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Taï-pan

Taï-pan

Titel: Taï-pan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Clavell
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et d’éclatantes dents blanches. C’était le plus grand des trois.
    Struan regarda Wu Pak. L’enfant baissa la tête et se dandina un peu.
    « Il ne parle pas anglais ?
    — Non. Mais Bert que voilà parle sa langue. Et Fred quelques mots. La maman de Bert est de Fukien. »
    Scragger paraissait de plus en plus mal à son aise.
    « Où est ta mère, Fred ?
    — Elle est morte, Vot’ Grandeur, bredouilla le petit. Morte, qu’elle est, monsieur.
    — Ça fait deux ans qu’elle a trépassé, dit Scragger. Le scorbut.
    — Vous avez des femmes anglaises, sur vos navires ?
    — Y en a… Reculez un peu, là-bas, les petits. »
    Ses fils battirent promptement en retraite et s’immobilisèrent, hors de portée de la voix. Wu Pak hésita, puis il courut les rejoindre.
    Scragger baissa la voix.
    « La maman de Fred était une détenue. Dix ans de déportation pour avoir volé du charbon au plus froid de l’hiver. On a été mariés par un prêtre en Australie, mais il était défroqué alors ça compte peut-être pas. Mais on a été mariés quand même. J’y ai fait le serment avant qu’elle meure de bien m’occuper du gamin… »
    Struan tira d’autres papiers de sa poche.
    « Ces documents m’instituent tuteur légal des enfants, jusqu’à l’âge de vingt et un ans. Vous pouvez signer pour vos fils. Mais Wu Pak ? Devrait être un parent.
    — Je vais mettre ma marque sur les trois. Vous pouvez m’en donner un, que je le montre à Wu. Fang ? Ce que j’aurai signé ?
    — Sûr. Vous pouvez en emporter un. »
    Struan se mit à inscrire les noms mais Scragger lui prit le bras.
    « Taï-pan, mettez pas le nom de Scragger pour les petits. Trouvez un autre nom. Celui que vous voudrez… Non, me le dites pas, ajouta-t-il vivement. N’importe quel nom. Trouvez-en un beau. »
    La sueur perlait à son front. D’une main tremblante, il prit son crayon et signa d’une croix.
    « Fred doit m’oublier. Et sa maman aussi. Faites tout au mieux pour Bert, dites ? Sa maman est encore ma femme et elle est pas mal du tout, pour une mécréante. Faites tout au mieux pour eux, et vous aurez un ami pour la vie. Mon serment là-dessus. Ils ont tous les deux appris à dire leurs prières bien comme il faut. »
    Il se moucha dans ses doigts et s’essuya la main sur son fond de pantalon.
    « Wu Pak doit écrire une fois par mois à Jin-qua. Ah oui, et vous présentez les comptes à Jin-qua, qu’il paie l’école et tout. Une fois par an. Ils doivent tous aller à la même école et loger ensemble. »
    Il fit signe au jeune Chinois. Wu Pak s’avança à contrecœur. Scragger montra les bateaux et l’enfant s’en alla docilement. Puis Scragger appela ses fils.
    « Voilà, mes petits. Je m’en vais, à présent. »
    Les garçons coururent vers lui et se cramponnèrent à ses jambes en le suppliant de ne pas les envoyer au loin ; leurs petits visages ruisselaient de larmes et la terreur les accablait. Mais il les repoussa et se força à leur parler d’une voix dure :
    « Allez donc, allez. Obéissez au Taï-pan. Il sera comme votre papa.
    — Ne nous envoie pas loin, Pa, gémit Fred. J’ai été bien gentil. Bert et moi, on est bien sages, Pa, nous renvoie pas ! »
    Écrasés de chagrin, désespérés, ils ne retenaient pas leurs sanglots.
    Scragger se racla bruyamment la gorge et cracha. Après une seconde d’hésitation, il prit son couteau et empoigna la natte de Bert. L’Eurasien poussa un cri et se débattit comme un diable. Mais Scragger lui coupa la natte et gifla l’enfant affolé juste assez fort pour le calmer.
    « Oh ! Pa, s’écria Fred de sa petite voix aiguë d’enfant, tu sais bien que Bert a promis à sa maman de garder ses cheveux bien comme il faut !
    — Vaut mieux que ça soye moi qui le fasse, Fred, plutôt qu’un autre, murmura Scragger d’une voix étrangement brisée. Bert en a plus besoin, à présent. Il sera un rupin comme toi.
    — Je veux pas être un rupin, je veux rester à la maison ! »
    Scragger ébouriffa une dernière fois les deux jeunes têtes.
    « Adieu, mes fils », dit-il.
    Il s’éloigna à grands pas et la nuit l’enveloppa.

17
    « P OURQUOI partir si tôt, Taï-pan ? demanda May-may en étouffant un bâillement. Deux heures dormir cette nuit pas assez pour toi. Tu vas perdre ta vigueur.
    — Allez donc, fillette ! Et je t’ai dit de ne pas te lever. »
    Struan repoussa son assiette et May-may lui versa du thé. La

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