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Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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déposer. »
    Mais Bréan ne parle pas, sachant qu’un mot peut entraîner une phrase, et d’autres arrestations en chaîne. Sa fin est laconiquement évoquée par une seconde lettre de la Sonderkommission à Kolb, datée du 28 juillet 1944, onze jours après la première : « Les interrogatoires du détenu français Fernand Bréan, isolé au bâtiment cellulaire, sont terminés. » Une note indique qu’un second feuillet stipule l’affectation de Bréan, mais ce feuillet a disparu ; sans doute trop accusateur pour les bourreaux, notifiait-il l’envoi au crématoire du corps supplicié de notre camarade, que nul n’a revu. Au retour des survivants, son épouse, apprenant cette fin tragique, se jettera dans les étangs de Sainte-Apolline, près de Trappes, laissant son fils, alors âgé de neuf ans, aux bons soins de la sœur de Fernand Bréan, mort en héros sans autre soutien que sa conscience de militant, sa fraternelle affection pour ses camarades.
    Quant à Bertrand Gauchet, n° 66 475, il est ramené pour quelques instants devant le block 38, où l’appel se fait séparément. Louis Potier, de Nantes également, le voit arriver : « Il y a d’abord le commandant du camp suivi d’un interprète et du schlagueur officiel, puis Gauchet, très pâle (il sort du block cellulaire). À la demande du commandant : “Qu’avez-vous fait comme sabotage” » aucune réponse. Alors commence la séance de schlague. Après quelques coups, Gauchet s’écrie : “Oui, j’ai mis du sable dans le moteur du camion !” Fin de la séance, tous les acteurs disparaissent… »
    De tous les Français du block 38, Michel Laidet est l’un des plus près du chevalet sur lequel Bertrand Gauchet est attaché pour être schlagué en cette journée du 11 juillet 1944 : « Le premier coup, notre camarade le supporte assez bien, mais les suivants le font hurler de douleur et, au quatrième, il demande grâce. Bien que j’aie assisté sur la grande place à des pendaisons et à des tortures comme celles-là, d’entendre les cris de ce camarade, et si près de lui, j’en frémis encore, surtout que nous savions que cet ancien boulanger était un blessé de la guerre 1914-1918 et que nous étions impuissants devant son drame. » Deux semaines après la fusillade du 11 octobre, Bertrand Gauchet fait partie du transport spécial vers Mauthausen, qui met fin aux enquêtes menées durant l’été par la Sonderkommission.
    Aux S. S. et à leurs polices, il reste en effet à écarter de Sachso les présumés dirigeants ou acteurs de la résistance clandestine demeurés au secret après la fusillade et, d’abord, ceux qui, de par leurs fonctions en savent trop. Tels les Allemands Hans Seigewasser, Heinz Junge, Hein Külckens, le Luxembourgeois Pierre Grégoire, etc. Avec eux douze Français : Félix Banquet, Raoul Bouchez, Jean Daubas, Léon Dupouy, Charles Pasquier, Gabriel Pasquiet, André Quipourt, Roger Peltant, Bertrand Gauchet, Clément Richard, Roger Sampic et Harry Schneck, accusés en bloc de sabotage et de résistance ; des Soviétiques, parmi lesquels le major Pigorov, responsable militaire du comité international de Sachsenhausen, qui prendra des fonctions analogues dans son nouveau camp.
    Le 25 octobre, ils sont cent deux à partit pour Mauthausen. En réalité, ils sont cent trois car, en dernière heure, le principal mouchard de la commission Cornely est ajouté à leur groupe. C’est le Lagerältester de l’époque, Kuhnke, un détenu allemand « asocial » au triangle noir. Pourquoi cette décision insolite ? Certains disent que devant la tournure prise par là guerre et en prévision d’éventuels retournements de situation, le commandant S. S. de Sachsenhausen a voulu donner des gages aux antinazis. Dans le même but, il aurait également averti des détenus allemands qu’il interviendrait en faveur de leurs camarades auprès du commandant de Mauthausen.
    Quoi qu’il en soit, dès son arrivée à Mauthausen, ce « transport » n’est pas conduit aux douches, ni immatriculé aussitôt comme c’est l’habitude. Il est isolé dans une baraque où chacun doit coudre sur ses vêtements de Sachsenhausen un rond rouge qui sert de cible. Mais le comité international qui anime la Résistance intérieure du camp de Mauthausen est en alerte. Il désigne un Français, Émile Valley, pour prendre contact avec les arrivants. Émile Valley accomplit sa mission. Il rapporte que le commandant

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