Shogun
une infime partie seulement. J’ai d’abord cru que le barbare n’était qu’une
curiosité. J’ai révisé mon opinion. Je remercie les dieux de nous l’avoir
envoyé. Je crois qu’il nous a sauvés. Je sais qu’il peut nous apprendre des tas
de choses. Il nous a déjà donné la force qui nous place au-dessus des barbares
du Sud, au-dessus de la Chine.
— Quelle
force ?
— Le Taikô a
échoué parce qu’ils étaient trop nombreux, neh ? Nous pourrions à présent nous emparer de Pékin avec les mousquets et l’intelligence
barbare.
— Avec la
trahison barbare, Omi-san !
— Nous
pourrions nous emparer de Pékin grâce au savoir barbare, Naga-san. Celui qui
contrôle Pékin, contrôle la Chine tout entière. Celui qui contrôle la Chine
peut contrôler le monde. Nous ne devons plus avoir honte de tirer nos connaissances
là où nous les trouvons.
— Je dis que
nous n’avons pas besoin du monde extérieur.
— Sans
vouloir vous offenser, Naga-san, je crois que nous devons veiller sur ce pays
des dieux par n’importe quel moyen. Notre premier devoir est de protéger la
situation unique et divine que nous avons. Seul ce pays est le pays des dieux, neh ? Seul notre empereur est d’essence
divine. Je suis d’accord avec vous. Il faudrait bâillonner ce barbare. Mais pas
en le faisant mourir. En l’isolant pour toujours ici, à Anjiro. Jusqu’à ce que nous
ayons appris tout ce qu’il sait. »
Jozen se gratta la
tête pensivement. « Je ferai part à mon maître de vos points de vue. Je
pense qu’il faut isoler ce barbare et que cet entraînement doit cesser
immédiatement. »
Yabu prit un
parchemin dans sa manche. « Voici un compte rendu complet de l’expérience,
à l’intention de Sire Ishido. Quand il voudra que l’entraînement cesse,
celui-ci cessera. »
Jozen prit le parchemin. « Et Sire
Toranaga ? » Ses yeux allèrent vers Naga qui ne dit rien.
Yabu dit : « Vous pourrez lui
demander son opinion de vive voix. Il a un compte rendu semblable. Je présume
que vous partez pour Yedo demain. À moins que vous ne vouliez assister à l’exercice ?
Je n’ai pas besoin de vous dire que les hommes ne sont pas encore au point.
— J’aimerais beaucoup voir une “attaque”.
— Omi-san, arrange ça. Tu la commanderas.
— Oui, Sire. »
Jozen se tourna vers son second et lui tendit
le parchemin. « Mazumoto, apporte ceci à sire Ishido. Pars sur-le-champ.
— Oui, Jozen-san. »
Yabu dit à Igurashi « Donnez-lui des
chevaux frais et des gardes pour l’escorter jusqu’à la frontière. »
Igurashi s’en alla immédiatement avec le
samouraï. Jozen s’étira et bâilla.
« Excusez-moi, mais ce sont ces
kilomètres que j’ai faits à cheval, tous ces derniers jours. Je dois vous
remercier pour cette extraordinaire soirée, Yabu-sama. Vos idées vont vraiment
très loin. Les vôtres aussi, Omi-san. Les vôtres également, Naga san. Je ferai
votre éloge à sire Toranaga et à mon maître.
Maintenant, si vous voulez bien m’excuser. Je
suis très fatigué et il y a beaucoup de chemin à faire jusqu’à Yedo.
— Bien sûr, dit Yabu. Comment était-ce à
Osaka ?
— Très bien. Vous vous souvenez de ces
bandits ? Ceux qui vous ont attaqués à terre et en mer ?
— Bien sûr.
— Nous en avons décapité quatre cent
cinquante. Beaucoup d’entre eux portaient l’uniforme de Toranaga.
— Ces ronin n’ont vraiment aucun honneur.
— Certains ronin en ont, dit Jozen, accusant l’insulte. Certains mêmes portaient
l’uniforme de nos Gris. Pas un seul n’a pu s’échapper.
— Et Buntaro-san ?
— Non. Il… non. Nous ne sommes pas sûrs.
Personne n’a eu sa tête. Vous avez eu de ses nouvelles ?
— Non, dit Naga.
— Il a peut-être été capturé, ou s’est
fait tailler en pièces. Mon maître aimerait être tenu au courant. Tout va bien
à Osaka, maintenant. Les préparatifs de la réunion vont bon train. Des dépenses
somptuaires sont faites pour célébrer la nouvelle ère et honorer, bien sûr,
tous les daimyôs.
— Et sire Toda Hiro-matsu ?
demanda Naga poliment.
— Le vieux “Main de Fer” est toujours
aussi fort et plus vert que jamais.
— Est-il toujours là-bas ?
— Il est parti avec tous les hommes de
votre père, quelques jours avant mon départ.
— Et la suite de mon père ?
— On m’a dit que dame Kiritsubo et dame
Sazuko avaient demandé à rester avec mon maître. Un docteur
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