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Services Spéciaux - Algérie 1955-1957

Services Spéciaux - Algérie 1955-1957

Titel: Services Spéciaux - Algérie 1955-1957 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Aussaresses
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j’ai pressé mes informateurs de me dire ce qui se passait à Philippeville. Un groupe armé s’était-il constitué dans la ville ? J’ai fini par apprendre que les vrais chefs se cachaient dans le maquis, dans les rochers, les broussailles, les grottes. D’avion, on ne pouvait rien voir. Les roquettes, les bombes, l’artillerie seraient impuissantes à les déloger.
    Au début du mois de juillet 1955, alors que le général Lorillot venait de prendre le commandement en chef des troupes françaises en Algérie, l’Oranie était tranquille, les attentats avaient presque cessé dans l’Algérois, le FLN ne se manifestait plus que par quelques actions ponctuelles. Seuls les Aurès et le Constantinois dans son ensemble demeuraient des zones difficiles. Comme c’était là qu’il était le mieux implanté, le FLN y mit en œuvre un régime de la peur et de la terreur destiné à favoriser la répression et à entraîner une population attentiste,
    Vers le 20 juillet, j’ai eu la certitude qu’il existait une importante concentration de rebelles dans des zones boisées inaccessibles autour de Philippeville. Entre trois et cinq mille hommes, fellaghas et civils mêlés. Certains d’entre eux venaient des environs immédiats de Philippeville, d’autres du département voisin. J’ai activé mon réseau et effectué des recoupements. Un travail fastidieux.
    En bonne logique, les rebelles devaient se nourrir. Ils étaient isolés. Ils n’avaient pas de parachutages ni de convois pour se ravitailler. Donc, ils devaient trouver de la nourriture à Philippeville. Aidé par la sûreté urbaine, je fis le tour des épiceries.
    Mohammed, l’épicier mozabite 29 qui jusque-là vendait un sac de semoule tous les trois jours, venait d’en vendre cinquante d’un coup. C’était louche.
    Plus inquiétant encore : un homme était arrivé dans une pharmacie et avait acheté plusieurs dizaines de boîtes de pansements.
    Les recoupements m’amenèrent à la conclusion que, le 20 août 1955 à midi, le FLN lancerait une attaque massive et frontale de quelques milliers d’hommes contre Philippeville.
    Zighoud Youssef, chef de la zone du Nord-Constantinois, avait décidé de mener une action spectaculaire et sanglante à l’occasion du deuxième anniversaire de la déposition de Mohamed V 30 , sultan du Maroc. En même temps, il entendait appuyer la motion qui avait été déposée à l’ONU par sept pays afro-asiatiques, dont l’Inde, en faveur de l’indépendance de l’Algérie.
    Cette attaque devait être combinée avec une action de commandos. Ceux-ci prendraient position dans des caves de la ville quelques jours avant l’offensive. L’idée du haut commandement du FLN était de prendre en otage une ville moyenne d’Algérie.
    Je sus plus tard que, le même jour et à la même heure, ils voulaient s’emparer d’une ville marocaine. Ils avaient choisi Oued Zem. Il s’agissait de montrer au monde entier que les mouvements nationaux du Maghreb étaient solidaires et capables de mener des actions concertées.
    En Algérie, les rebelles n’avaient pas les moyens d’investir une ville importante, encore moins de mener une attaque générale. S’en prendre à Philippeville était donc une bonne solution. C’était un port très animé et l’affaire ne risquait pas de passer inaperçue.
    Un mois à l’avance, j’avais donc connaissance de cette importante opération, du lieu, de la date, de l’heure, des effectifs et de la tactique. Maintenant, il fallait surtout ne plus bouger et attendre l’ennemi de pied ferme.

L’attaque
    J’ai rendu compte au colonel Mayer et je suis allé à Constantine pour informer également le lieutenant-colonel Decomps, du 2 e bureau :
    —  C’est très simple, mon colonel, nous allons être attaqués le 20 août à Philippeville,
    —  Avez-vous entendu parler d’une opération analogue à Constantine ?
    —  On ne m’a parlé que de Philippeville. Je ne sais rien pour l’ensemble du Constantinois.
    —  Et au-dessus, à Alger, vous croyez qu’il y aura quelque chose ?
    —  Au-dessus, il n’y aura rien. En tout cas, pas tout de suite. Le FLN n’est pas prêt pour une offensive généralisée.
    Je revins à Philippeville rédiger un rapport que je transmis au colonel.
    —  C’est bien beau, votre rapport, me dit Mayer, mais maintenant, il faut le signer et l’envoyer.
    —  Eh bien, signez-le et envoyez-le !
    Mayer hésitait :
    —  Et s’il ne se

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