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Shogun

Shogun

Titel: Shogun Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Clavell
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marqué pour toujours. Encore, une vie
envolée ! se dit-il.
    Des tas de choses peuvent arriver demain.
    Je me conforme à leurs lois, aujourd’hui.
    Oui, je m’y conformerai.
    La servante apporta le plat dissimulé sous un
couvercle. Elle le tenait bien haut au-dessus de sa tête, comme le voulait la
coutume, pour que son haleine n’abîme pas la nourriture. Elle s’agenouilla et
le posa soigneusement sur la table basse devant Blackthorne. Fujiko et Mariko
étaient assises en face de lui. Elles portaient des peignes en argent et des
fleurs dans les cheveux. Le kimono de Fujiko était vert pâle sur fond
blanc ; son obi était doré. Mariko portait un kimono noir et rouge avec un
motif très discret de chrysanthèmes, un obi rouge et argent. De l’encens
brûlait et empêchait les phalènes d’envahir la pièce.
    Blackthorne s’était depuis longtemps composé
un visage. Il savait que sa mauvaise humeur pouvait détruire toute une soirée.
Fujiko se pencha et ôta le couvercle. Les petits morceaux de viande frite
étaient dorés et semblaient parfaits. Le fumet lui fit venir l’eau à la bouche.
Il prit lentement un morceau avec ses baguettes, ne voulant pas qu’il tombe, et
mastiqua la chair. C’était dur et sec mais il avait été si longtemps privé de
viande qu’il la trouvait quand même délicieuse. Un autre morceau. Il soupira de
plaisir : «  Ichi ban, ichi ban. »
    Fujiko rougit et lui versa du saké pour cacher
son visage. Mariko s’éventa, Blackthorne but le vin et mangea un autre morceau
de viande. Puis il s’attaqua au faisan en essayant de montrer aussi peu
d’enthousiasme que possible. Les femmes touchèrent à peine leurs portions de
poisson et de légumes. Il n’en fut pas gêné, car c’était une coutume féminine
de manger avant ou après afin de concentrer toute son attention sur le repas du
maître. Il mangea tout le faisan avec trois bols de riz. Il avala son saké en
faisant beaucoup de bruit. Cela faisait aussi partie des bonnes manières. Il se
sentit rassasié pour la première fois depuis des mois. Il avait avalé six
fiasques de vin chaud durant le repas. Mariko gloussa et mit la main devant sa
bouche. « J’aimerais pouvoir boire le saké comme vous, Anjin-san. Vous
buvez mieux que personne. Je parie que vous êtes le meilleur buveur de tout
Izu ! Je pourrais gagner beaucoup d’argent en pariant sur vous !
    — Je croyais que les samouraïs
désapprouvaient les jeux d’argent.
    — Oh, oui, absolument. Ce ne sont pas des
marchands ou des paysans, mais les samouraïs ne sont pas tous aussi forts et
beaucoup… comment dites-vous… beaucoup parient comme les barbares du… comme les
Portugais.
    — Est-ce que les femmes parient ?
    — Oh, oui, beaucoup. Mais entre femmes
seulement. Des sommes raisonnables en cachette de leurs maris. » Elle
traduisit gaiement à Fujiko, encore plus congestionnée qu’elle. « Votre
concubine demande si les Anglais aiment parier.
    — C’est notre passe-temps national.
    — Mais comment faites-vous pour trouver
le temps de vivre, de faire la guerre, et des rencontres sur l’oreiller ?
demande Fujiko.
    — Il y a un temps pour tout. » Leurs
yeux se rencontrèrent mais il ne put rien lire dans son regard. Mariko le
supplia de chanter la hornpipe pour Fujiko. Il
s’exécuta.
    « Encore un peu de saké ?
    — Ce n’est pas à vous de le verser,
Anjin-san. C’est le devoir d’une femme. Ne vous l’ai-je pas déjà dit ?
    — Oui. Prenez-en encore un peu, dozo.
    —  Il ne vaut mieux pas, sinon je
m’écroulerais. » Mariko agita furieusement son éventail.
    « Vous avez des oreilles ravissantes,
dit-il.
    — Vous aussi. Nous trouvons, Fujiko-san
et moi, que vous avez un nez parfait, digne d’un daimyô. »
    Il grogna et s’inclina. Elles lui rendirent
son salut.
    « Saké, Anjin-san ? »
    Il tendit sa tasse, les doigts raides. Elle
versa. Le bout de sa langue errait sur ses lèvres. Fujiko en accepta encore un
peu, bien qu’elle ait avoué ne plus sentir ses jambes. Elle paraissait jeune à
nouveau. Blackthorne remarqua qu’elle n’était pas aussi laide qu’il l’avait
d’abord pensé.
    La tête de Jozen était toute bourdonnante de
l’incroyable théorie stratégique que lui avaient si ouvertement décrite Yabu,
Igurashi et Omi. Seul Naga, le commandant en second, fils de son ennemi numéro un,
n’avait rien dit et était resté de glace, arrogant pendant toute la soirée.
    « Tout à

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