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Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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sur la place et, sitôt le montage des baraques terminé, nous reprenons le chemin du Sonderlager. »
    Dernier kommando enfin dans la forêt, le plus éloigné du camp : Fichtengrund. D’effectif variable, il compte de cinquante à cent détenus, dont la mission est d’édifier une cité de maisons individuelles pour les officiers S. S. et leurs familles. Il y a donc autant de kolonnes que de grands corps du bâtiment : la kolonne des peintres, celles des menuisiers, des charpentiers, des électriciens, des terrassiers (les plus nombreux), etc.
    Robert Basque est l’un de ces hommes, qui partent chaque matin avec le long cortège des équipes du Waldkommando et se retrouvent les derniers au bout de quelque quatre kilomètres :
    « Nous sommes à environ deux cents ou trois cents mètres devant la ligne des postes de garde ceinturant les installations militaires du Waldkommando. Nous voyons même la route qui borde la forêt à son extrême nord. C’est une situation tout à fait exceptionnelle et, quand un Français, Alex Luntz et un Luxembourgeois, Paul Muller, parviendront à s’évader, c’est d’ici qu’ils le feront, après s’être joints à la kolonne des électriciens de Fichtengrund.
    « Les maisons que nous édifions sont à double cloison de bois, avec laine de verre interposée. C’est l’équipe des peintres, surtout composée de Norvégiens, qui achève le travail. Elle est dirigée par un Vormann à triangle vert se prénommant Karl. Le Vorarbeiter qui règne sur le kommando est Hans, surnommé le Roquet parce qu’il est petit, qu’il court et hurle constamment. Ce sont surtout des Polonais, des Russes et des Norvégiens qu’il a sous ses ordres. Il y a très peu de Français et de Belges avec moi… »
     
     
HEINKEL, L’USINE-CAMP
    Heinkel est le plus important des kommandos extérieurs d’Oranienburg-Sachsenhausen avec six mille à sept mille détenus en permanence. À l’arrivée des premiers convois de Compiègne en janvier et mai 1943, c’est là que les plus forts contingents de Français sont envoyés. Cette époque coïncide avec la transformation du kommando en camp-annexe, ce qui explique que, dès le départ, la « présence française » marque d’une façon toute particulière la vie chez Heinkel.
    Sur un « état des détenus au camp de travail Heinkel » dressé par les Allemands eux-mêmes, le 13 février 1945 (et conservé maintenant au Centre international de la Croix-Rouge à Arolsen) on ne relève les noms que de 979 Français. Mais en février 1943, ils sont déjà plus d’un millier, si bien qu’avec les pertes très lourdes du début, les apports et les départs qui se sont succédé en deux ans, on peut estimer à quelque trois mille le nombre total des Français passés à Heinkel. L’histoire du camp montre que, sans y détenir ni la majorité, ni des postes-clés, les Français y ont eu une influence indéniable par leur organisation, leur solidarité, leur esprit de résistance.
    À d’autres titres, Heinkel est encore révélateur. C’est un cas typique de l’usine-camp de concentration. Bien souvent la main-d’œuvre bon marché livrée par les S. S. aux grands industriels est parquée à proximité de leurs établissements, mais en dehors. Ici, l’usine et le camp ne font qu’un. Les barbelés électrifiés, les miradors ceinturent le vaste espace boisé où alternent les blocks des déportés et les halls de fabrication du constructeur d’avions Ernst Heinkel.
    Ce kommando – par les mésaventures du bombardier Heinkel 177 que l’on y construit et qui sera finalement abandonné – est enfin significatif des résultats conjugués des sabotages des déportés et des bombardements des Alliés pour contrecarrer les projets nazis. Aussi ne faut-il pas s’étonner, si, dans le chapitre ultérieur de la Résistance, il sera souvent question d’Heinkel.
    Par un curieux hasard, l’usine Heinkel d’Oranienburg voit le jour en même temps que le camp d’Oranienburg-Sachsenhausen, en 1936, et dans le même décor de terrains sablonneux couverts de pins. Ce sont les bois de Germendorf, un village à une dizaine de kilomètres au sud-ouest d’Oranienburg. En 1937, les travaux étant menés tambour battant, l’inauguration se fait en grande pompe sous le signe de la guerre que les maîtres du Reich préparent activement.
    L’usine ultra-moderne fabriquant d’abord le He-111 reçoit la mission de construire le seul bombardier

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