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Talleyrand, les beautés du diable

Talleyrand, les beautés du diable

Titel: Talleyrand, les beautés du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel de Decker
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épaules sur un siège inconfortable que de rouler au bas du trône.
    Car Charles X, lui, sera bientôt contraint à l’abdication.
    À la plus grande satisfaction de Charles Maurice qui avait, avec Dorothée, Thiers, Barante, Rémusat et les autres, secrètement préparé le lit de son successeur.
    Il s’agissait de Louis-Philippe !
    Le fils de son vieil ami de bamboche des lointaines années de la douceur de vivre !
    Le fils du duc d’Orléans lui-même ! L’héritier de Philippe Égalité le régicide !
     
    Au soir du 30 juillet de 1830, après que Paris exaspéré eut chassé le roi-ultra et qu’il se fut enfui vers Rambouillet, et de là vers Cherbourg et l’Angleterre, les salons de Charles Maurice furent pris d’assaut.
    Parce qu’on avait besoin de lui ! Parce qu’on n’ignorait pas qu’il était le seul à pouvoir envisager l’avenir du pays.
    Et à bien recevoir ses visiteurs.
    — Ah ! mon Dieu, oui, se pâmera Brillat-Savarin en rédigeant sa Physiologie du goût , on ne pouvait compter qu’avec lui. Le prince n’était-il pas l’homme qui avait introduit en France ces deux usages : premièrement servir du parmesan avec le potage, deuxièmement offrir après le potage un verre de madère sec ?

Chapitre dix-huit
    Allons à London
    — J’accepte, sans restriction ni réserve, les clauses et engagements que renferme cette déclaration, et le titre de roi des Français qu’elle me confère ; je suis prêt à en jurer l’observation !
    C’est le lundi 9 août de 1830 que Louis-Philippe prononça ce serment solennel devant les députés réunis au Palais-Bourbon.
    Et devant Charles Maurice revêtu de son costume de pair de France.
    Avec l’arrivée de la « monarchie bourgeoise », il avait dû ranger au placard son habit de grand chambellan devenu beaucoup trop pompeux par les nouveaux temps qui couraient.
    Mais, en accord avec Louis-Philippe, il n’avait pas perdu le traitement de 100 000 francs qu’avait coutume de lui verser le frère de Louis XVI.
    — Ainsi donc, nous voilà établis, soupira-t-il d’aise le soir même de la prise de fonction officielle du roi au drapeau tricolore. La quatrième race commence...
    Après les Capétiens directs, après les Valois et les Bourbons, les Orléans.
    — Sire, avait-il fait remarquer au premier – et au dernier ! – des Orléans appelés à régner, en ce qui me concerne, c’est mon treizième serment...
    Sera-t-il pour la énième fois appelé rue du Bac, aux Affaires étrangères ?
    — J’ai soixante-seize ans, Sire, je suis fatigué, j’ai droit au repos...
    — C’est en Angleterre que vous cautionnerez la nouvelle politique de la France, lui dit alors Louis-Philippe. Londres est actuellement le poste clef de notre diplomatie. Vous acceptez ? N’est-ce pas sur les bords de la Tamise, d’ailleurs, que vous avez occupé votre premier poste, en 1792 ?
    — Mais mon grand âge, Sire, ma mauvaise santé...
    Cependant, c’était couru, après s’être longtemps fait prier comme une vieille coquette, il finit par accepter.
    Et le 25 septembre au soir, il était à Londres où il dînait chez le duc de Wellington.
    Cinq jours plus tard, Dorothée le rejoignait.
    Et le Tout-Londres ne parla bientôt plus que du Old prince Talley , ce personnage chargé d’histoire qui savait éblouir la gentry , qui recevait à la perfection à l’ambassade de France, au 50, Portland Place, et qui vivait avec une so pretty french lady .
    — Nos dîners ont du succès, confie alors la pretty lady à Barante, ils feront époque dans la gastronomie de Londres... Mais c’est ruineux !
    Un peu pincée, de son côté, la vieille madame de Boigne jalousera méchamment le franc succès que Dorothée obtiendra partout où elle passera.
    — Madame de Dino s’accommode merveilleusement de la vie de représentation, dira-t-elle. Lorsque, après avoir mis beaucoup de diamants, elle s’est assise une ou deux heures sur une première banquette, dans un lieu brillant de bougies, avec quelques altesses du même rang, elle trouve sa soirée bien employée. À la vérité, je crois qu’elle pousse le goût des affaires jusqu’à l’intrigue mais ce qu’on appelle la conversation, l’échange des idées dans un but intéressé et direct ne l’intéresse pas.
    L’horrible méchante langue !
    Il faut dire que madame de Boigne pouvait être subjuguée de voir la place qu’occupait maintenant cette femme de trente-six ans à

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