il trouve une fille, et Dieu sait qu’elle n’est pas belle, et qu’il s’occupe d’elle. Il faut vraiment avoir du courage. Il n’a le droit d’“opérer” que d’une façon classique ; aucune fantaisie n’est admise, le S. S. surveille par le voyant et le temps est limité. Ce qui n’empêche pas les Allemands passant sept à huit minutes avec la fille de parler de leurs trafics. L’un, qui s’était amouraché d’une de ces femmes, commence par lui offrir des cigarettes et de l’argent volés, puis lui confie une autre fois qu’il a de l’or. C’était une indicatrice comme les autres ; deux jours après le type était pendu ! »
    À ce milieu corrompu et fliqué (c’est essentiellement une mission de renseignement sur l’état d’esprit des Prominente qui est assignée aux pensionnaires du Pouf), le docteur Coudert préfère cent fois son Revier I, où travaillent avec lui deux autres médecins français, ses amis le docteur Marcel Leboucher de Caen et le docteur Maurice Gallouen de Rouen, arrivés tous deux par le même convoi du 25 janvier 1943.
    Maurice Gallouen assure les opérations de chirurgie septique : phlegmons, abcès, etc. Il exerce en collaboration avec Coudert. Les malades l’appellent « Papa Maurice », tant sa bonté est proverbiale. Il mourra à sa tâche après s’être dépensé sans compter.
    Le docteur Leboucher

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