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Tarik ou la conquête d'Allah

Tarik ou la conquête d'Allah

Titel: Tarik ou la conquête d'Allah Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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al-Dju-dhammi ainsi qu’Abu I-Aswad. Le
premier était prisonnier, le second s’était proposé comme otage afin d’assurer
les Francs qu’aucun piège ne leur était tendu. Le wali de Sarakusta n’était pas
mécontent de cette solution. Après tout, son allié était le fils de l’ancien
gouverneur d’Ishbaniyah et, si l’entreprise réussissait, il aurait pu être
tenté de faire valoir ses droits. Mieux valait qu’il soit le plus loin possible
lorsque les vainqueurs auraient à décider du sort des provinces conquises.
    L’armée franque se scinda en deux à
l’approche de l’Ishbaniyah. La moitié se dirigea vers Narbuna d’où elle
comptait longer la côte en direction de Barcelone, dont le port regorgeait de
richesses. L’autre prit la route de Sarakusta et Charles put constater que les
populations chrétiennes des environs se portaient en masse à sa rencontre pour
l’acclamer. Il eut de longs entretiens avec les comtes et les évêques qui lui
brossèrent un portrait plutôt mitigé de Suleïman Ibn Yakzan Ibn al-Arabi.
Sachant qu’il était l’allié du souverain et ayant remarqué que le duc Roland le
tenait en haute estime, les Chrétiens de la Péninsule n’osèrent pas révéler
toute la vérité sur les agissements du gouverneur, mais démentirent les rumeurs
selon lesquelles Abd al-Rahman avait projeté de les exterminer. À leurs yeux,
ce qui comptait, c’était de vivre désormais sous la souveraineté d’un roi
chrétien. Interrogés sur le sort à réserver aux Musulmans, ils firent preuve de
la plus grande prudence : ils pouvaient continuer à vivre à leurs côtés, à
condition toutefois de pratiquer discrètement leur culte et de les dédommager
pour les églises qu’ils avaient transformées en mosquées.
    Charles était plutôt satisfait de la
modération des uns et des autres. Quand les éclaireurs envoyés pour observer la
situation à Sarakusta et remettre un message à al-Hussein Ibn Yahia al-Ansari
revinrent, il déchanta. Plusieurs d’entre eux avaient été blessés par des
volées de flèches décochées par la garnison quand ils s’étaient approchés de la
porte principale. Aussitôt convoqué auprès du roi franc, Suleïman Ibn Yakzan
Ibn al-Arabi répliqua avec aplomb qu’il s’agissait d’un malentendu et que, sous
peu, des habitants de la cité viendraient lui apporter des nouvelles fraîches.
    Celles-ci n’étaient pas de nature à
le satisfaire. Dès le départ du gouverneur, ses rares partisans déclarés
avaient été arrêtés et ses propres fils, Matruh et Ashun, l’avaient
publiquement désavoué et renié. Son ancien lieutenant, al-Hussein Ibn Yahia
al-Ansari, moyennant l’octroi du titre de wali, avait fait allégeance à Abd
al-Rahman. Après avoir reçu des renforts et constitué en hâte d’importants
stocks de grains, de fourrage et d’eau, Sarakusta était bien décidée à subir un
long siège à l’abri de ses puissantes murailles.
    Il fallut toute l’influence de
Roland pour que Charles ne fasse pas exécuter sur-le-champ celui qui l’avait
induit en erreur. La cité fut investie de tous côtés et les catapultes
s’efforcèrent en vain d’ouvrir des brèches dans les murs. Plusieurs assauts, de
nuit comme de jour, furent repoussés au prix de très lourdes pertes. Humilié,
le roi franc donna l’ordre d’intensifier les attaques quand un courrier arriva
d’Aix-la-Chapelle, porteur de mauvaises nouvelles. Profitant du départ du
souverain, les Saxons s’étaient à nouveau révoltés. Paderborn, assiégée, tenait
bon, mais ces païens avaient atteint le Rhin, semant la désolation sur leur
passage. Les églises et les monastères avaient été incendiés, les prêtres et
les moines crucifiés, tout comme les habitants qui refusaient de revenir au
culte de leurs anciens dieux. Plus grave, Tassilon, le duc de Bavière, prêtait
main-forte aux rebelles et avait chassé de sa cour les fonctionnaires francs.
    Le fils de Pépin et de la reine
Berthe décida aussitôt de lever le siège de Sarakusta et de se porter, avec les
troupes immobilisées devant Barcelone, à la rencontre des Saxons. Conscient
d’être l’un des principaux responsables de l’échec de cette expédition, le duc
de Bretagne sollicita la faveur de prendre le commandement de l’arrière-garde et
d’emmener avec lui Suleïman Ibn Yakzan Ibn al-Arabi. Ce faisant, il sacrifiait
délibérément sa vie. Ai-Hussein Ibn Yahia al-Ansari n’avait aucun

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