Serge Fiori : s'enlever du chemin
de coïncidences
historiques, physiques, ésotériques et mathématiques, le
chiffre sept est généralement considéré comme un « chiffre magique ». Michel répertorie tout ce qui le concerne et
s’intéresse aux ouvrages en lien avec le chiffre : La Cosmogonie d’Urantia, avec ses sept niveaux de conscience, le Traité des Rose-Croix , la Bible et Les sept portes du ciel .
C’est dans la maison qu’il vient d’acheter avec Michel
Rivard, à Saint-Césaire, que Serge commence l’écriture de
l’album. C’est une maison que les deux hommes n’auront
pas partagée très longtemps : la cohabitation prolongée
s’est vite révélée impossible. Serge se montre complètement désorganisé et distrait ; il se lève tard et reste éveillé
toute la nuit. Ses gaucheries se multiplient et il accumule
gaffe sur gaffe, ce qui met la patience de Michel Rivard à
rude épreuve, lui qui est matinal, organisé et plutôt rangé.
Fiori se lève parfois à trois heures de l’après-midi et descend à la cuisine, où les membres de Beau Dommage sont
en réunion de travail, traverse la pièce, l’air un peu zombie,
accoutré de sa salopette à moitié détachée, se met en frais
de se préparer du café qu’il renverse ou fait déborder. Réal
Desrosiers, qui le connaît très bien, constate qu’il n’a pas
beaucoup changé au cours des années et s’amuse beaucoup de la situation, tandis que les autres l’observent avec
curiosité, l’air de se dire : mais quelle bibitte !
Un matin, alors qu’ils se préparent pour une session de
travail, Serge et Michel décident de se cuisiner des crêpes.
Rivard se souvient soudain qu’il doit aller passer un coup
de fil, aussi déposent-ils la préparation pour crêpes dans
un contenant de plastique pour s’en servir plus tard. Michel quitte la cuisine et Serge, qui doit aller s’occuper de
ses chiens, dépose le contenant sur le poêle à bois allumé.
La préparation pour crêpes et le plastique du contenant
fondent – bien sûr –, s’amalgamant pour former une masse gonflée, informe et gluante, qui dégouline le long des
parois du poêle, et dont l’odeur, de même que l’apparence,
sont répugnantes. Quand Michel revient dans la cuisine et
constate le dégât, il sort de la maison et, très calmement,
lance à Serge : « Écoute, Serge, j’en peux plus. Ça… ça ne
marchera jamais, nous deux. Je t’aime beaucoup, mais… »
Michel se doutait bien qu’il y aurait quelques ajustements à faire en emménageant avec Fiori. Mais là, la situation vient d’atteindre un point de non-retour. C’est malgré
tout avec un grand respect et de façon très fraternelle que
Michel et Serge se mettent d’accord pour que Fiori conserve la maison, alors que Rivard reviendra vivre à Montréal.
« De toute façon, laisse tomber Serge, j’ai l’intention de faire un studio dans la maison. » Michel Rivard retourne donc
à la ville, où il lui sera plus facile de travailler.
Quand il est chez Michel Normandeau et Pierre Labonté, Fiori s’affaire à l’étage, dans une espèce de grand loft,
un espace idéal pour le musicien. Il se sent bien auprès de
Pierre, cet homme zen qui l’aide à garder les deux pieds
sur terre. Locat leur rend parfois visite et fait de la musique avec eux ; pendant que Michel et Serge travaillent au
concept et aux paroles de ce qui deviendra l’heptade, des
mélodies se dessinent lorsqu’ils jouent tous ensemble.
C’est lors d’un soir de relâche que Serge file à Magog, au
Café du quai, pour y donner un spectacle. Il y rencontrera
pour la première fois Richard Séguin et sa compagne de
vie, Marthe.
Séguin a adopté quelque temps plus tôt la région des
Cantons-de-l’Est ; il s’y sent chez lui, séduit par la nature
autant que par le bouillon de culture que la région représente.
« À l’âge de dix-huit ans, raconte Richard Séguin qui
évoque cette période, je me suis retrouvé sur la route qui
mène à Saint-Benoît-du-Lac. Je marchais pour me rendre
au monastère lorsque j’ai aperçu, à la limite d’un champ
d’épilobes, une vieille grange dont la façade était ornée
d’un énorme signe Peace . J’ai décidé de m’y arrêter. J’avais
en tête les chansons de Bob Dylan et des Byrds et ce symbole, Peace , je l’avais moi-même collé sur mon étui de guitare. J’ai fait alors la rencontre de Richard Pouliot : il m’a
dit que
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