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Spartacus

Spartacus

Titel: Spartacus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Teyssier
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énorme ventre est affamé. Si Crassus permettait aux esclaves de mettre au pillage la Sicile, la situation frumentaire de la capitale s’aggraverait encore. Dans ce cas, l’avenir politique de Crassus aurait été fort compromis. On le sait, le propréteur a surtout brigué ce commandement pour obtenir la part de gloire militaire qui lui manque pour concurrencer Pompée, son principal rival politique. Laisser échapper les esclaves n’aurait donc eu aucun sens.
    Par ailleurs, il est curieux que les pirates ne tiennent pas leurs engagements. La Sicile est toute proche et Spartacus, pour naïf qu’il soit, n’a certainement pas donné toute la somme promise avant d’être sur le sol sicilien. Les pirates ont dû mobiliser leurs vaisseaux pour empocher le fruit de la « convention » dont parle Plutarque. Pourquoi se privent-ils du reste de la somme promise, si près du but ? Il reste une autre hypothèse, que rien ne permet de démontrer mais qui semble plausible. Crassus détient une immense fortune et sa cupidité ne va pas jusqu’à l’avarice. Le propréteur est avant toute chose un financier retors sachant habilement utiliser son argent. Il a donc très bien pu s’en servir pour soudoyer les pirates. Ses agents ont pu leur proposer une somme plus importante que celle promise par Spartacus au moment du débarquement. Crassus sait que les pirates n’auront aucun scrupule à abandonner les esclaves sur le rivage s’il leur donne de bonnes raisons de le faire. En plus de l’argent, les pirates se dispensent de risquer leurs bateaux dans ce détroit dangereux et ils ne prendront aucun risque sur les plages de Sicile où ils doivent débarquer ces hommes en hiver. En admettant qu’il ait agi ainsi, le préteur fait coup double : démoraliser les esclaves tout en préservant la Sicile. A présent, il peut tranquillement cerner l’armée de Spartacus dans ce bout du monde aride et hostile. En plein hiver, les esclaves y seront minés par la famine et le désespoir, et il sera facile de les écraser, au début du printemps, avant le retour de Pompée. Ainsi, lui-même s’assure le triomphe militaire auquel il aspire tant. Aucun auteur ancien ne suggère cette possibilité mais il est évident que Crassus ne s’en serait pas vanté, car on aime assez peu les héros qui négocient avec des pirates. De plus, il tient à sa victoire militaire pour asseoir sa popularité. Il ne faudrait pas que des mauvaises langues puissent suggérer un jour que cette victoire a été achetée.

    La « ligne Crassus »
    A présent, le piège se referme sur les esclaves. Ils n’ont plus rien à espérer du côté de la mer. Les quelques ports de la région se sont barricadés derrière leurs murailles et les vivres s’amenuisent rapidement alors que l’étroitesse de la région offre très peu de ressources. Encore faut-il empêcher Spartacus de s’échapper de cette nasse. Pour cela, Crassus fait creuser un fossé « d’une mer à l’autre ». Appien précise : « [Il] le cerna de retranchements, de lignes de circonvallation et de palissades. » Cette entreprise n’est pas surprenante quand on connaît la capacité des légionnaires à réaliser de grands travaux de terrassement sous les ordres de leurs chefs et la compétence des ingénieurs et des géomètres qui accompagnent toujours les légions. Plutarque rend bien compte des motivations de Crassus : « Il se mit à fermer l’isthme par un mur, préservant ainsi ses soldats de l’oisiveté et coupant le ravitaillement de l’ennemi. » Si Spartacus a décidé de descendre à l’extrémité du Bruttium pour s’y défendre plus facilement, Crassus le prend au mot et agit comme si son adversaire était retranché dans une forteresse : il ferme l’isthme comme un assiégeant entoure une place forte d’une circonvallation – c’est d’ailleurs ce terme de poliorcétique qu’utilise Appien. Comme dans une ville assiégée, l’ennemi enfermé ne peut plus se ravitailler et doit choisir entre une attaque coûteuse des retranchements romains et la mort lente par la famine. La seconde raison invoquée par Plutarque consiste à ne pas laisser tomber le soldat dans l’oisiveté ; de fait, les légions réussissent l’exploit d’achever la « ligne Crassus » en un temps record. Plutarque donne quelques chiffres à ce sujet, pour bien souligner l’exploit des soldats romains : « Ce fut un long et difficile ouvrage. Contre toute attente, il le

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