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Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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nous restons trois jours. Qui sait si pendant ce repos Gosman ne se serait pas remis sur pied ? »
     
     
L’ENFER DES BOIS DE WITTSTOCK ET DE BELOW
    Dans cette marche de la mort, les mots eux-mêmes perdent leur sens. Le « repos » dans les bois de Wittstock et de Below est en réalité un véritable enfer pour les diverses colonnes de Sachsenhausen que les S. S. regroupent là, durant trois ou quatre jours, entre le 26 avril et le 2 mai pour les dernières. Des centaines et des centaines d’hommes y laissent leur vie.
    Sur le carnet de route qu’il tient à jour depuis le départ, René Prévost ne peut inscrire à cet endroit que quelques mots de désespérance et de désolation.
    Presque tous les détenus sont parqués entre Wittstock et Below, dans des bois de hêtres et de pins où se reconstitue en quelque sorte le camp de Sachsenhausen avec une vingtaine de milliers d’hommes. Il ne s’est écoulé que cinq à six jours depuis le départ mais pour la première fois des amis, des camarades de colonnes différentes se revoient. Et là, brusquement, chacun découvre sur le visage de l’autre les changements intervenus.
    Marcel Riquier arrive le 27 avril au soir dans le bois de Below, après une étape d’une vingtaine de kilomètres dans la journée : « Au-dessus de la forêt, une fumée bleue s’aperçoit de loin : c’est le camp. Nous retrouvons des camarades de Heinkel. Très fatigués, nous nous allongeons et nous nous roulons dans nos couvertures. Nous sommes sur le point de nous endormir quand Albert Hanset et Alphonse Lavieville viennent nous voit. Je trouve Albert terriblement changé et ne le reconnais même pas. Sa voix est blanche et nous nous embrassons les larmes aux yeux. Aucune idée à échanger sur la situation future. Eux sont là depuis deux jours et n’ont reçu pour toute nourriture que deux cuillerées de farine de seigle et dix grammes de pâté : une boîte pour cent ! Nous nous endormons dans une atmosphère trouble. Coups de feu… vols… batailles… jungle…
    « Samedi 28… Lever avec le jour. Alphonse vient nous chercher pour la corvée d’eau. Le trajet est long et nous épuise. La recherche de quelques pissenlits pour notre pitance se révèle infructueuse, même les orties sont introuvables !
    « Chacun désire faire quelque chose pour améliorer notre campement mais n’en a pas la force. Le courage est près de nous abandonner. Pourtant, il faut réagir si l’on veut survivre et ce qui compte est bien un abri. Nous commençons, au couteau, l’abattage d’un petit arbre. Nous accumulons des feuilles mortes pour nous faire un matelas et mâchons les quelques faines mises à jour.
    « La vue du campement le matin est lamentable. Des morts gisent çà et là, raidis dans la couverture où ils se sont endormis. Une charrette passe et les emporte mais d’autres vont encore tomber, que l’on ramassera lorsqu’on aura le temps… Avant la fosse, creusée à une centaine de mètres de nous, ils sont dépouillés des moindres loques présentant un certain intérêt pour les vivants… Plusieurs de nos camarades participent à la corvée “croque-mort”. Ils nous certifient que beaucoup de cadavres ont la partie postérieure des cuisses enlevée jusqu’aux fesses : véritable dépeçage fait au couteau. Le lendemain je vois moi-même ces cadavres. »
    Dans cette jungle, où l’isolé est voué à disparaître, Frédéric Esparza est responsable d’un groupe que dix camarades ont constitué pour s’entraider : « Je suis averti qu’il y a des cadavres que l’on ne peut laisser dans leur état. Cinq sont éventrés et l’on voit que des organes ont été arrachés… pour être mangés, sans aucun doute. Nous relevons leurs numéros. Il n’y a aucun Français parmi eux. Nous les enterrons en songeant à ces actes de cannibalisme, à la faim qui fait retourner l’homme à l’état de bête. »
    Les neuf de Heinkel du groupe d’Alex Le Bihan arrivent tous dans le bois de Below avec beaucoup de mal. Étienne Rabot se traîne depuis la veille et ne peut accomplir les derniers kilomètres qu’exhorté par ses camarades qui lui parlent des siens qu’il reverra bientôt. Alex Le Bihan n’en peut plus. Pourtant, il se met aussitôt à l’ouvrage :
    « Avec Cadec, nous montons une tente à l’aide de couvertures. Pour toute nourriture, on nous donne une cuillerée à soupe de farine par jour et une boîte d’un kilo de bœuf pour

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