Si c'est un homme
non tués.
Toutefois l'Eglise ne s'est pas toujours montrée aussi modérée. Dès les premiers siècles du christianisme les juifs eurent à subir une accusation bien plus grave, celle d être, collectivement et éternellement, responsables de la crucifixion du Christ, d'être en somme le « peuple déicide » Cette formule, qui apparaît dans la liturgie pascale en des temps recules, et qui n a été supprimée que par le concile Vatican II (1962-1965), a alimenté des croyances populaires aussi funestes que tenaces que les juifs empoisonnent les puits pour propager la peste, qu'ils ont pour habitude de profaner l'Hostie consacrée, qu’à Pâques, ils enlèvent des enfants chrétiens et qu'ils pétrissent le pain azyme avec leur sang. Ces croyances ont servi de prétexte à de nombreux massacres sanglants, et entre autres à l'expulsion massive des juifs, d'abord de France et d'Angleterre, puis (1492-1498) d'Espagne et du Portugal.
Au fil d'une séné continue de massacres et de migrations, on arrive au XIXe siècle, marqué par un
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réveil général de la conscience nationale et par la reconnaissance des droits des minorités à l'exception de la Russie tsanste, les restrictions légales au préjudice des juifs sont abolies dans toute l'Europe. Elles avaient été réclamées par les Eglises chrétiennes et prévoyaient, selon le heu et l'époque, l'obligation de résider dans des ghettos ou dans des emplacements particuliers, l'obligation de porter une marque distinctive sur ses vêtements, l’interdiction d'accéder à certains métiers ou professions, l'interdiction de contracter des mariages mixtes, etc. Pourtant l'antisémitisme ne disparaît pas pour autant, et il est même particulièrement vivace dans les pays où une religiosité arriérée continue à désigner les juifs comme les assassins du Christ (en Pologne et en Russie), et ou les revendications nationales ont laisse les séquelles d'une aversion générale pour les populations frontalières et les étrangers (en Allemagne, mais aussi en France, ou, à la fin du xixe siècle, les cléricaux, les nationalistes et les militaires s'unissent pour déclencher une violente poussée d'antisémitisme, à l'occasion de la fausse accusation de haute trahison portée contre Alfred Dreyfus, officier juif de l'armée française).
En Allemagne, en particulier, durant tout le siècle dernier, une série ininterrompue de philosophes et d'hommes politiques n'avait cessé de prôner la théorie fanatique selon laquelle le peuple allemand, trop longtemps divisé et humilié, détenait la primauté en Europe et peut-être même dans le monde, qu'il était l'héritier de traditions et de civilisations extrêmement nobles et antiques, et qu'il était constitué d'individus de race et de sang essentiellement homogènes Les peuples allemands devaient donc se constituer en un Etat fort et guerrier qui, revêtu d'une majesté quasi divine, guiderait l'Europe.
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Cette idée de la mission de la nation allemande survit à la défaite de la Première Guerre mondiale, et sort même renforcée de l'humiliation du traité de Versailles. C'est alors que s'en empare l'un des personnages les plus sinistres et funestes de l'Histoire, l'agitateur politique Adolf Hitler. La bourgeoisie et les milieux industriels allemands prêtent l'oreille à ses discours enflammés ce Hitler promet, il réussira à détourner sur les juifs la rancœur que le prolétariat allemand voue aux classes qui l'ont conduit à la défaite et au désastre économique. En quelques années, à partir de 1933, celui-ci réussit à utiliser à son profit la colère d'un pays humilié et l'orgueil nationaliste suscité par les prophètes qui l'ont précède Luther, Fichte, Hegel, Wagner, Gobineau, Chamberlain, Nietzsche. Hitler n'a qu'une pensée, celle d'une Allemagne dominatrice, non pas dans un lointain avenir, mais tout de suite, non pas à travers une mission civilisatrice, mais par les armes. Tout ce qui n'est pas allemand lui apparaît inférieur, voire haïssable, et les premiers ennemis de l'Allemagne, ce sont les juifs, pour de multiples raisons que Hitler énonce avec une fureur dogmatique parce qu'ils ont « un sang différent », parce qu'ils sont apparentés à d'autres juifs en Angleterre, en Russie, en Amérique, parce qu'ils sont les héritiers d'une culture qui veut qu'on raisonne et qu'on discute avant d'obéir, et qui interdit de s'incliner devant les idoles, alors
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