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Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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Tessier. Celui-ci en copie trois exemplaires pour les membres de son triangle qui, à leur tour, le reproduisent en trois exemplaires, ce qui fait que neuf responsables de block ont finalement connaissance de ce bulletin modeste mais dont la réalisation n’est pas sans risque. Un jour, deux camarades cachés dans un recoin pour traduire le journal d’un Meister sont surpris par des S. S. qui les sortent rudement de leur cachette. Devant l’attitude plus qu’embarrassée de nos deux “journalistes”, les S. S. éclatent soudain d’un gros rire gras. Les ont-ils pris pour des homosexuels ? En tout cas, nos camarades s’en tirent à bon compte… »
    Le nouveau climat qui s’installe à Falkensee, en partie grâce aux Français, encourage les politiques allemands à reprendre aux « verts » des postes de commande. Leur argument, qui porte sur la direction du camp, ne manque pas de saveur : en pillant les détenus, disent-ils, les « verts » créent une atmosphère qui n’encourage pas à produire. D’autre part, les politiques ont l’appui de certains civils qui les préfèrent aux bandits de droit commun. Dans sa chasse aux nouvelles à la kolonne 7, Boivent s’est ainsi aperçu que Karl Stenzel, le petit Vormann, reçoit tous les matins un journal du Meister le plus humain avec les détenus.
    Gustav Buttgereit prend la tête du Revier, Max Reimann devient responsable à la cuisine. Tous deux font entrer des Français dans ces postes-clés. Désormais, plus de soins « achetés » à l’infirmerie et, comme les malades ne peuvent y être admis qu’en nombre limité, Buttgereit et son équipe organisent un système de roulement pour certains lits qui permet à beaucoup d’affaiblis de se reposer quelques jours. À la cuisine, où Jean Mélai est entré, les S. S. sont toujours les maîtres en dernier ressort, mais l’équipe des détenus s’efforce de répartir la nourriture de manière plus équitable. Quand il y a du rabiot de soupe, l’infirmerie passe en priorité, puis les équipes affectées aux travaux les plus pénibles, enfin les blocks à tour de rôle.
    L’organisation de la solidarité matérielle s’accroît également dans les blocks où les Français sont en majorité. Pierre Clédat le constate avec fierté : « Des groupes se forment où l’on partage tout, avec un petit supplément pour les plus faibles… Murciano, chargé de la solidarité avec d’autres, a formé une “banque des casse-croûtes”. Du pain, de la farine, des bouts de denrées sont collectés puis rassemblés par Marcel Radureau, qui ajoute tout ce qu’il peut soustraire à la cuisine des S. S. où il travaille. Le paquet, au matin, est réparti entre les camarades les plus affaiblis. L’importance matérielle de cette aide est petite, mais le réconfort apporté est grand, le receveur et le donneur à la fois sont comblés…
    « Une seule fois, un jeune camarade vient me trouver en pleurant. “On m’avait chargé, me dit-il, de porter un casse-croûte à X… qui est malade. Je n’ai pas pu résister, je l’ai mangé, je suis un salaud !” Mais celui qui a le courage de se dénoncer, de prendre conscience de sa faute et de surmonter sa défaillance, n’a-t-il pas droit au pardon ? Par la suite, ce jeune camarade aura une conduite exemplaire.
    « Préserver cette jeunesse est un souci constant. Le dimanche, Tessier et ses jeunes camarades gardent leur pain et leur soupe. Tout est remis en commun, recuisiné et redistribué. Ce repas est bien meilleur ! Ensuite, c’est la “conférence”. Chacun peut prendre la parole, raconter l’avant guerre, la ville natale, le métier, parler religion, philosophie, mathématiques, littérature. Un seul but, occuper l’esprit, mobiliser le raisonnement et la mémoire, maintenir enfin la flamme de la pensée humaine. »
    Des événements, impensables quelques mois avant, se produisent. Par exemple, René Castéran, qui ne peut plus marcher que plié en deux, car le coup de crosse d’un S. S. lui a fracturé le coccyx, n’est pas rassuré quand le Rapportführer lui demande ce qu’il a. Mais son chef de block allemand, Oskar Wenzel, prend sa défense, critique le geste du gardien… et René Castéran est transféré au Revier de Sachsenhausen : « Je pars avec le camion assurant la liaison avec le grand camp, mais qui emmène-t-il aussi, assis en face de moi ? Le S. S. qui m’avait si violemment frappé ! Il est désarmé,

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