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Stefan Zweig

Stefan Zweig

Titel: Stefan Zweig Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dominique Bona
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langue allemande, qui a fait scandale à Dresde en janvier 1915, en prononçant une conférence où elle se réclamait de sa double origine, un père munichois et une mère française. Elle a publié avec courage Treize lettres d’une Franco-Allemande , en 1916. Il devient l’ami de René Schickele, le fondateur de la revue zurichoise, Die Weissen Blätter (Les Feuilles blanches), qui réussit ce prodige d’être à la fois citoyen français (né en Alsace) et écrivain allemand – auteur d’un cycle romanesque qui s’intitule Das Erbe am Rhein (L’Héritage sur le Rhin).
     
    Pris dans un tourbillon, Zweig voit plus de gens qu’il ne le voudrait et se plaint de perdre « un temps fou en conversations ». Mais il a conscience de s’adonner enfin efficacement à l’œuvre de paix qu’il s’est fixée pour mission, et ses responsabilités le déchargent de sa mauvaise conscience. En Suisse, il est enfin entré dans l’action au service d’une cause qui l’engage totalement. C’est pour permettre la divulgation du message de Romain Rolland, qu’il a entrepris lui-même la traduction en allemand de sa déclaration, Aux peuples assassinés , mais aussi de son roman, Clérambault et de sa pièce Le temps viendra , travail considérable, qui est une œuvre en soi, et qu’il mènera avec un total dévouement. La générosité comme l’esprit de sacrifice sont des vertus zweiguiennes.
     
    S’il vit la plume vissée à la main, d’un article à un feuilleton, à la rédaction d’une conférence, à une traduction, tout ce que Zweig entreprend n’a qu’un but : prêcher désormais la paix. Après plusieurs entretiens, il finit par s’entendre avec Alfred Reucker, le directeur des théâtres de Zurich, qui programme la première de Jérémie pour le 27 février 1918. Deux mois plus tôt, grâce à une heureuse intervention de Friderike qu’il a dépêchée en messagère à Vienne, auprès du ministère de la Guerre et de la Neue Freie Presse , il a réussi par une faveur spéciale à se faire libérer du service et à rester en Suisse, chargé de mission en quelque sorte, pour y fournir au journal viennois un article par mois. Le climat en Autriche, sous la pression de quelques hommes politiques et de la lassitude générale, a profondément changé. Propices à une conclusion rapide de la paix, les nouvelles autorités favorisent tout discours capable d’améliorer auprès des Alliés l’image de l’empire et de faire comprendre la différence d’esprit et de culture avec l’Allemagne. Zweig, qui a reçu l’aval des Affaires étrangères, restera en Suisse sans déserter, avec la bénédiction de l’Autriche, pourrait-on dire, jusqu’en 1919 : il ne rentrera dans son pays qu’après la signature du traité de Saint-Germain qui, deux mois après le traité de Versailles avec l’Allemagne, règle séparément le sort de l’Autriche-Hongrie.
     
    Devenu l’une des grandes personnalités de l’exil, Zweig consacre presque tout son temps à prononcer des conférences, à écrire des articles, à rendre des visites ou à en recevoir, et mène aussi, en parallèle à son travail, et pour la première fois, un semblant de vie conjugale. Il s’est installé à Zurich à l’hôtel Schwerdt où vécurent Casanova et Goethe mais, tourmenté par l’afflux de visiteurs et la masse des obligations sociales, il s’est très vite réfugié à Rüschlikon, sur les hauteurs de la ville. Il loge avec Friderike à l’hôtel Belvoir où Hesse, Rolland et Masereel, ses amis les plus sûrs, seront à tour de rôle ses invités. Les fillettes, que sa compagne a pu ramener avec elle, sont en pension à Weesen d’abord, dans la montagne, puis à Zurich, dans une famille, elles feront un bref séjour à Nyon sur le lac Léman – Zweig a insisté pour qu’elles apprennent le français. En vérité, elles ne sont guère gênantes mais, dès que l’une d’elles s’agite ou fait un peu de bruit, Zweig le note dans son journal, il est exaspéré. Friderike est obligée de les éloigner, d’autant que la vie d’hôtel avec sa promiscuité rend plus tendues les relations, et plus difficile la vie de famille. Consciente d’entraver la liberté et le travail de son compagnon, Friderike s’éloigne quand elle le peut, sous le prétexte de ses conférences ou pour retrouver ses enfants, et le laisser à lui-même. Dans une de ses lettres – elle est alors à Nyon –, il la remercie de lui ménager « de

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