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Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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profitent de la panique pour ramasser des paquets de margarine. Le chef de camp S. S. Heydrich, revolver à la main, tire sur eux. Gaston Bernard bondit jusqu’à l’escalier qu’il dévale. Dans la salle bondée, il parvient à s’asseoir le long d’une paroi avec Alain Bénot, Lucien Pruvost, Marcel Stiquel, Gicquel et quelques autres Français. Il écoute : « Une deuxième vague d’avions lâche ses bombes. Deux tombent sur notre cave, une autre juste derrière nous dans la galerie où sont les soupiraux. Nous sommes ensevelis sous les gravats. Une forte odeur de poudre se répand. Nous nous dégageons de l’éboulement et réussissons à nous hisser à l’extérieur par un trou vers lequel la lueur du jour nous a guidés. Une troisième vague de bombes nous fait coucher sur le sol. Puis, notre réflexe est de gagner la place d’appel, où nous ne risquons pas de recevoir des décombres sur la tête. Elle est complètement bouleversée par les cratères de bombes. Nous nous jetons dans ces entonnoirs. Un camarade pointe le doigt vers le ciel en direction d’autres avions. Je regarde et je me frotte les yeux. Je m’aperçois alors que j’ai perdu mes lunettes : je ne m’en étais pas rendu compte. »
    Sans s’en rendre compte lui non plus, Lucien Pruvost atterrit dans le même trou que Gaston Bernard en tenant toujours à la main le livre qu’il a pris pour s’occuper durant le temps d’alerte, La guerre des boutons, de Louis Pergaud.
    À l’appel du matin, au moment où les travailleurs de nuit (Nachtdienst) se croisaient avec les équipes de jour, le bruit avait couru que la radio de Londres annonçait le bombardement imminent de l’usine. Mais il circulait tellement de rumeurs que cette histoire avait paru bizarre à Gaston Naud qui en discutait encore avant d’aller se coucher avec ses camarades de la nuit.
    Maintenant, Gaston Naud, tiré des couvertures par les sirènes, est près d’une fenêtre de son baraquement. Le nez en l’air, il écoute le ronronnement des bombardiers. Trois escadrilles volant beaucoup plus bas que les autres formations arrivent du sud-ouest et foncent vers le nord. Personne n’a le temps de réaliser ce que cela comporte de coïncidences avec les nouvelles du matin ; dès le premier sifflement des bombes tous se jettent à plat ventre sur le plancher du block. Aux explosions s’ajoute le raffut des pièces de D. C. A. qui ceinturent l’usine. Bientôt, l’une d’elles se tait, touchée. Puis, tout le monde dans le block se sent soulevé du sol. La tension monte. Quelques-uns invectivent ceux qui bombardent, d’autres prient : un début de panique semble s’amorcer. Le chef de chambrée, un Polonais, fait irruption en criant : « Que personne ne sorte ! » Un calme relatif succède à l’avalanche des projectiles. Au signal de fin d’alerte, c’est la ruée au dehors pour savoir ce qui s’est passé.
    Chacun revit avec une peur rétrospective les moments du pilonnage. Dans les sous-sols, en face du hall 2, où les Allemands ont installé des machines à percer et à découper, Alex Le Bihan se croyait relativement en sécurité avec ses camarades : « Nous pensions avoir une bonne couche de ciment armé au-dessus de nos têtes, puisque l’usine avait été conçue au départ pour des ouvriers allemands. Il faut vite déchanter. Une explosion souffle le volet de fer d’un soupirail. Un gars allongé sur sa machine est balayé ; moi, je suis collé contre le pilier au pied duquel je me tenais. Mais ce qui me stupéfie le plus est de voir tous les autres entassés pêle-mêle contre le mur opposé à l’explosion. Il n’y a cependant pas de victimes. Par le volet arraché nous parvient plus fort le fracas des bombes, de la D. C. A. et celui des quelque deux mille cinq cents carreaux des panneaux vitrés du hall qui se brisent. »
    François Savary, lui, vit ce drame dans le sous-sol du block du hall 6 : « Brutalement, le sol, les murs, les châlits bougent, les lumières s’éteignent. Je plonge sous un lit. Nous crions sans pouvoir nous maîtriser. Puis, aussi brusquement, c’est le silence. Par miracle, notre block a été épargné. Une bombe a juste creusé un grand trou dehors, au ras du bâtiment. »
    Le dortoir en sous-sol de René Dupau est par contre sérieusement touché : « Je venais de m’allonger sur ma paillasse. La lumière s’éteint, les ventilateurs s’arrêtent, puis le block est violemment secoué.

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