Sachso
renseignement et d’action dépendant des services, à Londres, de la France libre du général de Gaulle.
Après un séjour à Heinkel et au grand camp avec le matricule 63 216, de Brodsky, qui fait partie du groupe dit « des Tunisiens », est de ceux qui sont libérés de Sachsenhausen et astreints au travail prétendument « libre » dans des usines de Berlin. Ce qui lui permet de s’éclipser discrètement et de regagner la Résistance en France, puis à Alger où, en 1944, le bulletin des armées de la République publie un article de lui avec un plan du camp.
Les forces soviétiques atteignent l’Oder dès les premiers jours de février 1945 et occupent une importante tête de pont près de Kustrin, à soixante-dix kilomètres du camp. Dès lors, toute initiative du comité international n’est possible qu’en liaison avec cette armée alliée et n’aurait d’efficacité que par l’effet de surprise. Or cette liaison ne pourra être établie. Le déclenchement de la bataille de Berlin a lieu le 16 avril sans qu’aucune occasion propice autre qu’une action suicidaire se soit offerte. Le rôle primordial de la résistance étant d’empêcher le massacre général et l’initiative étant à nos bourreaux, on ne peut songer qu’à une action défensive bien organisée de la masse des détenus appuyant les groupes constitués militairement, nombreux mais presque sans armes efficaces, qui se lanceraient à l’assaut des miradors en prévention de toute tentative de liquidation que le service de renseignement aurait détecté.
Aux mitrailleuses braquées de tous les miradors, aux lance-flammes éventuels, ne s’opposent qu’une quarantaine de mousquetons et de revolvers, quelques grenades venues de Klinker avec celles récupérées à Lichterfelde, et les engins de fortune fabriqués avec les moyens du bord. Tant que le camp n’est pas coupé des ateliers, on a stocké de l’essence, de l’acide sulfurique et du chlorate de potasse pour faire des « cocktails Molotov ». Des fils de fer et des barres métalliques sont prévus pour court-circuiter les barbelés électrifiés, des couvertures et des planches de châlit pour franchir les enceintes ainsi neutralisées. Les anciens combattants d’Espagne, les prisonniers de guerre russes survivants et les F. T. P. français encadreraient la masse des déportés et tenteraient de gagner les dépôts d’armes S. S., les véhicules et les blindés de K. W. A. et du Depot Wald. Tous sont décidés à se battre si le combat leur est imposé mais, d’un commun accord, il faut maintenir intacte l’organisation jusqu’à l’extrême limite du possible.
C’est pourquoi tous s’ingénient à retarder au maximum l’évacuation sans aller jusqu’à l’affrontement. Il n’y a plus d’appel bien ordonné, la pagaille est systématiquement organisée pour contrer les tentatives des S. S. qui, cette fois-ci, veulent regrouper séparément les différentes nationalités. Les Français manœuvrent pour partir au dernier moment ; ils formeront la quasi-totalité du dernier groupe qui franchira la grande porte du camp à la nuit tombée le 21 avril 1945.
Au Revier, dernier bastion de la résistance à Sachso, le chirurgien Émile-Louis Coudert, le docteur Marcel Leboucher, trois médecins belges, un Norvégien et quelques autres refusent de quitter les quelque trois mille malades et impotents qui restent au camp. Ils seront protégés par une quarantaine de militants allemands armés, camouflés sous les baraques. Tandis que non loin canonnades et mitraillades retentissent, ils feront le coup de feu pour s’opposer à toute tentative des S. S. de mettre à exécution leur projet de détruire les baraquements.
Le lendemain 22 avril, un détachement d’éclaireurs soviétiques libère Sachso, tandis que des unités blindées de la 47 e Armée soviétique et des éléments d’infanterie de la 1 re Armée polonaise brisent les dernières unités S. S. qui s’accrochent à Oranienburg, cœur de leur repaire.
Avec toutes les armées alliées, avec les combattants sans uniforme de tous les pays occupés, avec leurs camarades de la Résistance en France, les résistants de Sachso ont finalement gagné contre le nazisme. Qui pourrait mieux résumer l’esprit d’inflexible résistance et le sens de la dignité caractérisant les Français de Sachso – ceux dont le nom a été retenu et ceux qui resteront anonymes – que ce
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