Sur ordre royal
autre chariot plus petit couvert de toile.
— Des Normands, c’est sûr, marmonna Lloyd, faisant écho à la conclusion de Madoc.
Il désigna le chariot d’un signe de tête et haussa un sourcil.
— Pensez-vous que John m’envoie une fiancée, à moi aussi ?
La drôlerie de son oncle n’allégea pas l’humeur de Madoc. Lorsqu’il avança vers le Normand il était résolu à se comporter en seigneur digne de ce nom, afin que Roslynn puisse être fière de lui , même si l’étranger le mesurait du regard avec dédain.
Mais avant qu’il ne puisse parler, le noble normand jeta un coup d’œil vers la grand-salle et parut brusquement se changer en pierre.
Suivant son regard, Madoc découvrit Roslynn qui se tenait sur la plus haute marche du perron, vêtue de cette cotte verte qui lui allait merveilleusement bien et faisait ressortir la perfection de sa mince silhouette. Elle n’avait pas relevé ses cheveux, mais simplement posé un voile de soie blanche sur sa tête.
Madoc ramena les yeux sur le visiteur qui, étant un homme, la regardait toujours fixement, sans doute captivé par sa beauté.
Il vaudrait mieux, décida-t-il, qu’il aille rejoindre Roslynn et lui demande qui était l’arrivant avant qu’il ne la présente comme son épouse. Après tout, il ignorait à qui il avait affaire.
Mais alors qu’il se tournait vers la grand-salle, il s’aperçut que Roslynn se tenait elle aussi immobile, médusée, le visage aussi blanc que son voile. Puis, portant une main à sa tête, elle ferma les yeux et se mit à chanceler.
Une panique comme il n’en avait jamais ressenti s’empara de Madoc, qui courut à l’escalier et attrapa sa femme juste comme elle s’effondrait à la manière d’un morceau de mortier frappé par le marteau d’un maçon.
— A l’aide ! cria-t-il en soulevant son corps inerte dans ses bras. Aidez-moi !
— Roslynn ! s’écria le Normand en sautant à bas de son cheval pour grimper les marches en courant, malgré son âge et le poids de son haubert.
— Envoyez chercher un médecin ! ordonna Madoc à son oncle, en ignorant l’étranger.
— Que lui avez-vous fait ? demanda ce dernier d’un ton impérieux, en barrant le passage à Madoc qui voulait porter Roslynn à l’intérieur.
— Otez-vous de mon chemin ! tonna-t-il.
— Je suis son père !
— Vous pouvez être l’archange Gabriel, je m’en moque. Laissez-moi passer !
— Oui, mon ami, mettez-vous de côté, commanda une dame d’un certain âge vêtue d’un manteau bleu, d’une guimpe et d’un voile blancs, qui était sortie du chariot.
Elle passa avec autorité devant Lloyd et le Normand.
— Roslynn doit être mise au lit.
Ne se souciant pas de savoir qui elle était non plus, Madoc ouvrit la porte d’un coup d’épaule et transporta son épouse inconsciente dans la grand-salle.
***
Roslynn ouvrit lentement les yeux, puis cligna des paupières. Elle devait avoir des visions.
— Mère ? murmura-t-elle, incrédule.
— Ma fille ! répondit sa mère à mi-voix, en lui pressant la main. Comment vous sentez-vous ? Etes-vous malade ?
Otant le linge humide posé sur son front, Roslynnse redressa. Bien que son voile lui ait été enlevé, elle était encore habillée et se trouvait dans sa chambre de Llanpowell avec sa mère, si longtemps séparée d’elle, qui lui souriait avec de l’amour plein les yeux.
— Oh, mère ! s’écria-t-elle en enlaçant dame Eloïse et en la serrant dans ses bras. Je craignais de ne plus jamais vous revoir. Je craignais que vous ne soyez si courroucée et si mécontente de moi que vous ne voudriez plus jamais m’approcher !
Sa mère l’étreignit tout aussi fort et lui caressa les cheveux.
— Nous voulions vous rejoindre dès que nous avons appris la trahison de Wimarc, mais votre père était souffrant. Il avait un refroidissement qui s’était porté sur les poumons et…
Sa voix faiblit, indiquant à Roslynn que son père avait dû être sérieusement malade.
— Je ne pouvais pas le quitter. Puis je suis tombée malade à mon tour. Il nous a fallu tout ce temps pour être assez bien pour voyager, mais dès l’instant où le médecin nous a dit que nous le pouvions, nous sommes allés à la Cour — où nous avons appris que vous aviez été envoyée au pays de Galles afin de vous marier. Nous sommes venus tout droit ici.
Dame Eloïse s’écarta et étudia anxieusement le visage de sa fille.
— Je suis
Weitere Kostenlose Bücher