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Services Spéciaux - Algérie 1955-1957

Services Spéciaux - Algérie 1955-1957

Titel: Services Spéciaux - Algérie 1955-1957 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Aussaresses
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Algérie de soixante à cent mille hommes. Des instructions drastiques furent données pour ecraser la rébellion, notamment en autorisant les bombardements aériens auxquels, jusque-là, on s’était oppose. En même temps, Paris, secrètement, prit la décision de liquider les chefs du FLN par tous les moyens, y compris en utilisant les services spéciaux.
    Le colonel de Cockborne venait d’être nommé attaché militaire à Rome et c’était beaucoup mieux comme ça. Je suppose qu’il avait pressenti a quelles extrémités nous allions être conduits et qu’il ne souhaitait pas assister à la mise en route de l’engrenage. Son adjoint, le colonel Georges Mayer, le remplaça.
    C’était un blond costaud qu’on surnommait Prosper, à cause des succès féminins qu’on lui prêtait. La jolie Simone, son épouse, originaire d’une famille française du Maroc, ne semblait pas s’offusquer de ce surnom. Elle, c’était Monette.
    Mayer était l’un des plus vieux parachutistes de l’armée française, ce qui ajoutait du prestige à sa prestance naturelle. À sa sortie de Saint-Cyr, avant guerre, il avait été volontaire pour être affecté à l’une des deux compagnies d’infanterie de l’air, des unités nouvelles qui n’avaient vu le jour qu’en 1937 et qui s’étaient illustrées au cours de la campagne de France, en Alsace et dans les Vosges. Ensuite, Mayer avait servi en Indochine.
    J’eus le sentiment qu’il serait moins regardant que son prédécesseur sur les moyens à utiliser pour vaincre le FLN.
    Le 18 juin 1955, une série d’incidents terroristes se produisirent à Philippeville. J’ai ressenti cette vague inopinée d’attentats comme une offense personnelle et une provocation. J’avais appartenu aux services spéciaux de la France libre qui faisaient partie de l’état-major particulier du Grand 28 . De ce fait, des incidents un 18 juin, ce n’était pas convenable.
    De plus, j’étais officier de renseignements, maintenant. Or, rien ne m’avait permis de prévoir les troubles qui venaient de se produire. Pour un officier de renseignements, un imprévu c’est très humiliant.
    À divers endroits de ta ville, sept bombes avaient explosé à la même heure. Des groupes isolés s’en étaient pris aux passants européens, à coups de feu, a l’arme blanche ou au bâton. Des voitures avaient été incendiées ainsi que des devantures.
    La police, la gendarmerie et la demi-brigade, au prix d’accrochages parfois assez sérieux, avaient pu prendre assez rapidement te contrôle de la situation.
    Un pied-noir qui se promenait dans la rue avait été abordé par un musulman. Ils se connaissaient bien. Pourtant, le musulman lui avait fendu le crâne a coups de hache. Alexandre Filiberti, le chef de la sureté urbaine, s’était rendu au chevet du blessé qui lui avait soufflé à l’oreille le nom de l’agresseur. Le renseignement m’étant parvenu, nous l’avions presque aussitôt arrêté pour commencer à l’interroger. Je voulais absolument savoir si ces attentats étaient commandités par une organisation et quels en étaient les membres.
    Il était important qu’il parle parce que cette flambée de violence nous avait surpris. De tels incidents pouvaient se renouveler à tout moment, et Dieu sait ou. Et d’autres bombes exploser dès le lendemain. Le plus odieux de l’histoire, c’était qu’on ne s’en était pris qu’aux civils. Il fallait absolument que je sache qui était capable de donner des ordres pareils.
    L’homme refusait de parler. Alors, j’ai été conduit a user de moyens contraignants. Je me suis débrouillé sans les policiers. C’était la première fois que je torturais quelqu’un. Cela a été inutile ce jour-là. Le type est mort sans rien dire.
    Je n’ai pensé à rien. Je n’ai pas eu de regrets de sa mort. Si j’ai regretté quelque chose, c’est qu’il n’ait pas parlé avant de mourir. Il avait utilisé la violence contre une personne qui n’était pas son ennemie. Quelqu’un qui avait juste le tort de se trouver là. Un responsable, même un militaire, j’aurais pu comprendre. Mais là, un quidam de Philippeville, et de connaissance, par surcroît. Je n’ai pas eu de haine ni de pitié. Il y avait urgence et j’avais sous la main un homme directement impliqué dans un acte terroriste : tous les moyens étaient bons pour le faire parler. C’étaient les circonstances qui voulaient ça.
    Après la mort de ce prisonnier,

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