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Sämtliche Werke

Titel: Sämtliche Werke Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Heinrich Heine
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irez loin!« Je ne doute pas qu’elle ne m’ait donné un bon coup d’épaule, en faisant la propagande de mes talents dans tout le faubourg Saint-Jacques et les rues adjacentes. C’est par les femmes que les réputations se font à Paris.
    Quelque grande que soit ma gratitude envers elle, je suis pourtant forcé d’avouer avec franchise que dans mon entretien avec mademoiselle Joséphine je m’aperçus que la pauvre fille était très ignorante, et qu’elle ne connaissait même pas les notions ethnographiques les plus élémentaires. Elle ignorait, par exemple, que la ville de Hambourg est une république comme autrefois Athènes, et qu’elle est située près d’Altona, où se trouve le tombeau de Klopstock. Elle ne savait guère non plus quelle différence il y a entre les Prussiens et les Russes, entre la schlague et le knout. Elle s’imaginait que l’astronomie était une invention de M. Arago, et quand je lui appris que la terre, le globe que nous habitons, tourne continuellement autour du soleil, elle s’écria: »Quelle horreur! la seule idée d’un tel tournoiement me donne le vertige!« Son corps grêle et délicat frémit comme un tremble, et elle reprit: »Qui vous a donc dit que la terre tourne autour du soleil!« Quand je répondis que c’était un Polonais nommé Copernic, elle haussa les épaules et s’écria: »Un Polonais? alors je n’en crois pas un mot. Il faut toujours se méfier de ce que disent les Polonais; ils n’ont pas inventé la vérité. Vous autres Allemands, avec votre profond savoir, vous êtes trop crédules. Est-ce que chez vous les femmes aussi croient à ces billevesées d’un tournoiement de la terre qui font en même temps tourner le cœur? alors elles sont probablement moins nerveuses que nous, Françaises, et elles peuvent aussi, pour cette raison, supporter des études plus fortes; on m’a dit que les Allemandes sont mille fois plus instruites que nous, et qu’elles savent par cœur toutes les momies d’Égypte. En vérité, nous autres jeunes personnes en France sommes mal éduquées, nous n’apprenons rien du tout, et moi qui vous parle, voyez-vous, je n’ai reçu aucune instruction: tout ce que je sais de l’histoire naturelle je l’ai appris de moi-même.«
    En flatteur galant je taxai d’exagération ces aveux d’ignorance nationale, et j’allai même jusqu’à rabaisser un peu outre mesure l’instruction des demoiselles allemandes. Je soutins qu’elle n’était pas aussi parfaite qu’on se le figure à l’étranger qu’elle était même très défectueuse, et que, par exemple, j’avais vu dans ma patrie des jeunes filles soi-disant bien élevées qui ne savaient pas chanter les chansons grivoises de Béranger! »C’est impossible!« s’écria mademoiselle Joséphine.
    Je me souviens aujourd’hui, à propos de cette excellente personne, des paroles de Méphistophélès qui, en faisant boire à Faust de la coupe enchantée, lui dit: »Avec ce breuvage dans le ventre, tu prendras chaque cotillon pour une Hélène.« La nouveauté du genre est le philtre qui opère le même charme sur tout Allemand nouveau débarqué à Paris. Il raffole du minois de la première grisette venue, comme il est ravi de la cuisine du plus mauvais gargotier du Palais Royal où l’on dîne à deux francs par tête. Mais ce sont pour lui de nouveaux mets avec des sauces étrangères. Plus tard on a des nausées en se rappelant d’avoir avalé cette ratatouille équivoque et ultra-épicée; car nous avons dîné depuis dans des restaurants de bonne compagnie, avec des dames de bonne compagnie, et nous y avons appris à apprécier ces plats à la fois piquants et simples qui sont cuits à point, arrangés avec art, parfois un peu faisandés, mais toujours d’un goût exquis.
    Le soir du même jour que j’avais visité la Grande Chaumière, où je vis les grands hommes de France encore dans l’état embryonique, un de mes compatriotes qui était déjà répandu dans le monde, m’introduisit dans un local qui avait quelque analogie avec celui dont je viens de parler. Le sexe féminin y était en majorité. C’est là que je fis la connaissance d’un grand homme qui alors était arrivé à l’apogée de sa grandeur. Depuis, sa célébrité a baissé, mais en France rien n’est stable, et les grands hommes s’éclipsent bien vite; ils arrivent pour disparaître.
    *
    Ich sah auch nicht Herrn Villemain; seine Wirtschafterin sagte mir, daß er nicht zu

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