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Taï-pan

Taï-pan

Titel: Taï-pan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Clavell
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bien qu’il sût que l’accord était lourd de menaces.
    Ils se serrèrent solidement la main.
    « On va boire encore un coup pour sceller ça comme il faut, dit Brock, et puis tu me feras le plaisir de foutre le camp de ma maison. »
    Il prit la sonnette et carillonna longuement ; comme personne ne répondit, il rugit :
    « Lee Tang ! »
    Sa voix résonna étrangement. Puis des pas pressés claquèrent dans l’escalier, la porte s’ouvrit et le visage effrayé d’un employé portugais apparut :
    « Les domestiques ont tous disparu, senhor ! Je n’en trouve aucun, nulle part ! »
    Struan se précipita à la fenêtre. Les badauds, les marchands en plein vent, les mendiants et les acheteurs quittaient la place en silence. Dans le jardin anglais, un groupe de marchands était immobile, comme pétrifié, et ils tendaient l’oreille et regardaient.
    Struan se retourna et courut aux mousquetons ; Brock atteignit le râtelier en même temps.
    « Tout le monde en bas, cria-t-il à l’employé.
    — Mon comptoir, Tyler ! Sonne l’alarme ! »
    Struan sortit en courant.
    En une heure, tous les marchands et tous leurs employés s’étaient rassemblés au comptoir Struan et dans le jardin anglais, devant. Le détachement de cinquante soldats était déployé, en ordre de bataille, devant le portail. Leur officier, le capitaine Oxford, vingt ans à peine, était un petit homme élégant et svelte, à la moustache blonde soyeuse.
    Struan, Brock et Longstaff étaient dans le jardin, avec Jeff Cooper et le grand-duc. La nuit était lourde, humide, menaçante.
    « Vous feriez bien d’ordonner l’évacuation immédiate, Excellence, conseilla Struan.
    — Ouais, dit Brock.
    — Pas de précipitation, messieurs. Ce n’est pas la première fois que cela arrive, quoi ?
    — Sûr. Mais nous avions toujours été plus ou moins avertis par les mandarins ou le Co-hong. Ça n’a jamais été aussi soudain. »
    Struan écoutait la nuit, et comptait du regard les lorchas à quai. Assez pour tout le monde, pensa-t-il.
    « Je n’aime pas ça, murmura-t-il.
    — Vous ne pensez sûrement pas qu’il y a du danger ? s’étonna Longstaff.
    — Sais pas, Excellence. Mais quelque chose me souffle de partir d’ici. Ou du moins d’embarquer. Le commerce est fini pour cette saison, alors nous pouvons partir ou rester, à notre gré.
    — Mais ils n’oseraient pas nous attaquer ! protesta Longstaff avec un rire méprisant. Pourquoi le feraient-ils ? Qu’ont-ils à gagner ? Nos négociations se poursuivent fort bien. C’est ridicule.
    — Je suggère simplement de mettre en pratique ce que vous dites toujours, Excellence. Mieux vaut être prêt à tout. »
    Longstaff se résigna à faire un signe à l’officier.
    « Partagez vos hommes en trois groupes. Gardez les entrées est et ouest, et Hog Street. Interdisez l’accès de la place jusqu’à nouvel ordre.
    — Bien, monsieur. »
    Struan aperçut Culum, Horatio et Gorth sous une lanterne. Gorth expliquait le chargement d’un mousquet à Culum, qui l’écoutait avec attention. Gorth semblait fort, à côté de Culum, plein de vitalité et de puissance. Struan se détourna et vit dans la pénombre Mauss qui s’entretenait avec un grand Chinois que Struan n’avait jamais vu. Curieux, il s’approcha.
    « Avez-vous des nouvelles, Wolfgang ?
    — Non, Taï-pan. Pas de rumeurs, rien. Horatio non plus. Gott in Himmel , je n’y comprends rien. »
    Struan examinait le Chinois. L’homme portait un costume de paysan crasseux et paraissait avoir trente ans. Il avait des yeux perçants sous des paupières tombantes et il examinait Struan avec une égale curiosité.
    « Qui est-ce ?
    — Hung Hsu Ch’un, dit très fièrement Mauss. C’est un Hakka. Il est baptisé, Taï-pan. C’est moi qui l’ai baptisé. C’est le meilleur que nous ayons jamais eu. Esprit brillant, studieux, et cependant un paysan. Enfin, j’ai un néophyte qui répandra la parole de Dieu, et qui m’aidera.
    — Vous feriez mieux de lui dire de s’en aller. S’il y a du vilain et si les mandarins le surprennent avec nous, vous perdrez un néophyte.
    — Je le lui ai déjà conseillé mais il m’a dit : “Les voies du Seigneur sont impénétrables et les hommes de Dieu ne tournent pas leur dos aux païens.” Ne vous inquiétez pas. Dieu le protégera et je veillerai sur lui au prix de ma propre vie. »
    Struan salua brièvement le Chinois et alla rejoindre Longstaff

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