Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Stefan Zweig

Stefan Zweig

Titel: Stefan Zweig Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dominique Bona
Vom Netzwerk:
défriche le jardin. Son succès final a lieu le jour où des déménageurs, d’une maigreur de pulmonaires, affamés et en guenilles, apportent enfin les meubles que la famille Zweig lui envoie de Vienne, comme en cadeau de noces : lits, bureau, tables et chaises, coffres anciens, tapis, tableaux, commodes Biedermeier, et, on l’aura deviné, caisses et malles de livres. Friderike met toutes choses en place puis télégraphie à Steffi : il peut enfin venir, la maison est prête.
     
    En fait, c’est elle qui a droit à une récompense, Stefan Zweig l’appelle à Vienne, il veut la présenter à ses parents. Laissant les enfants à la nurse, elle part, à la mi-avril, le rejoindre et passer près de lui un séjour bref comme une lune de miel. Moritz Zweig qui, à soixante-dix ans, selon son fils, a beaucoup vieilli, et Ida qui, au-delà des convenances bourgeoises dans lesquelles elle a élevé ses deux fils, se révèle être une mère compréhensive et tendre, l’accueillent à bras ouverts. « Mis devant le fait accompli », ainsi qu’ils l’ont écrit à Zweig dès le mois de janvier, en réponse à une lettre où il leur annonçait sa liaison avec une femme divorcée et son intention d’habiter avec elle Salzbourg au lieu de Vienne, ils lui ont aussitôt donné leur bénédiction. « Notre vœu le plus cher : avoir une fille, est enfin exaucé, lui écrit sa mère, et c’est en tant que telle que nous saluons l’élue de ton cœur. » Elle a signé sa lettre : « Ta maman qui t’aime de tout son cœur. » La rencontre avec Friderike, si elle avait encore quelques inquiétudes, la rassure. Elle trouve la jeune femme intelligente et délicate, mais surtout se félicite de la sollicitude qu’elle la voit manifester à son « bien-aimé Stefan ». La mère reconnaît une mère dans la future épouse. Consciente de la fragilité de son fils, elle est heureuse qu’il ait trouvé une femme à la mesure de son extrême sensibilité, capable de le rassurer et de le soutenir. Friderike sera dans la vie de Stefan un facteur d’équilibre, elle l’en remercie : « Chère madame Friderike, lui dit-elle, Stefan exige d’être traité avec d’infinies précautions, vous êtes assez perspicace pour vous en être aperçue. Il a bon cœur, et l’esprit noble. Ces dernières années lui ont, comme à tout le monde, porté des coups plus ou moins rudes, lui ont fait perdre son équilibre. Mais il est hors de doute que le calme et le confort d’une existence réglée le lui feront recouvrer. »
     
    Friderike le sait, il n’est pour elle aucune autre voie si elle veut conserver près d’elle Stefan Zweig, il lui faudra faire preuve de dévouement, déployer des trésors d’énergie et de tendresse pour créer autour de lui un cadre qui le rassure, un asile de paix. Ce sera sa mission pour la vie. Dès les débuts de leur union, le partage est clair : à Friderike les soucis matériels, pour que soit préservée la sérénité de l’homme, cette sérénité qu’il a tant de mal à atteindre et qui commande son travail intellectuel. Compagne dévouée et modeste, qui a fait taire ses ambitions personnelles, elle veille même quand il est loin. « Reste aussi calme que possible », lui écrit-elle au mois de juin, tandis qu’elle se bat sans le lui dire avec de rudes problèmes matériels et qu’il se plaint d’être, à Vienne, dans les affres de la vie littéraire, en proie à mille inquiétudes au sujet de la répétition de Jérémie , sur le point d’être joué. « Ne gaspille pas tes forces en luttant contre des fantômes inutiles. » L’écrivain avec lequel elle a choisi de vivre affronte chaque instant douloureusement et exige d’elle, comme un enfant capricieux et égoïste, protection, maternage, en même temps que liberté. Il a besoin d’elle, et de se passer d’elle. Le centre du monde, c’est clair, ne sera jamais pour lui le foyer, mais, au cœur de son œuvre, un espace secret qu’il garde farouchement accessible à lui seul. Dans cette perspective qui ne souffrira jamais d’exception, la maison de Salzbourg est la première épreuve du couple. S’y établit un rapport de forces définitif : Zweig viendra à sa guise écrire et méditer, entre deux voya ges. Il habitera sa chambre et la bibliothèque. Friderike régnera en coulisses, de sa chambre dans l’autre aile qu’elle partage avec ses filles. Faire le silence, protéger la paix, quand Stefan Zweig

Weitere Kostenlose Bücher