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Sépulcre

Sépulcre

Titel: Sépulcre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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d’architectes, Meredith s’indigna que Paris ait rendu un aussi piètre hommage à l’un de ses plus glorieux enfants.
    Elle rejoignit le populeux boulevard des Batignolles. Dans toute la littérature qu’elle avait lue sur le Paris des années 1890, celui de Debussy, on le décrivait comme un endroit dangereux, mal fréquenté, à l’écart des grands boulevards et des avenues. Un de ces quartiers mal famés, à éviter.
    Elle poursuivit sa route jusqu’à la rue de Londres, où Gaby et Debussy avaient loué leur premier appartement en janvier 1892, mais là aussi elle fut déçue, et rien ne vint nourrir son secret désir de nostalgie.
    Quand elle s’arrêta là où l’immeuble de Debussy aurait dû se trouver, elle recula d’un pas, sortit son carnet pour vérifier qu’il s’agissait du bon numéro, puis fronça les sourcils, dépitée.
    Décidément, ce n’est pas mon jour, songea-t-elle.
    Durant les cent dernières années, l’immeuble avait dû être englouti par la gare Saint-Lazare qui n’avait cessé de s’étendre en mordant sur les rues avoisinantes. Il ne restait plus aucun lien entre le passé et le présent. Et rien non plus qui mérite d’être photographié. Juste une absence.
    Meredith repéra un restaurant situé de l’autre côté de la rue, Le Petit Chablisien. Elle avait faim. Surtout, elle avait envie de déguster un petit ballon de bon vin rouge.
    Elle traversa la rue pour regarder le menu écrit à la craie sur une ardoise, calée contre un chevalet. De modestes rideaux en dentelle couvraient le bas des fenêtres, cachant l’intérieur du restaurant. Elle saisit la poignée en cuivre, et la porte s’ouvrit en faisant tinter une clochette. Un serveur l’accueillit aussitôt, ceint d’un tablier blanc.
    — Pour manger ?
    Meredith hocha la tête et il l’escorta jusqu’à une table pour une personne, disposée dans un coin. Sur la nappe en papier, le couvert était mis, et on y avait déjà posé une carafe d’eau. Elle commanda le plat du jour et un verre de Fitou.
    Tout en mangeant, Meredith regarda les photographies en noir et blanc accrochées au mur. Des images du quartier dans l’ancien temps, l’équipe du restaurant posant fièrement en devanture, les serveurs moustachus avec leurs cols empesés, le patron et son imposante épouse au centre, dans leurs habits du dimanche. Un cliché montrant de vieux trams passant dans la rue d’Amsterdam, un autre, récent, de la fameuse tour d’horloges dressée sur le parvis de la gare Saint-Lazare.
    Mais surtout, ô ravissement, une photographie qu’elle reconnut entre toutes. Au-dessus de la porte qui menait aux cuisines, à côté du portrait d’une femme accompagnée d’un jeune homme et d’une petite fille à la lourde chevelure, il y avait une reproduction de l’une des plus fameuses photographies de Debussy, prise à la Villa Médicis à Rome en 1885, quand il n’avait que vingt-trois ans. Les cheveux coupés court, une ombre de moustache, il fixait l’objectif d’un regard noir, avec l’air ombrageux qui lui était coutumier. Meredith avait d’ailleurs l’intention de mettre cette photo comme illustration au dos de son livre.
    — Il habitait dans cette rue, dit-elle au serveur tout en tapant son code de carte bancaire, et elle désigna la photo. Claude Debussy. Juste là.
    Le serveur haussa les épaules d’un air indifférent, mais quand il vit le pourboire qu’elle lui laissait, son œil s’alluma et il lui sourit.

11.
    Le reste de l’après-midi se déroula comme prévu.
    Meredith fit le tour des adresses qui figuraient sur sa liste et, lorsqu’elle revint à l’hôtel à 18 heures, elle avait visité tous les lieux de la capitale où Debussy avait vécu. Elle prit une douche, se changea, mit un pantalon blanc et un pull bleu pâle. Après avoir transféré les photos de son appareil numérique sur son ordinateur, elle vérifia son courrier – toujours pas de nouveau versement –, dîna légèrement à la brasserie d’en face, puis termina la soirée en prenant au bar de l’hôtel un cocktail qui se révéla excellent malgré sa couleur verdâtre peu appétissante.
    De retour dans sa chambre, elle eut envie d’entendre une voix familière et appela chez elle.
    — Coucou, Mary. C’est moi.
    — Meredith !
    Le ravissement qu’elle entendit dans la voix de sa mère l’émut. Elle se sentit soudain très seule et très loin de tout.
    Malgré le coût des unités téléphoniques qui

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