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Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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Encore une terrible explosion. Cette fois, tout s’ébranle. La fumée de l’explosif, la poussière, les débris des paillasses et des bois de lit nous recouvrent, nous aveuglent, nous étouffent. Le dortoir n’est plus qu’un amas de ruines. Je me dirige à tâtons vers la gauche où je crois me rappeler qu’existe une fenêtre. J’entrevois un filet de lumière. J’escalade la paroi derrière deux camarades. Me voilà dehors… Je réussis à gagner le petit bois voisin et m’allonge dans un trou de bombe. Quand l’orage de fer et de feu s’apaise, je cours vers le block pour sauver ceux qui sont restés ensevelis. La terre est jonchée d’éclats de verre, de débris de toutes sortes. Je m’aperçois, à ce moment-là seulement, que je suis nu-pieds. J’ai perdu mes sabots je ne sais plus quand. Avec des camarades, nous dégageons les tués, les blessés. Les uns n’ont plus de tête ou de ventre, les autres ont les bras ou les jambes arrachés. »
    Des incendies font rage. Dans le sous-sol où s’est réfugié Brunninghausen de Harven, les coups de massue des bombes ont écarté tout le monde des murs : « Plus personne ne souffle mot. C’est le grand silence des hommes dans la tourmente. Le pilier de béton contre lequel je suis adossé vacille. Une bombe est tombée sur notre block. Ordre est donné de sortir et de monter l’escalier en courant. Le dortoir est en feu, les flammes risquent de barrer les issues. Il faut faire vite. Dehors, nous voyons en face notre hall intact mais à notre grande joie, le hall 5 de montage des ailes brûle. D’énormes colonnes de fumée noire se tordent en montant vers le ciel… »
    L’attaque avec des engins explosifs et incendiaires a duré une quinzaine de minutes. Paul Jamain, soufflé par une bombe devant le hall 7 mais indemne, fonce vers le block de son frère André. Il est sauf. Puis il court vers le block 6 qui a souffert et où se trouve son autre frère, René. Il est également sain et sauf. Par contre, René Lortholary, un de leurs camarades de Rochefort, a la jambe fracassée et sera évacué vers le grand camp de Sachsenhausen, où le docteur Coudert le soignera.
    Rien à faire, hélas, pour Bellavoine, photographe de la rue du Terrage à Paris. Il a son pantalon en loques et une énorme plaie en haut de chaque cuisse. Certainement, l’artère fémorale est sectionnée. Il bouge encore la tête d’un côté a l’autre, avec des yeux de moribond…
    C’est dans le block 9, face au hall 5 et près de la cuisine, qu’il y a le plus de morts. L’aile du bâtiment en dur s’est affaissée sur le dortoir souterrain des détenus allemands, qui a pris feu. La plupart des occupants (détenus de droit commun au triangle vert) n’ont pu se dégager de la fumée et des flammes. L’odeur est infecte. Les corps calcinés, très raccourcis, commencent à être alignés sur le sol. On en remonte d’autres dans des couvertures.
    À proximité, il ne reste presque plus rien des trois baraques du Baukommando. Des planches achèvent de brûler. Quelques boîtes de conserve, gonflées par la chaleur, explosent. Tout est détruit, comme aux cuisines, qui ne sont plus qu’un amas de briques d’où émergent les grosses marmites autoclaves.
    À l’angle nord-ouest de l’enceinte du camp, il y avait un mirador en dur. L’escalier de bois de la tour de guet est accroché dans un arbre, à une quarantaine de mètres des barbelés et à sept ou huit mètres de haut. Le chapelet de bombes qui a volatilisé la tour est tombé sur le chemin que prenaient les civils allemands de l’usine pour gagner leurs abris dans les bois, à l’extérieur du camp. Il y a de nombreux morts et blessés sous les arbres. On retrouve la aussi les corps de quelques Vorarbeiter allemands à triangle rouge qui avaient pris au sérieux la nouvelle du matin et avaient essayé de profiter du bombardement pour s’évader. Ils portaient des vêtements civils sans numéros matricules. L’un avait même des bottes.
    Dans le camp, les premières corvées sont organisées pour le déblaiement et l’enlèvement des cadavres dans des chariots que l’on charge, même à la pelle, de restes humains. D’autres morts sont directement entassés dans des camions S. S. qui les emmènent au crématoire de Sachsenhausen.
    Combien de victimes au total ? Le chiffre officiel est de deux cent trente tués parmi les déportés, plus une trentaine chez les civils et les S. S. Il y a

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