Sir Nigel
qui
abritaient les chefs des archers, taillèrent en pièces Widdington,
l’homme des vallées, foncèrent vers la haie, bondirent par-dessus
et se précipitèrent vers le prince. L’un d’eux tomba avec une
flèche au travers de la tête, le second fut jeté à bas de sa
monture par Chandos et le troisième fut abattu de la main même du
prince. Un second groupe réussit à percer du côté de la rivière,
mais il fut aussitôt isolé par Lord Audley et ses hommes, et tous
furent massacrés. Un seul cavalier, dont le destrier était rendu
fou de douleur par une flèche plantée dans l’œil et une autre au
travers des naseaux, franchit d’un bond la haie, traversa le camp
de part en part et fut emporté, au milieu des rires, dans les bois,
bien loin derrière. Mais personne d’autre n’arriva même à hauteur
de la haie. Tout le front de la position était bordé de Germains
blessés ou morts ; au milieu, un grand monceau marquait
l’endroit où avaient péri les trois cents vaillants Français.
Pendant que ces deux vagues étaient venues se
briser devant la position anglaise, abandonnant de sanglants débris
derrière elles, les trois autres divisions avaient fait halte et
s’étaient préparées pour leur propre assaut. Elles n’avaient pas
encore entrepris leur avance, et les plus proches se trouvaient
encore à un demi-mille de distance, lorsque les rares survivants
d’un espoir déçu, sur leurs chevaux hérissés de traits, passèrent
au galop sur leurs flancs.
Au même moment, les archers et hommes d’armes
anglais se précipitèrent de derrière la haie pour se saisir de tous
ceux qui étaient encore en vie dans ce tas sanguinolent d’hommes et
de chevaux. Ce fut une ruée échevelée car, dans quelques instants,
le combat allait reprendre, et cependant il y avait une belle
récolte de richesses à faire pour l’heureux homme qui avait la
chance de s’emparer d’un riche prisonnier. Les esprits plus nobles
dédaignaient de penser aux rançons tant que le combat n’était pas
terminé ; mais une nuée de soldats nécessiteux, gascons et
anglais, tirèrent les blessés par les pieds ou par les bras et, le
poignard sur la gorge, exigèrent leur nom, leur rang et leur état
de fortune. Celui qui avait fait une bonne prise la ramenait vers
l’arrière et la confiait à ses serviteurs pour aller reprendre sa
place au combat ; ceux qui étaient déçus trop souvent
enfonçaient la pointe de la dague et se précipitaient dans le tas
animés par l’espoir d’avoir plus de chance. Clermont, dont la
Vierge du surcot était traversée d’une flèche, gisait mort à
environ dix pas de la haie ; d’Andreghien fut arraché de
dessous son cheval par un écuyer miséreux et devint son prisonnier.
Les comtes de Salzbourg et de Nassau furent trouvés sur le terrain
et emmenés vers l’arrière. Aylward passa les bras autour du comte
Otto von Langenbeck et l’étendit, avec une jambe brisée, derrière
le buisson qui lui servait d’abri. Simon le Noir s’était saisi de
Bernard, comte de Ventadour, et lui fit franchir la haie. Au milieu
des cris et du pillage, les archers couraient pour reprendre leurs
flèches, les arrachant des morts et parfois même des blessés. Puis
il y eut soudain un cri d’avertissement. En un instant tous les
hommes reprirent leur place et la ligne de la haie fut
reformée.
Il était grand temps : déjà la première
division de l’armée française était toute proche. Si la charge des
cavaliers avait été terrible par sa rapidité et sa puissance, cette
calme avance d’une immense phalange d’hommes en armes était pire
encore. Ils progressaient avec lenteur à cause du poids de leurs
armures, mais leur marche n’en était que plus régulière et
inexorable. Coude à coude, bouclier en avant, javeline de cinq
pieds dans la main droite, masse et épée suspendues à la ceinture,
la puissante colonne d’hommes d’armes s’approcha. Une fois de plus
la pluie de flèches résonna sur les armures. Ils se resserrèrent
derrière leurs boucliers ; beaucoup tombèrent, mais les autres
continuèrent. En hurlant, ils atteignirent la haie qu’ils bordèrent
sur un demi-mille en luttant avec acharnement pour effectuer une
percée.
Pendant quelque cinq minutes les deux rangs se
firent face, luttant d’ardeur, les uns avec leurs javelots, les
autres martelant de la hache et de la masse. En de nombreux
endroits, la haie fut trouée ou nivelée au sol, et les
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