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Stefan Zweig

Stefan Zweig

Titel: Stefan Zweig Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dominique Bona
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société littéraire ou l’éditeur du journal local, qui l’attend sur le quai de la gare, le présente avant sa conférence ou rédige le feuilleton dithyrambique qui paraîtra le lendemain. » Il compte des amis dans tous les pays d’Europe et il en comptera bientôt dans nombre de pays lointains, d’Argentine en Chine en passant par la Russie et les Etats-Unis. Ces amis sont parfois venus à lui, à cause de ses livres, mais il est plus souvent allé à leur rencontre, chez eux, au cours de ces voyages assidus de prêcheur de la paix.
     
    Il faut mettre au compte de ses chefs-d’œuvre cette conférence qu’il prononce à Utrecht et à La Haye en mars 1929, à la demande de l’écrivain Lee Van Dovski, et qu’il renouvellera dans les plus grandes capitales européennes et américaines : « La pensée européenne ». Entre ses plaidoyers pour l’« Histoire de demain », telle qu’elle devrait être enseignée dans les écoles, non à travers les récits de batailles mais des grandes découvertes, la vie des savants, des poètes, des musiciens et des explorateurs. Entre ses portraits d’humanistes, vivants ou morts, qui constituent un panthéon universel, et ses tableaux de la société idéale, telle qu’il peut la concevoir dans la littérature qu’il aime, elle contient son message principal. De même que l’individu doit concilier en lui les deux forces opposées qui définissent toute vie, l’une introvertie et égoïste, l’autre extravertie et altruiste, pour « d’une part s’isoler du monde en tant que moi et d’autre part lier son moi au monde » – la vie, selon Zweig, n’est jamais autre chose que cette dualité –, l’histoire des nations européennes a connu le même conflit. Destin national et vocation supranationale s’affrontent depuis plus de deux mille ans. La nostalgie d’« une unité de sentiment, de volonté, de pensée et de vie » qui a fini par créer ce dont nous devrions être le plus fiers, la culture européenne, est ce pour quoi il vient plaider. Il ne parlera jamais au nom des différences, mais toujours au nom de l’unité.
     
    Du haut de la chaire du professeur, avec dans la voix l’émotion lyrique qui marque ses plus beaux livres et signe son engagement personnel, Zweig ne cessera de se battre, avec ses mots pour toute arme, au service de cette utopie en laquelle il veut croire, et à laquelle il consacre une grande partie de sa vie. La conférence fera le tour du monde : « Une vraie conviction n’a pas besoin d’être confirmée par la réalité pour se savoir juste et vraie, déclare-t-il. Il ne peut être défendu à personne de rédiger lui-même dès aujourd’hui sa carte d’identité d’Européen, de se dire citoyen d’Europe, et, malgré les frontières, de considérer fraternellement comme une unité notre monde multiple. Qui pense résolument par-dessus le monde existant se crée tout au moins une liberté personnelle. […] Il ressentira alors comme un bien propre – admirable parole de Goethe – le sort de tous les peuples. » L’unité, la communion, c’est ce qu’il cherche, obstiné et tenace, malgré ses crises de découragement, dans la forêt des antagonismes et le chaos des tempéraments.
     

    Un écrivain à succès
     
    Publié aux éditions Insel en 1922 avec quatre autres récits, La Femme et le paysage, La Nuit fantastique, Lettre d’une inconnue et La Ruelle au clair de lune , sous le titre Nouvelles d’une passion (Novellen einer Leidenschaft) , Amok va apporter la gloire à son auteur. Trois Maîtres lui avait déjà attaché un petit nombre de lecteurs enthousiastes. Amok déclenche un phénomène qui ira se répétant de livre en livre, lui assurant un public de plus en plus vaste, en Allemagne et dans le reste du monde. Soixante-dix mille exemplaires d’ Amok vendus en quelques mois, tout ce qu’il écrira ensuite sera sur la même lancée, d’office, et presque malgré lui, un best-seller . Stefan Zweig n’a jamais cherché une telle diffusion de ses ouvrages ; ayant le culte des poètes authentiques et rares, se méfiant des mirages de toute publicité comme de tout message réducteur, il s’est cru longtemps un auteur de second rang, admirateur et disciple d’écrivains qu’il estime plus grands, plus dignes d’être aimés, et qu’il se fait un devoir de défendre, d’Oslo à Saint-Pétersbourg. Or, ses livres qu’il croyait destinés à un public de happy few le tirent de

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