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Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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s’impose lui aussi aux S. S. comme spécialiste ophtalmologiste en soignant rapidement et efficacement un malade atteint de conjonctivite purulente alors qu’un grand « professeur » S. S. échoue dans la même tentative : « Je fus donc ramené à l’ambulance, nanti d’une fonction qu’on ne devait plus me discuter. On m’installa dans un petit réduit qu’une couverture de lit séparait de la vaste salle où évoluaient tout le jour malades, blessés et agonisants. »
    Il est le seul spécialiste des yeux pour tout le camp. Il traite chaque jour plus de cent vingt cas. Les S. S. n’hésitent pas à avoir recours à ses services pour eux-mêmes ou leurs familles. Ce qui lui vaut l’ « honneur » de donner pendant un temps des leçons d’ophtalmoscopie à de jeunes médecins S. S. et surtout l’occasion de sauver de la chambre à gaz ou d’un transport des Français pour lesquels il diagnostique abusivement des « réactions méningées » nécessitant un maintien au Revier.
    D’autres médecins français œuvrent dans le même sens au Revier II (le docteur Edmond Arbeit, de Paris, spécialiste de l’estomac ; le docteur Robert Néel, de l’institut Pasteur) ainsi que dans des petits Reviere de camps-annexes de Sachsenhausen. Ils le font avec des infirmiers français dont le rôle, pour être plus modeste, n’en est pas moins irremplaçable. Dans un environnement démentiel, dans l’accomplissement des tâches harassantes et sordides, ils apportent, à défaut de médicaments ou de pansements, le réconfort d’un sourire, d’une bonne parole, d’un regard ou d’un petit supplément de nourriture.
    Au Revier de Sachsenhausen, Alfred Bertin, « Frédo », infirmier de l’hôpital Lariboisière, anime le service de l’ambulance de sa gouaille de titi parisien. « Toujours à la lèvre la blague avec le mégot », dit de lui Louis Challier, qui apprécie son imagination fertile chaque fois qu’il s’agit de berner les S. S. et d’obtenir d’eux quelque adoucissement au régime de l’infirmerie.
    Au laboratoire du Revier II travaille Pierre Gartiser, de Lyon, frère Pancrace dans l’ordre religieux hospitalier Saint-Jean-de-Dieu. Il s’efforce, en truquant les résultats d’analyse, de sauver ceux des malades qu’un diagnostic sévère enverrait au crématoire ou de permettre à ceux qui sont sur la voie de la guérison de bénéficier d’une prolongation de repos. Tâche obscure mais grosse de risques qu’il assume avec réalisme en compagnie de ses camarades laborantins.
    Au Revier de Falkensee, il y a l’étudiant en médecine Bernard Dutasta et l’infirmier Georges Septépé. Au Revier de Heinkel, après un remaniement du personnel en septembre 1943, une équipe du Revier V de Sachsenhausen apporte une amélioration sensible : le docteur Ernst Neumann, un triangle rouge allemand, deux infirmiers français Paul Sauvaget et Eugène Legendre, et un infirmier belge, Jacques Placet. Guy Ducos, de Bordeaux, est dans les premiers à faire la connaissance de Paul Sauvaget : « Entré au Revier Heinkel, je suis dépouillé de mes oripeaux en un rien de temps et conduit prestement dans un petit local équipé de châlits pour une quinzaine de personnes et sur la porte duquel je lis au passage “ Infektion”. L’infirmier responsable de la chambrée m’interpelle en français : “Ah, tu es de Bordeaux ? Moi je suis Tourangeau. Tu étais étudiant en radio-électricité à la fac de sciences ? Moi j’ai fait mes études de médecine. Mets-toi là sur l’étage supérieur.” »
    Pour la première fois depuis un an, Guy Ducos se trouve sous la bienveillante tutelle d’un Français. Grâce à Paul Sauvaget, il reste planqué pendant près d’un mois dans ce local réservé aux contagieux et reprend des forces.
    Eugène Legendre est l’infirmier de la salle des pansements du Revier Heinkel. C’est un joyeux drille, qui aime à plaisanter même dans les pires moments et qui n’hésite pas, en certaines occasions, à se payer la tête des S. S. Alors qu’il postulait pour la troisième fois un emploi au Revier du grand camp, le médecin-chef S. S. lui avait demandé à quel titre. « Croque-mort », avait répondu Legendre avec malice. Mais, traduit par l’interprète, cela avait donné «  Totenführer  » et le S. S. avait exulté : « C’est exactement ce qu’il me faut. » Et Legendre avait été engagé sur le champ pour le Totenrevier

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