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Serge Fiori : s'enlever du chemin

Serge Fiori : s'enlever du chemin

Titel: Serge Fiori : s'enlever du chemin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Thériault
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leur talent. «   Ce
sont des moments que tu ne revivras plus dans ta vie. Le
fait de se retrouver avec des gens qui vivent pour chanter, qui écrivent ces choses, de voir qu’il y a quelqu’un, là,
qui connaît si bien les voix, c’est énorme   ! Qu’est-ce que
tu veux de plus   ? Je n’en étais pas autant consciente que
maintenant   ; je commençais dans ce métier, j’avais vingt-deux ans   !   » Monique se montre très impressionnée par
les idées de Serge, et par son processus pour laisser libre
cours à l’imaginaire quand il écrit. Il possède cette intuition qui lui permet de déterminer si telle pièce va marcher   ;
il a cette aptitude à juger les mélodies, les suites qui vont
fonctionner. La jeune femme admire sa confiance en lui et
le trouve hyper talentueux. Serge lui explique simplement
cette intuition   : elle vient, comme on l’a déjà vu, de la répétition et de l’improvisation.
    Lorsqu’elle doit quitter cette atmosphère musicale, Mo
nique n’a pas le goût d’aller ailleurs ou d’expliquer à ceux
qui sont étrangers à la création de l’heptade, ce qu’elle a
vécu. Elle souhaite revenir le plus vite possible au studio
ou à la maison de Saint-Césaire. Elle a du mal à admettre
que ça y est, l’aventure est terminée. Heureusement pour
elle, certaines voix n’ont pas été enregistrées à Saint-Césaire   ; il reste des bouts de chansons à faire avec elle et avec
Pierre Bertrand. Invitée à venir enregistrer au studio d’André Perry, Monique voit l’aventure se poursuivre encore un
peu, pour son plus grand plaisir. Contre toute attente, on
lui offre de rester jusqu’à la fin de l’enregistrement.
    Serge doit interpréter Le corridor , mais comme on l’a vu
plus tôt, il doute de la pertinence de faire lui-même cette
chanson. Toutefois il a du mal à s’en détacher, à la laisser
aller. Il tente de trouver l’émotion juste, la tonalité parfaite   ; rien n’y fait. La petite voix à l’intérieur de lui se fait plus
insistante, et il finit par l’écouter   ; il annonce à Louis qu’il
ne chantera pas cette chanson, qu’elle doit l’être par une
femme, et il décrète que ce sera Monique qui la chantera.
C’est un gros changement pour Harmonium. Le groupe
fait silence et Serge demande à Monique, qui est assise sur
un petit sofa, au fond du studio, si elle ne voudrait pas essayer de chanter Le corridor . Malgré sa gêne, elle cède à un
élan irrationnel, un quelque chose qui la pousse envers et
contre tout à accepter. Sans trop connaître la pièce, elle fait
une première tentative. Michel lui revient bientôt avec une
copie instrumentale qu’elle peut apporter chez elle afin
de se préparer. Ensemble, ils fixent un temps d’enregistrement en studio.
    Lorsqu’elle est de retour, quelques jours plus tard, Mo
nique se déclare prête. Serge l’attend avec les autres. Il se
souvient avec une grande précision de cette journée bien
spéciale   : «   Elle est entrée dans le studio, silencieuse, elle
était si transparente qu’elle était bleue   ! Elle s’est installée derrière le micro, a étalé ses notes, puis nous a regardés. Monique est l’une des plus grandes oreilles que j’ai
connues. Elle entend tout, de façon séparée. Toutes les
partitions, les notes. C’est une Locat de la voix   ! Elle connaît
ses textes par cœur. Sur sa toute petite tête, on lui met de
gros écouteurs. Avec les gros, gros écouteurs, son tout petit
visage, ses longs cheveux de chaque côté, on voit juste son
nez, c’est drôle   ! Et soudain, elle part l’intro. C’est comme
si j’étais fait en miroir et que tranquillement, je me mettais à craquer, à fendiller. Lachance, Louis et moi, on est
bouleversés   ! Je pleure. Monique a fait la prise parfaite. Ce
qu’on retrouve sur l’album, c’est exactement ce qu’on a
enregistré ce jour-là. Mais pour elle, ce n’était pas assez. Si
je l’avais écoutée, on aurait fait deux semaines de prises,
tellement elle est perfectionniste.
    —
Serge, ici, j’ai pas dit danser, j’ai dit “danser”.
    —
Ben tu viens de dire la même affaire   !
    —
Non, c’est pas pareil.
    —
Ben oui, Monique, c’est pareil, arrête.
    —
Pis là, j’ai pas dit une âme, j’ai dit “une âme”.
    —
C’est la même chose, je ne comprends pas ce que tu dis   !   »
    Arrive finalement le moment d’enregistrer la dernière
chanson, L’exil . Serge

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