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Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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autre entreprise militaire des S. S. à Sachsenhausen, Henri Bonson entre à l’atelier de menuiserie dans un très mauvais état : « Heureusement, j’ai la chance d’avoir avec moi un jeune Russe de quatorze ans, Ivan, qui me prend en charge. Bien camouflé dans les copeaux sous la machine, je peux dormir tranquille, il me réveille quand le S. S. fait sa ronde. Le Belge qui est aux presses du placage nous permet aussi de récupérer à l’abri de ses machines et Charles Gadou en profitera quand il arrivera de Mauthausen à bout de forces.
    « Je sais aussi pouvoir compter sur l’aide du jeune étudiant tchèque (un des douze cents arrêtés à l’université de Prague en novembre 1939) qui siège comme secrétaire-interprète dans le bureau vitré du S. S. Il m’a prévenu que le S. S. m’a à l’œil et il me soutient devant lui quand je dis que je travaille lentement pour faire du bon travail.
    « Quand le Vorarbeiter veut me faire partir en transport à Lublin, c’est-à-dire au camp de Maïdanek, ce sont mes camarades allemands qui favorisent mon maintien au kommando.
    « Enfin, au cours de l’été 1944, alors que je ne peux plus ouvrir mes yeux enflammés, c’est un docteur russe venu voir des amis au block 26, le mien, qui m’examine et m’apporte le lendemain une pommade qui me guérit en trois jours.
    « Il ne faudra jamais oublier cette fraternité et ne jamais cataloguer les autres peuples, en particulier le peuple allemand, comme tout bon ou tout mauvais. »
    Un faisceau de complicités se tisse dans les ateliers et décuple les possibilités d’intervenir au bon moment. À D. A. W., il faut du temps à Raymond Labeyrie avant de pouvoir prélever sur les appareils de radio qu’il démonte les lampes et les éléments qui serviront à l’équipement de postes clandestins. À Schuhfabrick, Marcel Baumann et ses camarades, qui réparent des chaussures pour l’armée, ne trouvent pas du premier coup la meilleure façon de reclouer les talons… avec des pointes sans tête qui lâcheront en terrain lourd. À l’usine de piles Pertrix, où travaille un kommando de femmes détenues de Sachsenhausen, il faut des semaines de préparation pour que deux Françaises et deux Belges réussissent à stopper une chaîne de fabrication. Toutes sont punies mais font celles qui ne savent rien, à commencer par Annie Darjo : « Une commission vient. C’est la bastonnade. Sous les coups, je m’évanouis. Un S. S. me brûle les lèvres avec son cigare pour voir si ce n’est pas de la frime… » Aussi paradoxal que cela puisse paraître, deux méthodes absolument contraires servent à perturber et freiner les plans de production nazis : feindre l’ignorance ou l’incompréhension des tâches à exécuter ou rivaliser d’imagination et d’ingéniosité pour soi-disant « faire mieux ». À Klinker, où coexistent la briqueterie et la fabrique de munitions antichars communément appelées « grenades », les exemples ne manquent pas.
    En octobre 1944, Jean Bezaut, qui arrive de Dachau, se retrouve au laboratoire de recherche et de contrôle de Klinker : « Alfred, le chef du block 2 me reçoit : “Un Français chimiste ? Ça n’existe pas.” Suit une série de coups de poing au visage. Au labo, par contre, c’est le calme. Sous la direction du professeur Zimmermann, de Berlin, le labo conçu pour analyser les terres de la briqueterie s’est reconverti dans la fabrication des services de table en faïence ou en porcelaine pour les S. S. Mais, avec les grenades, il faut analyser les fontes. Nous devons surtout procéder à des recherches sur les aciers spéciaux destinés aux premiers chasseurs à réaction, en particulier les aciers au vanadium.
    « Bien entendu, nous faussons souvent les résultats des analyses des coulées des fours. Ainsi, des séries de grenades prêtes à l’usinage sont renvoyées à la fonderie. Mais, pour les aciers, l’éminent professeur norvégien Görissen, secondé par toute l’équipe, parvient à réaliser un des plus beaux sabotages de la guerre. L’astuce de Görissen consiste à “révéler” aux S. S. que les culasses des camions Ford sont en acier au vana et qu’il suffit de les fondre pour extraire ce précieux métal. Un décret du ministre de l’industrie d’armement du Reich bloque, au moment même de l’offensive des Ardennes, quinze cents camions Ford achetés par les Allemands peu de temps avant la guerre.

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