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Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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des repas et pas de luttes autour des chaudrons. Mais le repos, mais la gamelle qui, pour mal pourvue qu’elle soit, arrive toute seule jusqu’à nous. Dormir tout son saoul malgré la paillasse dure comme pierre et la couverture trop légère et trop courte qui laisse les pieds à découvert lorsqu’on se protège le crâne et inversement…
    « Il neige, il vente et je suis là, couché, tandis que d’autres commencent leur dure journée de bagne… »
    Puis, un jour, le Revier rejette Harven dehors : « Il gèle, un brouillard pénétrant s’insinue dans la moelle et dans l’âme. Endosser un “zébra” plus sale et plus rapiécé que celui que je quitte, trouver dans un tas de chaussures dépareillées une paire de godasses où mes pieds vont souffrir, enfin laisser ce Revier et ses minces commodités pour rentrer dans l’horreur des journées glacées, lourdes de cris, de menaces, de corvées dans la cohue matraquée ! Auparavant, il faut subir la visite du médecin S. S. après avoir traversé, en chemise et sandales, les deux cours qui nous séparent de son bureau. Au signal, il s’agit de se présenter un à un devant ce blanc-bec qui fait trembler les infirmiers de peur. Me voici devant lui, décharné, frigorifié sous ma ridicule liquette, le sang échauffé par ma rage contenue devant son air hautain et dégoûté. L’infirmier propose que me soient accordés quelques jours de repos : refusé ! Retour au block.
    « Cette affaire réglée, l’attente recommence. Dans une salle du Revier, les partants frissonnent dans leurs vêtements mouillés qui, toute la matinée, ont pompé dans la cour l’humidité du ciel. La nuit tombée, départ. Nous traversons la place d’appel. L’homme chargé de nous conduire à bon port s’énerve à cause de moi qui ne peux suivre l’allure. Je suis sans force, sans muscles, sans nerfs, le cœur pesant. Nous croisons un camion que font rouler d’épouvantables revenants. Ils vont d’un pas d’enterrement, chancelants, se soutenant au timon et aux parois. À ce spectacle, le peu de courage qui me reste m’abandonne. Il faut tenir pourtant, se raidir contre le désespoir, repousser loin de soi la vision funèbre surgie soudain dans la nuit trempée, que balaie, par intervalles, le jet éblouissant des projecteurs. »
     
     
TUER L’HOMME DANS L’HOMME
    Avant d’en arriver à l’anéantissement physique des détenus les S. S. veulent, dans les camps, en obtenir l’anéantissement moral. Ils veulent dépersonnaliser le détenu en le rendant esclave de la faim, du froid, de la peur, l’amener à ne plus penser qu’à son propre instinct de conservation, en faire un loup pour ses semblables.
    Si les S. S. n’avaient eu affaire qu’à des hommes sans foi, sans croyance et sans idéal, ils auraient peut-être réussi. Mais l’esprit qui anime les déportés résistant au nazisme crée un lien qui empêche l’isolement de l’individu et lui fait rejeter l’affreux dilemme : « Tue les autres si tu veux vivre. » Malheureusement, il y a des cas où des détenus se coupent de leurs camarades en choisissant cette solution. Quand c’est le fait de criminels de droit commun, de « verts » ou de « noirs », allemands ou autres, cela ne surprend pas les Français. Par contre, quand c’est le fait de « rouges » allemands dont on sait qu’ils ont été il y a dix ans ou plus de courageux combattants antifascistes, cela étonne, choque et pose problème. Des Français, des Parisiens surtout, qui ont hébergé naguère des clandestins allemands ou des combattants allemands des Brigades internationales en Espagne républicaine retrouvent ainsi parmi les « cogneurs » d’aujourd’hui leurs camarades d’autrefois. Il ne s’agit que d’exceptions parmi la grande masse des politiques allemands qui ont été les premiers détenus des camps de concentration hitlériens et parmi lesquels il y en a tant à qui Français et autres déportés doivent la vie ; mais, justement, ces exceptions révèlent le caractère malfaisant, corrupteur et pervers du nazisme, elles condamnent plus fortement encore la honteuse gangrène fasciste qui a entraîné tellement d’hommes dans le déshonneur.
    Affecté en février 1943 au kommando Heinkel, Gaston Bernard découvre un de ces cas : Hans, chef du premier block abritant les détenus du hall 5. Il a été hébergé par des communistes de Vigneux, près de Paris, lors de son départ

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