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Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Teyssier
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pour recevoir l’argent du passage, et remonter ensuite à bord avec l’or, accompagnés de quelques gladiateurs. Puis, soudain, les voiles s’abaissent, se gonflent et tirent les navires vers le large. Passé le premier moment d’incompréhension, l’armée des esclaves comprend que les voiles qui disparaissent à l’horizon emportent leurs trésors et leurs espoirs. Leur rage, leur dépit et leur amertume sont difficilement imaginables.
    L’autorité de Spartacus a dû être sérieusement écornée pour s’être ainsi laissé manœuvrer. Sans doute n’a-t-il pas pris assez de précautions. Peut-être a-t-il trop fait confiance à ces bandits, croyant un peu vite que les intérêts des révoltés et des pirates étaient liés. Leur dérobade montre bien qu’il n’en est rien et que ces voyous des mers, spécialisés depuis des siècles dans le commerce de la chair humaine, ne peuvent avoir aucune sympathie pour des esclaves rebelles. Une fois la colère passée, certains reprennent courage. Avec l’énergie du désespoir ils se mettent en quête de réunir tout ce qui flotte et toutes sortes de matériaux pouvant participer à la construction d’une embarcation. Florus évoque ainsi cette tentative désespérée : « N’ayant pas de navires sous la main, ils avaient fabriqué des radeaux avec des poutres et attaché des tonneaux avec des ronces. » On peut imaginer le caractère pathétique de cette entreprise. Sans outils adaptés, certains tentent de solidariser des objets hétéroclites. Faute d’ouvriers qualifiés, la réalisation de ces frêles esquifs est probablement maladroite. Les hommes de Spartacus sont pour la plupart des guerriers ou des paysans de Thrace, de Gaule ou d’Italie, rarement des hommes de la mer. Malgré tout, les premiers radeaux sont mis à l’eau alors que l’hiver est déjà là. Les hommes qui montent sur ces embarcations de fortune n’ont souvent vu la mer que depuis le bateau qui les a emmenés enchaînés en Italie. Combien d’entre eux savent-ils seulement nager ? Très peu sans doute. Aussi, le résultat de ces efforts ne tarde pas – d’après Florus, c’est une « vaine tentative, étant donné l’extrême rapidité des eaux du détroit ». Traverser un pareil bras de mer en plein hiver sur des radeaux et de faibles embarcations est bel et bien impossible. Le rêve sicilien s’effondre alors que la menace de Crassus se fait plus pressante.

17
    Le piège du Bruttium
    L’habile Crassus
    Plutarque rapporte que Spartacus n’est pas resté sur le rivage. La vue des côtes de Sicile, si proches et si éloignées, doit trop démoraliser la masse des esclaves en leur rappelant que leur chef avait trouvé plus malin que lui : « Alors Spartacus, s’éloignant à nouveau de la côte, établit son camp dans la presqu’île de Rhegium. » Ce déplacement vers l’actuelle Reggio di Calabria, seule ville importante de la pointe de la Botte, signifie peut-être que le Thrace a tenté de s’en emparer afin de passer l’hiver dans des conditions semblables à celles de l’année précédente, lorsqu’ils s’étaient installés à Thurium et Consentia. Toujours selon Plutarque, « Crassus survint et vit que la nature du lieu indiquait ce qu’il fallait faire ». Pendant que Spartacus tentait de faire passer son armée en Sicile, Crassus s’est donc avancé très prudemment. Il est même étrange qu’il ait mis autant de temps pour rejoindre Spartacus alors que son armée le serrait de près depuis les monts des Sabins. L’épisode des négociations avec les pirates, la concentration de leurs navires, leur arrivée puis leur fuite, la tentative de construire des radeaux et le déplacement vers Rhegium, tout cela a dû prendre des semaines.
    Pendant ce temps, Crassus ne pouvait ignorer le projet sicilien. Pourquoi n’est-il pas intervenu à ce moment-là ? Le préteur s’en est peut-être fermement tenu à son système et n’a pas voulu s’engager contre Spartacus sans une armée plus solide que la sienne. Une autre hypothèse serait que Crassus ait préféré voir les esclaves dans une île, plutôt que de les savoir rôdant près de Rome. Cette théorie ne tient pas car certains sénateurs hostiles à Crassus n’auraient pas manqué de lui reprocher son attentisme, et surtout d’avoir délibérément laissé s’enfuir les rebelles. La Sicile n’est pas n’importe quelle province, mais le grenier à blé de la ville de Rome. Or, cet

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