Sur ordre royal
m’aime.
— Oui, je vous aime, Roslynn. Par tous les anges du ciel, je vous aime.
— Je suis si heureuse d’être à la maison.
A la maison. Elle avait appelé Llanpowell « la maison ». Cela voulait sûrement dire…
Son visage se contracta soudain de douleur, elle réprima un cri et se cabra.
Madoc regarda la sage-femme avec désespoir.
— Faites quelque chose !
— J’ai fait tout ce que j’ai pu, répondit-elle. C’est entre les anges et elle, maintenant, et au bébé de faire son chemin.
Dame Eloïse s’accroupit de l’autre côté de la paillasse, aussi pâle que sa fille.
— Ce ne sera pas long, leur dit-elle à tous les deux. Il n’y en a plus pour longtemps, maintenant, et alors vous aurez un bébé à aimer et à chérir, et moi un petit-fils ou une petite-fille à choyer. Ton père va regretter de ne pas avoir été là.
Roslynn se détendit un peu et ouvrit les yeux.
— Madoc, je suis tellement désolée…
Grimaçant, elle se tordit et gémit de nouveau.
Gwendolyn avait été désolée aussi, avant de mourir.
Oh Dieu, Roslynn ne devait pas mourir, pria-t-il en lui tenant la main. Elle ne pouvait pas mourir. Il mourrait à sa place, si c’était le prix à payer pour qu’elle reste en vie.
— C’est moi qui suis désolé, dit-il avec ferveur. Désolé d’avoir été un sot entêté. Désolé de vous avoir effrayée et de vous avoir fait partir.
Elle battit des cils et serra sa main plus fort.
— Le bébé est de vous, Madoc. Je vous le jure sur ma vie, le bébé est de vous.
— Je n’en ai jamais douté, répondit-il, encore plus bouleversé de penser qu’elle puisse croire qu’il avait nourri de telles suspicions.
Il caressa sa joue pâle, ses cheveux humides.
— Après tout, ma dame, il suffit de voir comment vous avez reculé au moindre contact de ma part, au début, alors que je vous plaisais , dit-il pour essayer de la faire sourire et la convaincre qu’il avait confiance en elle. Ces freluquets de la cour du roi n’avaient aucune chance d’arriver jusqu’à votre lit.
— Pas la moindre chance, acquiesça-t-elle dans un murmure, avant qu’une nouvelle douleur ne s’empare d’elle.
Elle cria et lui serra la main à la briser, mais il ne bougea pas. Qu’elle lui brise les doigts si elle le devait.
La sage-femme était aux pieds de Roslynn.
— Laissez-la se cramponner à vous, ordonna-t-elle à Madoc et à sa belle-mère, même si ce n’était pas nécessaire. Maintenant, ma dame ! commanda-t-elle à Roslynn. Poussez ! Poussez fort !
***
— Lloyd ?
Lloyd releva la tête et cligna des paupières, essayant de se concentrer sur Ioan et de ne pas se rappeler le cri déchirant qui avait ébranlé le silence un instant plus tôt.
Il ne voulait pas savoir que Roslynn était morte. Il ne voulait pas voir Madoc avec l’air d’être mort, aussi, même si son corps ne le savait pas encore.
Pas une nouvelle fois.
— Allez-vous-en, marmonna-t-il en laissant retomber sa tête sur ses bras.
Ioan le secoua par l’épaule.
— Lloyd, ce Normand est revenu.
— Quel Normand ? Cette pique d’Alfred ?
— Non, le père de dame Roslynn.
Portant une main à sa tête douloureuse, Lloyd se redressa sur sa chaise.
— Quoi ? Ici ? Maintenant ?
Un autre cri étouffé déchira l’air et Lloyd eut envie de grogner lui-même, surtout quand sire James entra d’un pas guilleret dans la grand-salle comme s’il était juste venu en visite depuis l’autre côté de la colline voisine.
Jusqu’à ce qu’il se fige en entendant un nouveau hurlement qui venait d’en haut. Alors, il blêmit et parcourut la grand-salle d’un regard soucieux.
— Où est ma fille ? demanda-t-il.
— En haut, dans sa chambre, en train d’avoir le bébé, répondit Lloyd.
Sire James se tenait aussi immobile qu’un arbre par un jour sans vent.
— Maintenant ?
Oubliant sa tête douloureuse, Lloyd bondit sur ses pieds.
— Oui. Que pouvez-vous penser d’autre ? Que nous la torturons ?
— Je ne pensais pas…
Le Normand ferma la bouche et secoua la tête sans un mot.
Lloyd attrapa l’outre de vin presque vide et la lui porta.
— Buvez un coup et asseyez-vous. Ça peut encore durer des heures.
Sire James obéit en silence, finissant l’outre de vin en une longue goulée. C’était bien dommage, Lloyd en aurait bien bu encore un peu. Le Ciel savait qu’il en avait besoin.
Le Normand se percha sur le bord du banc le
Weitere Kostenlose Bücher