Sur ordre royal
tunique en cuir, d’une chemise de toile, de chausses de drap et de bottes, son baudrier bouclé autour de sa taille mince, avait déjà mangé et était parti.
Il avait très peu parlé tandis qu’il avalait du pain, du fromage et de la cervoise. Roslynn en avait dit encore moins et n’avait pas posé de questions, déterminée à ne pas l’encourager le moins du monde. Ce qui signifiait qu’elle n’avait aucune idée de l’endroit où il était allé, ni des raisons de son départ.
Sire Alfred avait été assis à la droite du seigneur. Il n’avait pas touché à la nourriture et pouvait à peine tenir la tête droite, sans doute parce qu’il avait trop bu de cet hydromel gallois au souper.
Assis à côté de Roslynn, l’oncle de sire Madoc semblait toujours aussi gai et en faveur du mariage que la veille.
— Je vous avais averti à propos du braggot , non ?dit-il en posant la main sur l’épaule de sire Alfred, qui avait le teint légèrement vert à présent. Les Normands n’ont pas l’estomac pour le supporter. Il faut être élevé avec, vous voyez. Quant à moi, je peux en boire un seau et être…
Le Normand bondit de la table, les mains serrées sur son estomac.
— Par saint Daffyd, il ne supporte pas du tout le braggot , dit Lloyd avec un soupir, en secouant la tête d’un air chagriné.
— Tout homme qui boit un seau de n’importe quoi a des chances d’être malade le lendemain, observa Roslynn, se sentant le devoir de défendre son compatriote même si elle ne l’aimait pas et s’il avait traité ce voyage comme une corvée extrêmement pénible.
— C’est bien vrai, ma dame, c’est bien vrai, répondit Lloyd. Vous paraissez un peu défaite vous-même. J’espère que vous ne couvez pas quelque chose.
— Je suis rarement malade.
— Eh bien, c’est une bénédiction.
La réponse convaincue du Gallois poussa Roslynn à se demander si la première épouse de sire Madoc avait été de santé délicate. Ou peut-être ne voulait-il simplement pas que son neveu perde une autre femme.
— Madoc est aussi sain qu’un jeune cerf, continua Lloyd. Et fort, aussi. Et viril. Son fils est né juste neuf mois après son mariage avec Gwendolyn. Une vraie pitié qu’elle soit morte si jeune et si vite.
Pas sûre de ce qu’elle devait répondre à cela, si elle devait y répondre, Roslynn se concentra sur la fin de son repas, composé de pain et de soupe de pois, et sedemanda comment elle pourrait éviter le seigneur de Llanpowell le reste de la journée. Peut-être devrait-elle se tenir terrée dans la grand-salle, même si le soleil brillait et si le ciel était sans nuages.
Ou alors, rester dans sa chambre, en haut. Elle pourrait toujours faire un peu de couture, peut-être terminer le galon brodé qu’elle confectionnait pour sa cotte bleue…
Un cri éclata soudain en provenance des remparts.
Roslynn sursauta. Sire Madoc était-il déjà revenu ? Les battements de son cœur se mirent à s’accélérer lorsque plusieurs soldats jaillirent dans la salle pour empoigner des armes et se ruer à l’extérieur en hurlant.
4
— Que se passe-t-il ? demanda Roslynn à l’oncle de Madoc en commençant à se lever. Le château est-il attaqué ?
— Non, non, s’empressa de la rassurer Lloyd, en lui tapotant le bras. Ceux de l’autre côté de la montagne ont encore essayé de voler des moutons sur la pente nord, c’est tout.
Roslynn se rassit lentement, le visage soucieux.
— Vous n’avez pas à vous inquiéter, ma dame, poursuivit le vieux Gallois. Ils seront retournés sur leurs terres, à présent. Madoc et ses hommes s’en assureront, compteront combien de moutons ont été volés, et feront en sorte que le berger et le reste du troupeau soient en sécurité. Et d’ici demain, vous pouvez me croire, il manquera aux voleurs un nombre égal de bêtes.
— Messire Madoc ne va pas essayer de les attraper et de récupérer ses propres moutons ? demanda Roslynn, étonnée.
— Non.
— Mais pourquoi ? Surtout s’il sait qui le vole…
— C’est une sorte de querelle, ma dame, expliqua Lloyd avec un air embarrassé.
Une sorte de querelle ?
— Est-ce une quelconque tradition galloise ?
Il rougit et passa une main sur sa barbe.
— Je ferais mieux de laisser Madoc vous en parler, dit-il avant de reprendre son habituelle expression joviale. Il n’y a pas de quoi se faire du souci, ma dame. Acceptez simplement le fait que de temps à autre
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