Sur ordre royal
mienne.
Roslynn avait vu assez de rois et de cours pour se rendre compte que Trefor pouvait avoir de bonnes raisons de penser ainsi.
— Et le bélier noir ? demanda-t-elle. Madoc vous a-t-il volé et tué un bélier ?
— Il m’a volé bien plus le jour de mon mariage, rétorqua Trefor. Il m’a volé la femme que j’aimais.
Il se leva et mit Roslynn debout, la froideur de ses yeux remplacée par la chaleur d’un désir coléreux.
— Par Dieu, je devrais le faire souffrir autant que j’ai souffert à cause de lui.
La panique envahit Roslynn à l’idée de ce qu’il pourrait faire, mais elle s’évanouit rapidement, dominée par la certitude que même si Madoc n’était pas là, il pouvait encore la protéger.
— Que pensez-vous que Madoc vous fera si vous agissez ainsi ? rétorqua-t-elle.
— Cela vaudrait peut-être la peine de le découvrir, grommela Trefor en l’attirant à lui.
Pas question !
C’étaient la colère et la fierté qui l’habitaient maintenant. Elle était dame Roslynn de Llanpowell, et elle se battrait pour protéger son honneur.
Elle attrapa l’épée de Trefor et la tira de son fourreau d’un geste si preste qu’il ne se rendit compte de ce qu’elle avait fait que lorsqu’elle pointa la lame sur sa poitrine.
— Si vous me touchez, je vous tuerai ! prévint-elle. Laissez-nous partir, ou par tous les saints du ciel, je vous passerai par le fer !
Même si Trefor écartait les bras en un geste de reddition, il ne paraissait pas effrayé. Il paraissait… plein de respect et d’admiration.
— Je n’en doute pas, dit-il, mais vous semblez penserque je devrais avoir peur de mourir. Or il se trouve que non, puisque Gwendolyn est partie avant moi.
Il commença à abaisser ses bras.
— Et je n’ai aucune difficulté à vous laisser partir, étant donné que je n’ai jamais projeté de vous garder, vous, vos parents ou vos hommes, ni de vous faire de mal. Je ne suis pas un assassin. Je ne me suis même pas attaqué à vous par dessein. J’allais vers le sud pour une autre affaire. Vous rencontrer a juste été une coïncidence et c’est seulement pour agacer Madoc que je vous ai amenés ici quand j’ai compris qui vous étiez. Je me rends compte à présent que c’était une erreur.
— Oui, c’en était une, dit Roslynn en tenant toujours la lourde épée pointée sur lui.
— Je vous donne ma parole, qui a autant de prix pour moi que celle de Madoc en a pour lui, que vous et votre escorte serez en sûreté ici, déclara Trefor. Vous êtes mes hôtes et demain vous serez libres de partir, sains et saufs, comme j’en ai toujours eu l’intention. Il fait trop sombre pour voyager maintenant. Et je promets que je ne vous toucherai plus jamais.
Ses bras tombèrent sur ses côtés.
— Mais lorsque Madoc apprendra ce que j’ai fait, je suppose que mes jours seront comptés.
Elle abaissa enfin l’épée.
— Si je lui dis ce que vous avez fait, il pourrait bien vouloir vous tuer, en effet.
Les yeux étonnants de Trefor s’élargirent.
— Vous pourriez ne pas le lui dire ?
— Je le devrais , répondit-elle. Hormis que, dans ce cas, Madoc et ses hommes attaqueraient sûrementPontymwr et que des gens innocents risqueraient de mourir. Quoi qu’il se soit passé entre vous deux et Gwendolyn, c’est une piètre raison pour que d’autres hommes perdent la vie.
Trefor secoua lentement la tête.
— Par Dieu, Madoc est vraiment un sot s’il vous a renvoyée. Si vous étiez mon épouse…
Roslynn battit des cils tandis que l’image de Trefor vacillait devant elle. Et les murs en pierre du donjon se mirent à vaciller aussi. L’épée devint soudain trop lourde pour qu’elle la tienne, et elle tomba de ses mains tandis que Roslynn plongeait dans les ténèbres.
***
Posté sur les remparts extérieurs, Madoc fixait la route qui menait à Llanpowell avec stupéfaction. Un soldat portant la bannière de sire James de Briston était en tête d’un cortège qui venait vers le château, suivi par le chariot qui avait emporté Roslynn loin de lui. La colonne n’avançait pas vite, ce qui indiquait qu’ils n’avaient pas dû être attaqués en route ou se retrouver en danger, alors que pouvait signifier ce retour à part que Roslynn avait décidé de revenir auprès de lui ?
— Ouvrez les portes ! cria-t-il en courant à une échelle qui se trouvait non loin de là et en la descendant précipitamment.
Il fonça vers les portes
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