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Staline

Staline

Titel: Staline Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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bombe, et il promet à Kourtchatov les crédits dont il aura
besoin : « Si un enfant ne pleure pas, lui dit-il, sa mère ne peut
pas savoir ce dont il a besoin. Demandez ce que vous voulez. Vous ne vous
heurterez pas à un refus [1306] . »
    La recherche avance au début assez lentement et Staline
feint de considérer avec dédain la bombe atomique dont il ne dispose pas
encore. Le 17 septembre 1946, il déclare au journaliste Alexandre
Werth que « la bombe atomique n’est pas une force aussi sérieuse que
certains hommes politiques inclinent à le croire. Les bombes atomiques sont
destinées à intimider ceux qui ont les nerfs faibles, mais elles ne peuvent
décider de l’issue d’une guerre, parce qu’elles sont absolument insuffisantes
pour atteindre ce but [1307]  ».
Le message est clair : Staline n’ayant pas les nerfs faibles, il ne se
laissera pas intimider.
    Le retard pris dans le domaine atomique se manifeste aussi
dans d’autres domaines où la recherche soviétique, décimée dans les années 1936-1937,
avait pourtant entrepris un certain nombre de travaux prometteurs : le
radar, les missiles et les avions à réaction. Pour tous ces sujets, Staline,
méfiant à l’égard de toute idée nouvelle comme à celui des savants de son
propre pays, adopte une attitude attentiste. Ainsi que le souligne encore David
Holloway, « les idées soviétiques n’obtenaient de plein appui qu’à
condition et que lorsqu’elles avaient été confirmées par l’expérience
occidentale [1308]  ».
Ainsi Staline condamne-t-il l’Union soviétique, même dans les domaines où ses
savants se trouvent à la pointe, à copier les pays occidentaux avancés, et,
pour ce faire, à développer un système d’espionnage gigantesque et coûteux. L’URSS
est, dès lors, constamment entraînée dans une course effrénée et impossible
pour « rattraper et dépasser » ces pays. Comment dépasser ceux que l’on
copie ? Or le Staline qui attend des pays capitalistes la preuve qu’une
innovation imaginée dans son propre pays est valable est aussi celui qui
prépare, par compensation, le lancement contre l’intelligentsia soviétique d’une
vaste campagne tous azimuts dénonçant sa « servilité devant l’Occident ».
Pour la combattre il fera interdire, en février 1947, par le Bureau
politique les mariages entre citoyens soviétiques et étrangers.
    Un ordre glacial, immuable jusqu’à la mort de Staline, s’installe
au Kremlin. À l’exception de Beria installé en ville, la plupart des membres du
Bureau politique, comme Molotov, Kaganovitch, Vorochilov, Andreiev, vivent à l’intérieur
de ses murs dans des appartements vastes mais vieillots, chauffés au bois dans
d’immenses poêles : Mikoian et ses cinq enfants y occupent un appartement
de huit pièces. Y résident aussi la veuve de Dzerjinski, une femme sévère
toujours vêtue de noir, Zinaida Ordjonikidzé, Alliluieva, la belle-mère de
Staline, qui n’aime guère son gendre. Staline y a son appartement qu’il n’occupe
jamais ; après les réunions, de plus en plus rares, du Bureau politique,
il rentre à sa villa de Kountsevo, à la décoration minimale, aux murs presque
nus.
    Les habitants du Kremlin doivent présenter leur
laissez-passer au poste de garde à l’entrée sous l’arc de la porte Borovitski.
Seuls les membres du Bureau politique peuvent pénétrer en voiture sans s’arrêter
à condition toutefois qu’ils soient seuls. S’ils sont accompagnés par un membre
de leur famille ils sont contrôlés au poste de garde à l’entrée du Kremlin,
puis à l’entrée de l’escalier qui mène aux appartements. La garde et la
surveillance sont assurées par des agents et gradés de la neuvième direction de
la Sécurité d’État.
    Les déplacements de Staline dans les couloirs du Kremlin
obéissent dès lors à un rituel qui en dit long sur une méfiance croissante. Un
garde marche à une bonne vingtaine de mètres devant lui. Deux gardes le suivent
à deux mètres derrière lui. Quiconque croise ce quatuor doit s’adosser au mur,
avoir les mains bien en vue et attendre immobile que le Guide soit passé. En
général l’intéressé, intimidé, lâche un « Bonjour, camarade Staline [1309]  ». Le
maréchal répond d’un vague geste de la main droite et continue son chemin en
silence.
    Le Kremlin propose un ensemble de services, de la coiffure
au repassage des vêtements, assurés par des hommes et des femmes sous

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