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Shogun

Shogun

Titel: Shogun Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Clavell
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juste avant
l’aube. Il lui fallut du temps pour s’habituer aux mouvements désagréables de
la galère, au battement du tambour qui rythmait le va-et-vient des avirons et
le rendait uniforme. Il resta allongé dans l’obscurité, confortablement
installé sur le dos, les mains sous la nuque, pensant à
son bateau et refusant de s’inquiéter à l’idée de ce qui les attendait à Osaka.
Une seule chose à la fois. Pense à Felicity, à Tudor, à la maison. Non, pas
maintenant. Pense que si d’autres Portugais sont comme Rodrigues, tu as
vraiment une chance de t’en sortir. Tu trouveras bien un bateau pour rentrer
chez toi. Les pilotes ne sont pas ennemis et au diable le reste ! Mais tu
ne peux pas dire ça, mon gars ! Tu es anglais, l’hérétique maudit,
l’Antéchrist. Les catholiques possèdent ce monde. Ils le possédaient. Maintenant,
nous allons les écraser avec les Hollandais. »
    Puis il était remonté sur le pont. Rodrigues était dans son
fauteuil, les yeux rougis par le manque de sommeil. Deux marins japonais étaient
à la barre, comme avant. « Je peux prendre le quart pour toi ?
    — Comment tu te sens, Ingeles ?
    — Reposé. Je peux prendre le quart pour
toi ? » Blackthorne vit Rodrigues le jauger. « Je te réveillerai
si le vent tourne, s’il se passe quelque chose.
    — Merci, Ingeles. Oui, je vais aller dormir un peu.
Maintiens le cap. Au changement de sablier, fais venir quatre degrés plus à
l’ouest, et au changement suivant, six degrés de plus. Va falloir que tu fasses
le point au compas, pour l’homme de barre, wakarimasu ka ?
    — Hai ! » Blackthorne se mit à rire.
« Tu as dit quatre degrés ouest. Descends, pilote, ta couchette est
confortable. »
    Mais Vasco Rodrigues ne descendit pas. Il resserra seulement
autour de lui les pans de son manteau et s’enfonça, plus profond, dans son
fauteuil. Juste avant le changement de s ablier, il
s’éveilla un instant et vérifia le cap sans bouger. Il s’assoupit aussitôt.
Quand le vent tourna, il s’éveilla à nouveau. Mais comme il n’y avait aucun
danger, il se rendormit. Hiro-matsu et Yabu montèrent sur le pont, pendant la
matinée. Blackthorne nota leur surprise en le voyant commander le bateau,
Rodrigues endormi à ses côtés. Ils ne lui adressèrent pas la parole, reprirent
leur conversation, puis redescendirent un peu plus tard.
    Vers midi, Rodrigues se leva pour faire prendre la direction
nord-est. Il renifla le vent, tous ses sens en éveil. Les deux hommes
scrutèrent la mer et le ciel parsemé de nuages.
    « Qu’est-ce que tu ferais, Ingeles, si c’était ton
bateau ? lui redemanda Rodrigues.
    — Je mettrais cap sur la côte, si je savais où elle se
trouve ; cap sur le point le plus proche. Cette galère ne pourra pas
embarquer beaucoup d’eau et la tempête est là, qui se pointe. À quatre heures
d’ici environ.
    — Ça peut pas être un taï-fun, marmonna Rodrigues.
    — Quoi ?
    — Un taï-fun. Ce sont des vents incroyables. Les pires
tempêtes que tu puisses essuyer. Mais on est pas dans la saison des taï-fun.
    —  C’est quand ?
    — C’est pas maintenant ennemi, dit Rodrigues en riant.
Non, pas maintenant. Mais il se pourrait bien que ce soit une vache de tempête.
Je vais quand même écouter tes putains de conseils et faire route
nord-ouest. »
    Tandis que Blackthorne faisait à nouveau le point et que
l’homme de barre virait doucement, Rodrigues alla jusqu’à la lisse et cria au
capitaine : «  Isogi ! Capitaine-san, wakarimasu
ka ?
    — Isogi, hai !
    —  Pourquoi ? Pourquoi
vite ? »
    Les yeux de Rodrigues se plissèrent, avec amusement.
« Y a pas de mal à parler un petit peu la langue des Japs, pas vrai ?
Eh oui, Ingeles, Isogi veut dire se dépêcher. T’as besoin que
d ’une dizaine de mots. Avec ça, tu peux emmerder cette bande de
pisse-froid autant que tu veux. Si t’emploies, bien sûr, les mots exacts et
s’ils sont de bonne humeur ! Je descends maintenant. Je vais chercher à
manger.
    — Tu fais aussi la cuisine ?
    — Au Japon, tout homme civilisé doit savoir faire la
cuisine ou apprendre à un de ces singes à la faire, s’il veut pas crever de
faim. Ils mangent que du poisson cru, des légumes crus, marinés dans du
vinaigre doux. Mais la vie peut être sacrément chiée, ici,
si tu sais t’y prendre.
    — Est-ce que “chiée” est bon ou
mauvais ?
    — C’est surtout très bon, mais ça peut quelquefois

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