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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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d’abus de biens sociaux : depuis plusieurs années, Julian Lawrence détournait les bénéfices de l’hôtel, dont il se servait pour garantir des prêts destinés à financer sa quête obsessionnelle des cartes. Plusieurs objets wisigoths de grande valeur, issus de fouilles illégales, furent retrouvés. On découvrit dans son coffre-fort des relevés retraçant en détail ses excavations dans la propriété, ainsi que des carnets entiers de notes au sujet d’un jeu de tarot. Quand Meredith avait été interrogée, en novembre 2007, elle avait avoué posséder une reproduction du même jeu, mais avait précisé que l’original avait sans doute été détruit lors de l’incendie de 1897.
    Hal avait vendu le Domaine de la Cade en mars 2008, car l’affaire était criblée de dettes. Il avait apaisé ses fantômes. Il était prêt à aller de l’avant. Mais il était resté en rapport avec Shelagh O’Donnell, qui vivait maintenant à Quillan ; elle leur avait appris qu’un couple anglais avec deux enfants adolescents avait racheté le Domaine de la Cade et en avait fait l’un des hôtels familiaux les plus florissants du Midi.
    — Alors, mesdames et messieurs, merci d’applaudir Meredith Martin.
    Il y eut un tonnerre d’applaudissements, sans doute parce que Mark avait arrêté de parler, se dit Meredith.
    Elle inspira profondément et se leva.
    — Merci de m’avoir aussi gentiment présentée, Mark. Je suis ravie d’être ici ce soir. La genèse de ce livre, comme certains d’entre vous le savent, provient d’un déplacement que j’ai fait alors que je travaillais sur ma biographie de Debussy. Mon enquête m’a menée jusqu’à une ravissante petite ville des Pyrénées appelée Rennes-les-Bains et, de là, à faire des recherches sur les origines de ma propre famille. À travers ces mémoires, j’ai tenté d’apaiser les fantômes du passé. (Elle se tut un instant.) L’héroïne de ce livre s’appelle Léonie Vernier. Sans elle, je ne serais pas ici aujourd’hui. (Elle sourit.) Mais ce livre est dédié à Mary, ma mère. Comme Léonie, c’est une femme formidable.
    Meredith vit Hal passer un mouchoir en papier à Mary, assise au premier rang entre lui et Bill.
    — C’est Mary qui m’a fait découvrir la musique. C’est elle qui m’a encouragée à toujours poser des questions et à ouvrir mon esprit à toutes les possibilités. C’est elle qui m’a appris à m’obstiner, même quand je traversais une période difficile. Et surtout, dit-elle en prenant un ton plus léger, ce qui tombe à pic, vu la date, c’est Mary qui m’a appris à faire les plus belles lanternes de Halloween !
    La foule de parents et d’amis éclata de rire.
    Meredith attendit, nerveuse mais excitée, que le silence revienne dans la salle. Elle ouvrit le livre et se mit à lire :
     
    Cette histoire commence dans une cité d’ossuaires. Dans les allées de la mort. Sur les avenues, les promenades, les impasses silencieuses du cimetière de Montmartre à Paris, au milieu des tombes, des anges de pierre, des âmes errantes de ceux qu’on oublia avant même que le froid du tombeau les eût saisis.
     
    Tandis que ses paroles flottaient vers le public et rejoignaient toutes les histoires narrées en cette nuit de Halloween, les bruits rassurants du vieil immeuble accompagnaient la voix de Meredith. Des chaises grinçant sur le parquet de bois, la vieille tuyauterie crachotant dans le plafond, le vacarme des klaxons dans la rue, la respiration sifflante du percolateur. Des notes de piano montaient du bar voisin. Des notes noires et blanches s’insinuant sous les plinthes, les lattes du parquet, les recoins cachés entre le plancher et le plafond.
    Meredith ralentit le débit en parvenant à la fin de sa lecture.
     
    Car à la vérité, cette histoire commence non par les ossuaires d’un cimetière parisien, mais par un jeu de cartes.
    Le tarot Vernier.
     
    Il y eut un moment de silence, puis les applaudissements crépitèrent.
    Meredith se rendit compte alors qu’elle avait retenu son souffle, et soupira de soulagement. Parmi ses amis, sa famille, ses collègues, elle crut un instant apercevoir une jeune fille aux longs cheveux cuivrés et aux yeux vert clair qui lui souriait du fond de la salle.
    Meredith répondit à son sourire. Mais lorsqu’elle regarda à nouveau, il n’y avait personne.
    Elle songea à tous les fantômes qui avaient touché sa vie. À Marguerite Vernier dans le cimetière de

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