Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Teyssier
Vom Netzwerk:
première tentative est menée en bon ordre mais sans doute manque-t-elle d’énergie. Surtout, face à elle, la ligne des esclaves et des gladiateurs tient parfaitement le choc. Plus que le nombre, c’est la discipline de ces adversaires méprisés qui impressionne les Romains. Devant l’échec de ce premier assaut, Varinius donne l’ordre à ses cohortes de rompre l’engagement. Au signal les hommes reculent de quelques pas. Comme l’ennemi se maintient sur ses positions, Varinius relance ses hommes à l’attaque une seconde fois. A nouveau les sonneries entraînantes des trompes résonnent. Chaque soldat dans les rangs voit les signa , emblèmes de sa centurie, s’abaisser à nouveau. Protégées par leurs grands boucliers sur lesquels s’abat une pluie de pierres, les cohortes tentent à nouveau d’enfoncer la ligne ennemie. Mais, cette fois, la charge se fait avec encore « plus de mollesse ». Plus grave, un flottement semble courir dans l’armée de Varinius : ses soldats « ne tiennent pas leurs armes serrées comme ils l’avaient fait d’abord, et desserrent les rangs ». D’après les fragments de Salluste qui permettent de reconstituer quelques détails de cette bataille, les soldats de Rome commencent à perdre la cohésion de leurs lignes. Varinius voit bien ce relâchement dangereux. Si la ligne n’est plus tenue, l’adversaire peut y enfoncer ses meilleurs soldats et élargir la brèche. Ensuite c’est la panique qui s’empare d’une première cohorte, qui lâche pied. En quelques instants elle entraîne les unités voisines qui se voient rapidement débordées sur leurs ailes. Spartacus et ses gladiateurs le savent. Avec de petits groupes de choc, le Thrace n’hésite pas à aborder les Romains au corps à corps dès qu’un espace s’ouvre dans leur ligne. Lui et ses hommes retrouvent alors leur instinct d’anciens guerriers, aiguisé par les réflexes acquis au ludus de Batiatus : leurs glaives frappent d’estoc à la gorge du soldat qui tient trop bas son bouclier. Leurs lames taillent les tendons des mollets de celui qui se protège trop haut. A chaque fois le soldat s’effondre, mort ou estropié. A chaque fois un autre soldat le remplace mais les espaces de la ligne s’élargissent sous la pression. Pour éviter le désastre, Varinius fait ce que font toujours les généraux romains. Il n’hésite pas à donner de sa personne. Sur son cheval de guerre, il s’élance pour ranimer l’ardeur de ses hommes et tente de colmater les brèches. En vain. D’après Appien, « Spartacus tua de sa propre main le cheval de Glaber, peu s’en fallut que le général romain ne fût lui-même fait prisonnier par un gladiateur ». Légende ou réalité ? Plutarque dit seulement que Spartacus s’empare « de ses licteurs et de son cheval de bataille ». Peu importe ces divergences de détail, l’épisode rapporté par Appien demeure plausible et ne doit pas nous surprendre. Il témoigne de l’engagement personnel des chefs de guerre au cœur de la bataille. Varinius comme Spartacus savent qu’ils ne survivraient pas à une défaite. Celle-ci signifierait la mort sur la croix pour l’esclave et la mort politique pour le préteur.
    Varinius, qui échappe sans doute de peu à la mort, a bien perdu la bataille. Cette défaite doit même prendre la forme d’une déroute car Plutarque souligne que Spartacus parvient à se saisir de « ses licteurs ». Il faut comprendre par cette phrase que l’état-major de Varinius n’a pas échappé à la fureur des gladiateurs. Qu’ils aient été tués sur place ou qu’ils aient détalé comme des lapins, les licteurs ont abandonné les faisceaux qui symbolisent le pouvoir du préteur. Avec eux, les étendards des cohortes sont tombés entre les mains des hommes de Spartacus. On imagine mal l’humiliation que peut ressentir Rome à l’idée que des esclaves souillent de leurs mains des emblèmes si précieux. Ces carrés de tissu et ces faisceaux de baguettes sont sans valeur mais possèdent une dimension religieuse très forte. Que l’ennemi s’en empare et l’équilibre entre Rome et ses dieux tutélaires est rompu. Rien ne sera alors plus cher aux Romains que de reconquérir ces emblèmes sacrés… mais il leur faudra encore en perdre beaucoup d’autres.

    Le sud de l’Italie aux mains des esclaves
    Humiliation pour Rome, vengeance pour les esclaves, ce jour marque une étape importante dans l’histoire de Spartacus.

Weitere Kostenlose Bücher