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Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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lit. Il meurt et je reste deux jours à côté du cadavre afin d’avoir sa soupe et son pain, que je partage avec d’autres Français. »
    Le Revier IV comporte quatre cent onze lits pour les tuberculeux qui y sont confinés dans des conditions épouvantables.
    Le Revier V, le dernier, est le «  Toten Revier  », le Revier de la mort, où Jacques Placet est infirmier en 1943 : « L’aile A, destinée aux dysentériques, a des chambres infectes. Il y règne une odeur nauséabonde, insupportable, qui prend à la gorge dès l’entrée, ce qui explique probablement que les S. S. n’y viennent jamais.
    « Les malades, à demi-nus et entassés à raison de cinq ou six sur deux lits accolés, sont couchés tête-bêche sous une seule couverture pour gagner un peu de place. Beaucoup sont dans un tel état de faiblesse qu’ils ne peuvent plus se lever et se soulagent sur place.
    « Tout est souillé : les vêtements, les paillasses, les couvertures, les planchers. »
    Jean Caubit entre en juin 1943 dans cette antichambre de la mort : « Il y a des cadavres partout, jusqu’entre les lits ; il faut les enjamber pour arriver aux toilettes, qui en sont elles-mêmes encombrées. De plus, les cuvettes sont toujours occupées et débordent ; alors on se soulage n’importe où, comme on peut. »
    Dans l’aile B, où il y a deux chambres, la B 1 pour les contagieux principalement scarlatine et diphtérie et la B 2, le summum de l’horreur est atteint dans cette dernière. On y refoule tous les malades médicalement condamnés. Jacques Placet y voit tous les cas imaginables : « Des ascitiques au dernier degré avec des ventres plus volumineux que ceux des femmes à terme et des pieds énormes qui semblent prêts à éclater. Des phlegmons de la gorge ou des membres, consécutifs généralement à des plaies non soignées. D’énormes plaies purulentes provenant de coups ou d’accidents du travail. Des fractures ouvertes impossibles à plâtrer tellement elles sont infectées. Sans compter les “musulmans” arrivés à l’extrême épuisement, qui n’ont même plus la force de venir chercher leurs rations, qui titubent et s’écroulent dans les couloirs. Il ne reste que la peau et les os. Leurs cuisses ne sont pas plus grosses que leurs poignets. Ils meurent doucement, sur place, sans que nous puissions faire quelque chose pour les sauver. »
    Voilà ce qu’il y a derrière la façade des Reviere I et II dans ce Krankenbau de Sachsenhausen verrouillé par un énorme portail à deux battants.
     
     
MÉDECINS ET INFIRMIERS EN RAYÉ
    À partir de 1943, date d’arrivée des grands convois de France, le Revier n’échappe donc plus à la règle générale de fonctionnement du camp qui installe une administration « détenue » parallèle à celle des S. S.
    Côté S. S., la direction du Krankenbau est assurée par le médecin-chef Baumkötter. Il a sous ses ordres deux autres médecins S. S. : Gaberle, chargé des Reviere I et III, Hortsman, chargé des Reviere II et IV. Le Revier V, avec ses malades sacrifiés d’avance, n’est pas jugé digne d’avoir un responsable S. S.
    Ces trois médecins n’examinent pratiquement pas les malades. Ils convoquent les docteurs détenus, les Vorarbeiter et chefs des différents services, et écoutent leurs rapports.
    Cependant, il leur prend parfois fantaisie d’opérer, ce qui atterre le docteur Émile-Louis Coudert, chirurgien français détenu : « J’ai vu et aidé Horstman à opérer des cas chirurgicaux simples (appendicites) dont il ne pouvait se tirer. Ma présence évitait le pire et pratiquement j’arrivais à faire l’opération pour lui. »
    En ce qui concerne la hiérarchie détenue du Revier, les S. S. prennent soin de placer toujours aux postes importants des prisonniers allemands qui sont leurs créatures et se distinguent dans la délation et l’exécution des ordres. Les chefs de Revier, le chef de l’ambulance, les portiers et surtout les deux véritables chefs de l’hôpital, le Vorarbeiter et le Erster Häftlings Artz (le premier médecin détenu) sont ainsi des Allemands, le plus souvent pris parmi les « droit commun » à triangle vert ou les asociaux à triangle noir. Le docteur Coudert en a deux spécimens sous les yeux : « Hermann Pistor, ancien médecin S. S. arrêté et interné à Sachsenhausen par la Gestapo pour homosexualité, détournements et avortements, est le chef des médecins détenus

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