Spartacus
les axes principaux.
Aussi, afin de masquer ses déplacements, Spartacus abandonne-t-il la via Popillia au profit des petits chemins. Par les sentiers les plus étroits, il s’engage dans les montagnes du sud des Apennins. Dans le massif boisé du Cilento, dont les sommets avoisinent les 1 900 mètres, il peut échapper plus facilement aux cavaliers romains qui espionnent ses déplacements. Les esclaves s’enfoncent alors « dans les gorges des Picentins, puis des Eburinins ». D’après cette indication, Spartacus change de cap et s’oriente à présent vers le nord-est de la Péninsule. Pour orienter leur marche, Salluste nous dit que le chef des esclaves a pris soin de s’assurer « de bons guides ». Cette marche entre la Campanie et la Lucanie est intéressante à plusieurs égards. A en croire le récit très bref laissé dans les fragments des Histoires de Salluste, il semble que Spartacus attache beaucoup de prix à la rapidité de ses mouvements, même s’il emprunte des chemins difficiles. De ce fait, il est impossible que les quelques milliers d’hommes qui le suivent s’encombrent de chariots qui ralentiraient leur marche dans ces chemins et ces gorges. Il n’est en outre jamais fait mention de femmes et d’enfants à ce stade du récit.
Contrairement à l’image d’Epinal de l’exode quasi biblique de tout un peuple d’esclaves, il est donc très probable que les gladiateurs aient tout simplement refusé d’accueillir des fugitifs incapables de porter des armes lors des ralliements sur le Vésuve. Il est toutefois possible que quelques non-combattants aient été acceptés à condition qu’ils n’entravent pas les déplacements de l’armée, sous peine d’être simplement abandonnés en chemin. Autre constat, Spartacus a l’avantage du terrain et rencontre l’adhésion des populations locales, deux conditions fondamentales pour toute guerre subversive. En effet, les esclaves ne semblent pas manquer de guides pour leur ouvrir les chemins de cette région hostile. Des bergers et des bouviers de Lucanie ont déjà rejoint la révolte des esclaves au fur et à mesure de leur avancée. Dans ces régions, aussi sauvages que la Campanie peut être policée, leur existence, très rustique, se fait en quasi-autarcie. Pour ces bouviers et ces bergers étrangers à toute romanisation, le passage d’une armée de gladiateurs, d’esclaves et de brigands constitue une occasion unique de sortir de la misère en espérant se joindre aux pillages qui ne manqueront pas de jalonner leur route.
Spartacus échappe à Varinius
La suite des opérations militaires manque de précisions. Il n’en ressort pas moins, à travers les récits de Plutarque, d’Appien et des fragments de Salluste, que Spartacus parvient à contrer les éclaireurs de Varinius. Dans un premier temps, « ils défirent […] Furius, son lieutenant, qui les avait attaqués avec deux mille hommes ». Outre l’impact moral de ce succès qui efface l’échec d’Oenomaus, les 2 000 dépouilles des Romains fournissent autant d’armes aux esclaves, qui semblent toujours en manquer cruellement. Le revers essuyé par Furius s’explique par la division des Romains en plusieurs unités qui tentent de garder le contact avec les fugitifs. Cet accrochage montre aussi que Spartacus possède l’autorité nécessaire pour maintenir la cohésion de ses hommes, qui ne se sont pas débandés pendant leur course à travers les montagnes. Psychologiquement, ce succès permet de ressouder les rangs autour du chef rebelle, qui doit éviter à tout prix que ses bandes ne se délitent dans les pillages et les rapines. Cependant, cette victoire n’est pas suffisante pour faire reculer les Romains. Si Varinius est parvenu à faire la jonction des deux armées prétoriennes, celles-ci doivent compter au moins deux ou trois fois plus d’hommes que la troupe de Spartacus. A l’annonce de l’accrochage avec Furius, Varinius accourt avec ses légionnaires et parvient à cerner les fugitifs. Dans ce lieu non identifié mais sans doute situé dans les parties montagneuses qui séparent la Lucanie de l’Apulie, les Romains ne cherchent pas à forcer la décision alors même que la position est défavorable aux esclaves. Cet attentisme montre bien la méfiance que le préteur Varinius manifeste envers les révoltés, et peut-être aussi le peu de confiance qu’il prête à ses cohortes encore peu aguerries. Assiégés pour la seconde fois en
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